Cultures marines n°268 - (Page 26)

saison des moules Dossier La profession fébrile après quatre années difﬁciles Vigilance mytiliculteur. Nous ne sommes que des spectateurs et il suffit de quinze jours de vent défavorable au mauvais moment pour que la saison soit mauvaise. Comme toujours à cette période de l’année, nous attendons fébrilement de voir ce que va donner la récolte, d’espérer du soleil, encore un peu de pluie et de voir la position des distributeurs vis-à-vis de notre produit. » Concurrence féroce En ce qui concerne les volumes, la campagne 2012 a été mauvaise sauf en Charente. La production a été évaluée à 53 000 tonnes, ce qui est loin des 60 000 à 65 000 tonnes habituelles. Les mytiliculteurs souhaitent « retrouver un volume de production normal ». Pour cela ils ont essayé « de mettre une biomasse en rapport avec les capacités trophiques du milieu ». Mais ce dont ils ont aussi beaucoup besoin, c’est d’un meilleur cours. Les prix de fin de saison sont restés très bas, Jacques Godefroy espère fort que la nouvelle saison va repartir « sur de meilleures bases », que « les distributeurs vont revoir leur position ». « Cela fait quatre ans que la profession se bat pour que les prix soient supérieurs aux coûts de revient. » Le mytiliculteur normand aimerait que les moules soient vendues au moins 1,80 euro départ expéditeur. Ce qui n’a pas toujours été le cas l’année dernière. « Nous sommes victimes d’une concurrence féroce venant des autres pays européens », explique- “ Cela fait quatre ans que l’on se bat pour que le prix de la moule soit supérieur au coût de revient. Jacques Godfroy ” t-il. Jacques Godefroy souligne notamment la forte pression des Néerlandais qui avaient réduit leur présence sur le marché français il y a quelques années et qui, au vu de leur production en augmentation, ont fait un « retour en force ». Jacques Godefroy pointe également les moules qui rentrent d’Espagne, d’Italie, de Turquie, « ce qui n’était habituel auparavant ». Il lui paraît très paradoxal que les cours baissent alors que la consommation française augmente. Le prix de la moule est « dérisoire, estime-t-il. C’est invraisemblable alors que le produit plaît et que les coûts d’exploitation, eux, ne faiblissent pas ». Marion LARRONDE-LARRETCHE Bruno Saussier Si la STG avait été officialisée deux mois plus tard, cela aurait été un coup de pub parfait pour démarrer la saison 2013. La cerise sur le gâteau. Mais le but n’était pas de lancer la campagne 2013. La STG doit s’inscrire sur le long terme. Il s’agit de « conforter la position de la moule de bouchot sur le marché français », rappelle Jacques Godefroy, et d’éviter les tricheries. Les Français vont enfin avoir un moyen de protection, à l’échelle européenne, de ce mode de production si spécifique et ils peuvent s’en réjouir. « Les contrôles ont déjà commencé en interne, annonce le président du secteur II. Il appartient maintenant à la profession et aux services de l’État d’être vigilants. » Pour booster la saison 2013, une grande campagne de communication va avoir lieu en août et en septembre pour promouvoir la bouchot et sa nouvelle étiquette STG (lire page 11). « On espère avoir un relais dans l’ensemble des médias et inciter ainsi les consommateurs à venir sur nos produits. » L’année dernière, le message de la campagne nationale de publicité était « bientôt STG ». Cette année, les mytiliculteurs vont enfin pouvoir afficher fièrement l’obtention officielle de la spécialité traditionnelle garantie. Jacques Godefroy attend beaucoup de cette reconnaissance officielle mais elle ne résoudra évidemment pas tous les maux de la mytiliculture. La profession a essuyé quatre années difficiles et si la pousse était bonne cette année, ce serait probablement la meilleure des nouvelles. « On espère toujours que la qualité va être optimale, reprend-il. Il y a certains signes avant-coureurs qui présagent une bonne saison cette année. Les taux de chair des premières moules nous rendent optimistes, le niveau de pousse paraît bon. Le printemps pluvieux a entraîné de bons apports terrigènes et abaissé la salinité ce qui est favorable au développement du plancton même si nous avons manqué d’un peu de luminosité. Mais l’évolution est rapide et en un mois, tout peut changer. » « On envisage une saison correcte mais tant que la dernière pousse n’est pas terminée, nous ne sommes sûrs de rien, poursuit le Marion Larronde-Larretche Un comble. Cela fait des années que les mytiliculteurs français attendent la reconnaissance européenne de leur mode de production sur bouchot (« Cultures marines » n° 265). Cette demande a enfin abouti, après vingt ans de tractations, à l’enregistrement de la moule de bouchot dans le registre des spécialités traditionnelles garanties (STG) le lundi 6 mai. Mais le 6 mai, c’était un peu trop tôt… L’obtention de la STG a été fortement relayée dans les médias nationaux et régionaux à une époque où les professionnels n’avaient « pas beaucoup de moules de bouchot à mettre sur le marché », regrette Jacques Godefroy, membre du Comité national de la conchyliculture, président du secteur II, moules et autres coquillages. 26 Cultures MARINES n°268 - juillet-août 2013

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