Cultures marines n°300 - 10

grand angle

Actualité

Malgré des conditions
météorologiques à première
vue plutôt bonnes, les
huîtres n'ont pas toutes
délaité en même temps. Cela
a donné des petites pontes
sporadiques qui, au ﬁnal,
se transforment en peu de
larves grosses.

petites larves dans 1,5 m 3 d'eau.
En 2016, les concentrations ne
dépassent pas 10 000. Les scientifiques ont encore du mal à
expliquer cette absence de ponte
totale. L'été a peut-être été trop
calme. « On sait qu'un orage ou
des variations de température
brutale sont un très bon moyen
de synchroniser les pontes »,
indique Stéphane Pouvreau.
La baie de Bourgneuf a connu
ce même phénomène de petites
pontes partielles et le captage n'y
sera sans doute pas très bon là non
plus. Ce schéma s'est également
répété en Charente. Il y a bien
quelques larves grosses en Seudre
mais, dans l'ensemble, le compte
n'y est pas. « La concentration
en larves grosses est faible et la
faute est à attribuer à des pontes
partielles sporadiques », décrit là
encore Stéphane Pouvreau.
Seule la rade de Brest fait exception à cette règle. « Le captage devrait être correct à Daoulas et très
bon à Lomergat », s'enthousiasme
le chercheur. Le site de Daoulas
a connu une très belle ponte en
juillet qui a enregistré de fortes
pertes mais abouti néanmoins à
un pic de larves grosses. Celui de
Lomergat ne fonctionne pas tout à

Stéphane Pouvreau n'y va pas
par quatre chemins : l'année sera
« mauvaise, annonce le responsable du réseau Velyger. Au moins
sur Arcachon, c'est plus mitigé
sur Marennes - Oléron ». Certes,
il est encore un peu tôt pour tirer
des conclusions définitives et un
captage tardif reste possible dans
certaines régions mais, globalement, les prévisions ne sont pas
bonnes.
« Pour un bon captage il faut
des larves grosses et en 2016,
on en a aucune sur Arcachon »,
constate le chercheur. Pourtant
les conditions météorologiques
ont été « plutôt favorables »
mais les huîtres n'ont pas délaité,
« il n'y a que des petites pontes
partielles ».
En 2015, les chercheurs avaient
relevé des pics à plus de 500 000

S. Pouvreau/Ifremer

Captage : mauvaise saison à l'horizon

Sur certains secteurs de la rade de Brest, le recrutement atteint plus de
200 naissains par coupelle.

fait de la même manière : il recueille
les larves émises ailleurs si le temps
de résidence des masses d'eau est
suffisamment long. Ce qui s'est
vérifié cette année grâce à un été
peu venteux et de bonnes températures de l'eau, et ce qui devrait
donc donner de très bons résultats.
Ces conditions météorolo giques se révèlent « encore plus

Loïc Fabrègues

Le comptage du naissain aura lieu
en octobre.

Cultures MARINES n°300 - octobre 2016

Marion LARRONDE-LARRETCHE

f Un captage incertain

Arcachon : une petite saison en perspective
« Du captage ? On en a déjà eu
jusqu'en octobre. » Qu'il n'y ait
pas eu de grosses pontes durant
l'été dans le bassin d'Arcachon
n'alarmait pas Dominique Bazeille,
à la mi-septembre. L'ostréiculteur
de Gujan-Mestras s'est même
fait une raison de ces captages
de plus en plus tardifs dans la
saison. « On va finir de poser les
collecteurs », indiquait-il avant de
concéder qu'il ne devrait pas avoir
« des masses de naissains » cette
année. De plus, quand viendra le
temps, à la fin de l'hiver, de gratter
les tuiles et les coupelles, « il va
être petit », déplorait le professionnel gujanais.
« On sait que cela ne sera pas
une grosse année, mais il ne faut
pas s'avancer sur ce que seront
les volumes », indiquait, pour sa
part, Thierry Lafon, en cette miseptembre. Le président du CRC

favorables » pour l'espèce native,
l'huître plate, qui pourrait enregistrer cette année des niveaux
« record ». Le captage de plates
en baie de Quiberon s'annonce
quant à lui « moins bon » que
l'année dernière mais néanmoins
« correct ».

en Charente-Maritime

voulait voir dans les quantités
d'huîtres n'ayant pas encore frayé
à cette époque un argument pour
ne pas enterrer trop tôt l'été 2016.
D'autant que les échos auprès
des professionnels faisaient état
de situations contrastées selon
les secteurs. D'un captage « quasiment nul » pour certains, il était
« comparable à l'an dernier »
pour d'autres. 2015 ne figurant
pas toutefois au palmarès des
grandes années.
Le comptage du naissain sur
les collecteurs par l'antenne du
Creaa sur le bassin d'Arcachon,
devrait être réalisé en octobre.
Sur la base des collecteurs, posés
à cet effet tous les 15 jours par les
professionnels, il permettra pour
la première fois d'étudier le lien
entre les pontes et le captage.

Après un cru 2016 jugé correct,
les ostréiculteurs charentais
commencent à peine à recueillir
les premières données. À Fouras,
Annie Aubier (Arvert) constate un
captage plutôt satisfaisant sur ses
collecteurs posés entre fin juillet
et début août. Mais à Bonne Anse,
par contre, « il n'y a pas grandchose ».
Même s'il estime que « ça ne
sera pas une grande année »,
l'oléronais Philippe Morandeau
considère lui aussi qu'il est trop
tôt pour se prononcer. Sur l'île
d'Aix, l'éleveur observe du petit
naissain d'un millimètre : « C'est
moyennement garni mais c'est
garni quand même. » E n f i n ,
Daniel Coirier (Fouras) attend la
fin du mois d'octobre pour faire
le point.

Loïc FABRÈGUES

David LABARDIN

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