Cultures marines n°268 - (Page 38)

recherche Entreprise Une étude statistique eﬀectuée sur les surmortalités estivales de 2009 à 2011 tend à montrer que les huîtres triploïdes sont moins vulnérables à l’herpès virus OsHV-1 μvar que le naissain sauvage. Des résultats qui demandent à être conﬁrmés, relativise la coordinatrice nationale du réseau d’observations conchylicoles de l’Ifremer. « Les huîtres triploïdes semblent, notamment en 2011, moins touchées que les autres par les mortalités et de façon beaucoup plus hétérogènes », selon l’analyse statistique menée par Aude Jolivel lors de son stage de fin d’études (1). Voilà qui fera plaisir aux écloseurs ! D’autant que ce résultat se vérifierait aussi en 2009, en 2010 et en 2012. f Les Élodie Fleury/Ifremer Marion Larronde-Larretche Les triploïdes résisteraient mieux a « Les données de mortalité récemment recueillies par l’observatoire conchylicole en 2012 confirment ce que nous avons détaillé dans ce rappor t : en date du 9 août 2012, le taux de mortalité moyen des lots issus du captage naturel d’Arcachon était de 60,7 % contre 49,6 % pour le naissain » triploïde. Enfin, l’étudiante a constaté, pour les triploïdes, « une diminution du risque de mortalité au fur et à mesure des années » et attribue cette évolution positive au travail de sélection effectué par les écloseries. Élodie Fleur y, coordinatrice nationale du réseau d’observations conchylicoles (Resco) à l’Ifremer, tempère ces conclusions qui sont, selon elle, « à prendre avec des pincettes ». Les huîtres étudiées « ne sont pas des souris de laboratoire » ayant toutes un patrimoine génétique identique et les phénomènes de mortalité connaissent huîtres sentinelles fragilisées par les comptages Les expériences scientifiques ont forcément leurs limites. Quel crédit donner à celles du réseau d’observations conchylicoles ? Dans son rapport de stage, Aude Jolivel formule trois critiques. La première est qu’une seule poche est examinée à chaque suivi pour compter les mortalités alors qu’il peut y avoir des taux de survie très différents d’une poche à l’autre. Les scientifiques disposent trois poches de chaque lot de naissain sur chacun des sites mais deux d’entre elles servent aux prélèvements pour les analyses pathologiques ou biométriques. « Le choix de ne suivre qu’une seule poche est donc discutable en termes de représentativité, une étude a d’ailleurs été menée pour proposer un plan d’expérience permettant de tester cet effet poche, indique Aude Jolivel. Cependant, les contraintes techniques du suivi sur site (nombre d’agents nécessaires, temps d’accessibilité aux sites contraint par les marées…) rendent sa mise en œuvre difficile. » L’étudiante s’est par ailleurs intéressée à « l’impact des comptages réguliers sur la mortalité ». L’acquisition des données biologiques et environnementales de l’observatoire conchylicole s’effectue sur treize sites (dont deux en eau profonde), répartis le long des trois façades littorales françaises. Sur chaque site, les scientifiques immergent trois poches de chaque lot (huîtres de 18 mois provenant de captage naturel, naissain issu de captage naturel, naissain triploïde) et chaque poche contient environ 300 huîtres au début des suivis. Les comptages de mortalité ont lieu tous les quinze jours entre mai et octobre sur une majorité des sites puis une fois par mois jusqu’en janvier de l’année suivante. « Les analyses montrent que les comptages effectués tous les quinze jours augmentent le risque de mortaliLa mortalité des huîtres suivies par l’Ifremer serait 15 à 20 % supérieure à celle de poches relevées uniquement à la fin de l’été. É. F./Ifremer 38 Les analyses de l’étude ont porté sur les données acquises par le réseau d’observations conchylicoles entre 2009 et 2011. Cultures MARINES n°268 - juillet-août 2013 té, écrit Aude Jolivel. En effet, le fait de vider les poches tous les quinze jours pour les compter est source de stress qui fragilise le naissain. » Les taux de mortalités annoncés par le Resco, entre 60 et 80 %, ne refléteraient donc pas exactement la réalité. Ils seraient « 15 à 20 % supérieurs à ceux de mêmes poches relevées uniquement au début et à la fin des suivis », estime Élodie Fleury. Dernier reproche émis par Aude Jolivel, le fait que le « plan de l’expérience » ne permet pas de différencier « l’effet de la ploïdie de celui de l’origine puisque tous les lots triploïdes proviennent d’écloserie et tous les lots de diploïdes de captage naturel ». Que toutes les huîtres triploïdes proviennent d ’écloser ie, cela semble rassurant. En revanche, il serait effectivement intéressant d’immerger des diploïdes d’écloserie pour comparer leur capacité de survie avec celle des diploïdes de captage et celle des triploïdes. M. L.-L.

Table des matières de la publication Cultures marines n°268

Cultures marines n°268