Cultures marines n°268 - (Page 29)

saison des moules Dossier Un fort retard de pousse en Méditerranée dans le conseil d’administration du parc, et un protocole pourrait voir le jour en 2014. De l’autre côté du Rhône, paradoxalement, les tonnages sont en hausse. C’est ce que révèle l’étude lancée en 2012 par la direction départementale des Territoires et de la Mer de l’Hérault, étayée par les déclarations volontaires de production. Favoriser les moules Hélène Scheffer Que ce soit pour les moules de l’anse Carteau ou pour celles de Thau, les deux principaux bassins de production en Méditerranée, tout le monde est d’accord. À cause des fortes pluies de printemps, la pousse a pris « un mois de retard » annonce Paul Scotti, le président du bassin de Port-Saint-Louis-du-Rhône. « Nous n’aurons une belle moule de qualité que courant juillet », précise Josian Alexandre, exploitant à Mèze et référent moules pour le comité régional de la conchyliculture. Ce qui rend Paul Scotti pessimiste : « Nous aurons moins de production que l’an dernier, qui n’avait déjà pas été fameux. Peut-être 2 600 tonnes. La saison touristique n’a pas du tout démarré. Même si le marché espagnol offre encore des débouchés, il s’est totalement effondré avec des prix très bas. » Pour valoriser leur production, les mytiliculteurs de l’anse Carteau espèrent tirer partie de l’image forte de leurs très proches voisins. Un partenariat avec le parc naturel régional de Camargue est en projet. Les mytiliculteurs vont bientôt entrer L’an dernier, 4 500 tonnes de moules auraient été produites à Thau (contre 5 000 tonnes d’huîtres, chiffre en baisse drastique). Les mortalités ostréicoles ont incité les conchyliculteurs à préférer garnir leurs tables de moules plutôt que d’huîtres. Ici aussi, les éleveurs font le pari de l’appellation. « La moule de Thau est de qualité, mais elle n’est pas toujours soutenue par les mareyeurs, estime Josian Alexandre. Rentrer en concurrence avec les moules d’Espagne, ce n’est pas cela qui nous aidera à rentrer dans nos frais ! » Le label qualité Sud de France, Josian Alexandre montre la pousse des moules en cordes : elles seront prêtes courant juillet. délivré par la région LanguedocRoussillon, permettrait de faire sortir la moule sudiste du lot. Une démarche de labellisation bio a aussi été lancée au printemps. « Pour les expéditeurs, ce sera sans doute un peu plus lourd, reprend Josian Alexandre, mais pour une petite exploitation, ce sera relativement simple. Il suffira, ce que beau- coup font déjà, de faire la traçabilité des produits, noter les entrées et les sorties. Il suffira que la graine (NDLR : le naissain) soit originaire de Méditerranée. Il reste encore à fixer la durée minimale que la moule doit passer à Thau pour obtenir l’appellation. » Hélène SCHEFFER Charente-Maritime : un printemps trop frais La persistance de températures très fraîches ce printemps a provoqué un retard de trois semaines à un mois pour la croissance des moules des pertuis Charentais. Le manque de chaleur et d’ensoleillement ont freiné le développement du phytoplancton et les moules ont manqué de nourriture. Ce constat est fait aussi bien par Benoît Durivaud pour le nord du département que par Francis Baudet pour le sud. Heureusement, avec l’arrivée de températures plus conformes à la saison début juin, les moules ont commencé à profiter. « Ce retard est gênant, indique Benoît Durivaud, président des mytiliculteurs du pertuis Breton, car tous les bassins vont commencer à vendre au même moment. Cet encombrement sur le marché va tirer les prix vers le bas. Certains ont commencé à vendre de la moule de deux ans qui n’est pas au top, mais tout de même au-dessus des normes STG. La vente des moules de filières a démarré. Nous avons eu une forte demande en avril malgré une faible qualité, parce qu’il y avait très peu de moules sur le marché. » Pour les moules de filières, la qualité arrivait début juin et les prix indexés sur la bouchot tournaient entre 1,60 et 1,80 euro le kilo. Ces prix pratiqués pour la grande distribution sont dépassés dans le cas de la vente au détail ou aux poissonniers. Yves Gaubert Un peu de répit Avec l’arrivée de la chaleur début juin, les moules ont repris de la croissance. Francis Baudet, président du syndicat des mytiliculteurs de Marennes Oléron, est sur la même longueur d’ondes que son collègue. « Les moules de filières vont très vite reprendre avec l’arrivée de la chaleur. Pour celles de bouchots, c’est plus inquiétant. On ne pourra pas les vendre avant début juillet ou même mi-juillet. Les moules ont souffert de l’absence de nourriture dans l’eau pendant deux mois. » Il est donc difficile, en ce début de saison, de faire le moindre diagnostic sur les perspectives de production. En ce qui concerne le zonage sanitaire, les deux pertuis ont été découpés en zones plus petites ce qui permettra aux mytiliculteurs de continuer à vendre si une zone est fermée. Le pertuis breton a été découpé en trois zones pour la partie vendéenne et cinq zones pour la partie charentaise. Pour le pertuis d’Antioche, l’île d’Aix forme une zone, la baie d’Yves une autre et les filières devant Châtelaillon une troisième. Le déclassement en B (« Cultures marines » n° 267) n’interviendra qu’après la saison ce qui donne du répit aux entreprises, mais un mouvement de regroupement se dessine pour faire face aux nécessités de la purification et du conditionnement. Yves GAUBERT Cultures MARINES n°268 - juillet-août 2013 29

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