Cultures marines n°311 - 47

arcachon - aquitaine

Actualité

qualité escomptée
À défaut d'avoir d'importantes
quantités de naissains sur leurs
collecteurs, les ostréiculteurs
arcachonnais paraissaient
confiants, à la mi-octobre, quant
au rendu final en termes de qualité. « Je suis allé voir dans les
hauts du bassin et c'était joli »,
indiquait, à cette date, Dominique Bazeille, ostréiculteur à
Gujan-Mestras.
La ponte précoce des huîtres,
début juillet, a, d'une par t,
permis aux naissains de commencer à bien pousser. D'autre
part, ce premier captage n'a
pas été recouvert par d'autres
naissains. Comme le résumait
Jean-François Roux, ostréiculteur à Andernos, « l'année est
bien car on a du naissain sur
nos collecteurs mais on n'en
a pas trop ». À Hossegor, dans
les Landes, Jérôme Labéguerie
parlait lui « d'énorme captage
équivalent à celui de 2015 ».

f Décès d'une figure

de l'ostréiculture
Pierrot Guillaumou s'est éteint,
fin septembre, à l'âge de 99 ans.
De sa passion pour l'ostréiculture, il en avait fait son métier
après quelques années passées
dans la maintenance marine.
Mais il l'a surtout transformée
en un lieu incontournable de
l'ostréiculture arcachonnaise.
Pierrot Guillaumou a créé, avec
une poignée de camarades, la
maison de l'huître, sur le port
de Larros, à Gujan-Mestras. Un
sacré challenge quand on sait
que le projet est parti d'une
simple exposition sur l'ostréiculture durant la foire aux huîtres
gujanaise.

Sept tonnes d'huîtres volées sur un parc
« Je ne sais pas comment je vais
m'en sortir. » Le ciel est tombé
sur la tête de Thomas Dehillotte.
Propriétaire d'une petite entreprise ostréicole familiale depuis
cinq ans, l'ostréiculteur gujanais
de 29 ans s'est fait dérober sept
tonnes d'huîtres marchandes en un
week-end, début octobre. Un vol
de 700 poches, le plus important jamais survenu de mémoire d'ostréiculteur, qui s'est déroulé à Marens,
en face de Piraillan. « Quand je suis
retourné sur mes parcs le lundi
et que j'ai vu les rangs vides, j'ai
d'abord été très en colère, raconte
le jeune homme. Puis je me suis dit
que j'allais m'en remettre. Mais là,
je me rends compte que cela va
être très compliqué. J'espère que
les coupables seront arrêtés. »
L'enquête confiée à la brigade de
surveillance du littoral épaulée par
la brigade nautique de la gendarmerie n'avait pas encore pu aboutir
à la mi-octobre. La profession, elle,
n'a que peu de doutes sur la piste
à explorer. « Pour écouler sept
tonnes d'huîtres, il faut que cela
soit un professionnel. Vu l'organi-

sation nécessaire notamment en
termes de bateaux pour charger
700 poches, il n'est pas tout seul »,
indiquait Mireille Mazurier. La viceprésidente du CRC ne se faisait
guère d'illusion quant à retrouver la
marchandise sur le bassin. « Elle est
partie dans un camion vers une
autre destination. »
Sitôt le vol connu, le CRC a
envoyé un appel à témoins à la profession pour recueillir d'éventuelles

informations. Pour aider Thomas
Dehillotte, les professionnels ont
lancé un appel aux dons d'huîtres.
Relayé et organisé par le CRC, il avait
permis de recueillir deux tonnes de
promesses de dons à la mi-octobre.
D'autres actions de soutien sont en
train de s'organiser. Un élan qui a
touché le jeune ostréiculteur. « Cela
me donne la force de retourner à
ma cabane. »
Loïc FABRÈGUES

Loïc Fabrègues

f Naissain : une belle

Après avoir imposé la pose d'un numéro propre à chaque chaland, le CRC
réfléchit à la possible installation d'un radar pour surveiller les va-et-vient
des bateaux sur le bassin.

À vos marques, prêts, professionnels allez-y !
C'est fait ! Réuni le 28 septembre, le
conseil du CRC a adopté les cahiers
des charges pour la marque collective Huîtres Arcachon - Cap Ferret et
les deux gammes Sélection et Tradition (« Cultures marines » n° 310).
Il s'agit maintenant pour le CRC de
convaincre les professionnels de
participer à l'aventure.
« On se donne deux ans pour
f a i re a d h é re r l e p l u s g r a n d
nombre d'ostréiculteurs », indique

Agatha Duqueyroix, en charge du
dossier au CRC. Parmi la dizaine
de professionnels déjà mobilisée,
Julien Becker espère bien voir
nombre de ses collègues adhérer
au projet. « Si on n'est pas une
centaine, cela ne fera pas suffisamment d'écho. La clientèle
ne connaîtra pas les produits »,
estime-t-il. Deux ans lui paraissent
un délai maximal, « au-delà, je me
retirerai. »

f Le parc marin peut

passer à l'action

Cultures MARINES n°311 - novembre 2017

Julien Becker fait
parti de la dizaine
d'ostréiculteurs à
avoir sollicité le CRC
pour entrer dans la
démarche qualité.
L. F.

Le conseil d'administration de
l'Agence française pour la biodiversité a approuvé, le 27 septembre, le plan de gestion du
parc naturel marin du bassin
d'Arcachon. Cette ultime étape
du processus de validation
franchie, le parc marin pourra
passer à la mise en œuvre opérationnelle de son plan de gestion.
Une mise en œuvre qui prendra
l a fo r m e d e p l a n s d 'a c t i o n
annuels et pluriannuels.

L'ostréiculteur de 27 ans, basé à
Andernos, n'a pas encore chiffré le
coût de l'investissement nécessaire
pour répondre aux exigences du
cahier des charges de la Sélection
mais il sait déjà que leur production
va lui demander plus de travail.
« On ne pourra mettre que 5 000
poches à l'hectare contre 8 000
en règle générale. Il va donc falloir
faire plus de manipulations et de
manutentions pour des tonnages
équivalents. »
Il voit, en revanche, la démarche
comme un sacré atout. « Avoir le
choix entre des huîtres d'Arguin ou
du Cap Ferret, fonctionne bien avec
la clientèle locale. Mais dès que l'on
veut vendre ailleurs, ce n'est plus
la même affaire. » Sa tentative de
commercer avec un restaurant
dans le Var a tourné court. « Il était
habitué à avoir des dénominations
comme huîtres fines ou spéciales. »
Une distinction à laquelle il aura droit
avec l'huître Sélection dont le cahier
des charges repose entre autres sur
un affinage d'au moins six semaines
dans le bassin.
L. F.

Table des matières de la publication Cultures marines n°311