Cultures marines N°305 - 30

captage

Dossier

Les coupelles biodégradables sont arrivées
pelles traditionnelles », explique
Laurent Champeau, directeur du
CRC. Des coupelles qui doivent se
décomposer en matière organique
après compostage.
Maintenant que le CRC a donné
son aval, la production va monter
d'un cran en vue d'une phase de
test, cet été, lors de la prochaine
saison de captage. En lien avec
le Creaa du Château-d'Oléron, la
profession devra déterminer si les
performances (résistance, qualité
du captage) correspondent aux
attentes. « Mais il n'y a aucune raison qu'elles ne fonctionnent pas
dans le milieu. En tout cas, c'est
déjà un progrès très satisfaisant
d'avoir réussi à les concevoir »,
ajoute Laurent Champeau.
En cas de résultats concluants,
ces coupelles pourraient arriver
sur le marché dans les prochaines
années. On sait d'ores et déjà

qu'elles seront peut-être un peu
plus coûteuses que leurs cousines
chimiques, même si les tarifs
dépendront des volumes et de la
demande des professionnels. Le

CRC a consacré 40 000 euros à ce
projet éligible à des aides européennes via le Feamp.
David LABARDIN

David Labardin

D'ici quelques années, les coupelles
en plastique auront peut-être disparu des concessions ostréicoles.
C'est en tout cas l'objectif du CRC de
Poitou-Charentes qui mène un travail de recherche et développement
avec le bureau d'études lorientais
ICCI Seabird. Objectif : mettre au
point des coupelles en plastique
biosourcé. Elles sont confectionnées
à partir de coquilles d'huîtres (20 à
30 %) et de matière végétale (maïs,
bois, algues), sans aucune trace
d'hydrocarbures.
Si les premiers prototypes dévoilés en 2016 avaient laissé la profession un peu dubitative, les derniers
modèles, livrés le 17 mars par le
fabriquant Sogemap (Surgères),
semblent bien plus aboutis. « Nous
les avons présentés à des naisseurs
lors d'une réunion, et d'un point
de vue esthétique, ainsi qu'au toucher, rien ne les distingue des cou-

Livrées au CRC Poitou-Charentes, les coupelles seront testées en mer cet été.

Quand voler des collecteurs faisait recette
Si les vols d 'huîtres sont aujourd'hui bien connus des professionnels, ce fléau a également
touché les collecteurs de 2010
à 2013. À l'époque, les professionnels s'inquiétaient pour l'état
de leurs stocks, et la demande
en naissain atteignait des sommets. Une conjoncture qui allait

entraîner une délinquance d'un
genre nouveau sur le bassin de
Marennes - Oléron.
Garde juré au CRC de PoitouCharentes, Francis Bédis a bien
connu ce phénomène. « Ils
allaient chercher les collecteurs
de nuit en chaland, et c'était payé
tout de suite, au cul du camion »,

se souvient-il. Une aubaine pour
ces professionnels peu scrupuleux qui prenaient moins de
risques que pour les vols huîtres,
s'affranchissant des problèmes
de stockage, de traçabilité, ou
d'écoulement des stocks. Avec
la perspective de gagner jusqu'à
6 000 euros par nuit. Ces vols de

naissains ont toutefois disparu au
fil du temps, d'abord parce que les
opérations de surveillance sont
devenues dissuasives. Mais il faut
surtout y voir la conséquence
mécanique de la baisse des cours.
Le vol de collecteurs ne faisant
plus recette.
D. L.

Des concessionnaires extérieurs stables à Arcachon
L'engouement des ostréiculteurs
pour le captage à Arcachon est
retombé. Le gel des demandes de
création de nouveaux parcs, depuis
2016, n'y est pas étranger. La baisse
du prix du naissain naturel en a

Installé à La Teste,
Maël Fontenay produit
le naissain pour son
frère et son père,
basés en Normandie.

Loïc Fabrègues

surtout limité l'intérêt économique.
Résultat : « Les concessionnaires
extérieurs sont stables en nombre
et en surface concédée », indique
Florence Vivier, en charge des installations au CRC d'Arcachon - Aquitaine.

Cultures MARINES n°305 - avril 2017

Les professionnels en place n'ont,
en revanche, aucune intention de
quitter les lieux. Si tous ne sont pas
assidus pour la pose de leurs collecteurs, Guy Arin, dont l'entreprise
est basée en Bretagne, l'est et sait
combien les années de captage se
suivent sans se ressembler. Malgré
ses 80 printemps, il est encore venu
cet été, comme depuis quinze ans,
avec ses salariés, pour poser des
tubes qu'il ramène ensuite chez lui
pour les gratter. « Le captage a toujours été mon dada », avoue-t-il.
À la passion, nombre d'ostréiculteurs ont ajouté la raison. « Avec les
mortalités, on a décidé d'aller plus
avant dans le cycle de production
et de capter notre naissain plutôt
que de l'acheter. Ainsi, on était à
peu près sûr de garnir nos parcs

en Normandie », raconte Annie
Jouin, gérante de l'EARL ACC, créée
pour le captage et le demi-élevage
à Arcachon et en Charente-Maritime.
Maël Fontenay, dont le père et
le frère tiennent une entreprise
ostréicole en Normandie, a, lui aussi
répondu aux mortalités en migrant
sur le bassin depuis quatre ans.
Installé à demeure sur le port de La
Teste, il ne regrette pas sa décision
même s'il admet qu'aujourd'hui,
avec la baisse des cours du naissain,
le calcul pourrait être différent.
« Pour quelqu'un qui devrait
investir dans tout le matériel de
captage, je ne suis pas sûr que cela
serait valable. »
Loïc FABRÈGUES

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