Cultures marines n°268 - (Page 15)

environnement Actualité Plastiques : une expédition au cœur du 7e continent Ils voulaient vérifier l’existence de l’énorme masse de déchets plastiques baptisée le septième continent et médiatiser ce phénomène. Ils sont arrivés à destination. « Nous observons de plus en plus fréquemment de macrodéchets : cet après- midi, en trois heures, nous avons croisé cinq bouées, deux bouteilles et deux morceaux de polystyrène. Plus nous pénétrons le gyre, plus il vomit de déchets sous nos yeux. » Selon l’association guyanaise Ocean Scientific Logistic (OSL), S. Lardeux/OSL « Le septième continent existe bel et bien ! On ne peut certes pas marcher dessus, mais la pollution est bien là, insidieuse et très étendue. » Cinq navigateurs ont quitté la Guyane le 15 mai en direction du grand gyre subtropical du Pacifique nord. Selon l’association Ocean Scientific Logistic, la couche de déchets plastiques atteint parfois 30 mètres de profondeur. 100 millions de tonnes de plastique sont produites chaque année et 10 % finissent dans les mers. Elles sont ensuite charriées par les courants du tourbillon subtropical du Pacifique qui entraîne dans sa rotation ces déchets et les accumule en son centre, une zone de 3,43 millions de kilomètres carrés, soit un tiers de l’Europe et plus de six fois la France. « La menace la plus directe et la plus emblématique est la mort par asphyxie de grands prédateurs, comme les tortues, les oiseaux de mer ou les mammifères marins, indique l’association. Une autre menace moins connue mais tout aussi importante est l’intoxication. » Les plastiques finissent par former des microplastiques dont la taille est inférieure à 5 mm. Ces grains de plastique sont ensuite ingérés par la faune marine et « peuvent avoir des conséquences sur la santé de ces animaux et celle de leurs prédateurs, dont l’homme fait partie ». Toujours selon l’OSL, « dans 20 ans, si aucune action n’est entreprise, le septième continent sera aussi grand que l’Europe ». Marion LARRONDE-LARRETCHE f Nitrates : la France de f Politique de l’eau : f La qualité de l’eau mal f Retenues d’eau : la régle- nouveau condamnée par l’Europe un plan d’actions en octobre évaluée selon le WWF mentation bientôt plus souple ? La cour de justice de l’Union européenne a condamné l’État français le 13 juin pour manquement aux dispositions de la directive nitrates de 1991. Aucune amende n’a été prononcée, la France devra néanmoins payer les frais de justice. La Commission européenne lui reproche de ne pas avoir procédé à une désignation complète des zones vulnérables au 28 décembre 2011, date d’expiration du délai imparti par la Commission pour se mettre en conformité. Depuis, le ministère de l’Écologie a procédé à la révision de ces zones dans lesquelles des programmes d’actions s’appliquent et rendu publique la carte correspondante en mars dernier. Toutefois, la fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles a déposé des recours dans plusieurs bassins contre ces arrêtés de délimitation (« Cultures marines » n° 265). Delphine Batho, la ministre de l’Écologie, a été auditionnée par la commission du Développement durable et de l’Aménagement du territoire de l’Assemblée nationale, le mercredi 22 mai, sur le thème de la politique de l’eau. Elle a reconnu que « beaucoup reste à faire » pour atteindre l’objectif fixé par la directive-cadre sur l’eau de parvenir à deux tiers des eaux de surface en bon état écologique d’ici 2015 : « Nous constatons le maintien d’un haut niveau de pollutions diffuses, notamment d’origine agricole. » La ministre a ainsi annoncé qu’une évaluation de la politique de l’eau était inscrite à l’ordre du jour de la deuxième conférence environnementale qui doit se réunir les 20 et 21 septembre prochains et qu’un « plan d’actions de modernisation sera lancé dans la foulée, en octobre 2013 ». Le WWF France a enquêté pendant trois ans sur le dispositif français d’analyse de la qualité des eaux. Son bilan est très critique. « Les protocoles de mesure de la qualité de l’eau ont, à plusieurs reprises, été profondément édulcorés depuis une dizaine d’années, estime Cyrille Deshayes, responsable des programmes eau et agriculture. Ils sont entachés de nombreux biais qui conduisent à sous-estimer très gravement l’ampleur de la pollution des rivières et des nappes phréatiques. » L’association environnementaliste dénonce entre autres « la dramatique insuffisance du nombre de substances toxiques recherchées dans l’eau, des protocoles de mesure inadaptés, en particulier pour les micropolluants chimiques, et des méthodes d’analyse des données impropres à décrire l’état réel des eaux superficielles et souterraines ». Il y a tout juste un an, en juillet 2012, Delphine Batho, la ministre de l’Écologie, avait remis au placard les projets de décret visant à alléger les obligations administratives lors de la construction de retenues d’eau pour l’irrigation. Projets qui avaient été proposés par le précédent gouvernement et fortement critiqués par les associations de protection de l’environnement, rappelle le site internet d’informations Actu environnement. Depuis, une mission parlementaire a été confiée au député du Gers Philippe Martin, qui prône un assouplissement des règles avec notamment une réduction des délais de recours et moins d’études d’impact. Le député estime que « l’exploitation d’une nouvelle retenue d’eau ne peut guère réserver de surprises si le dossier de demande d’autorisation est correctement établi ». Cultures MARINES n°268 - juillet-août 2013 15

Table des matières de la publication Cultures marines n°268

Cultures marines n°268