Cultures marines 306 - 37

export

Dossier

Fabien Dublaix, 100 % à l'international
part de nos clients sont fermés
l'après-midi », explique-t-il.
C'est grâce à son père qu'est
arrivée cette spécialisation, dans
les années 1980. Tout commence
quand l'un de ses interlocuteurs
dans la GMS rejoint l'Allemagne
comme acheteur. Fabien Dublaix
va exploiter le filon en multipliant

David Labardin

Voilà près de 30 ans qu'il s'est
spécialisé vers l'export, délaissant
volontiers le marché national. Au
Château-d'Oléron, le travail de
Fabien Dublaix n'a pas grand-chose
à voir avec celui de ses collègues.
« Ici, on commence tôt le matin,
mais il n'y a plus personne à 15h.
Avec le décalage horaire, la plu-

les voyages à la recherche de
nouveaux partenaires. « Le marché
était beaucoup moins structuré qu'aujourd'hui, avec tous
les salons et les différents opérateurs. Il fallait tout débroussailler,
mettre en place une logistique
qui est maintenant établie », se
souvient-il.
Le mouvement est lancé et les
contrats se multiplient. Dès 2001,
100 % de la production part à
l'export. D'abord en Europe (Allemagne, Italie, Suède, Danemark,
Autriche), puis en Asie ( Taïwan,
Chine, Hong Kong, Singapour,
Malaisie), au Moyen-Orient (Émirats arabes unis principalement),
en Russie, et finalement en Chine,
à partir de 2011. Un modèle économique qui garantit de belles
marges, du moins à l'époque. « Aujourd'hui, tout le monde veut s'y
mettre, la concurrence est beaucoup plus forte », constate-t-il.

Basé au Château-d'Oléron, Fabien
Dublaix exporte l'intégralité de sa
production à travers le monde.

Parmi les pays émergents, Fabien
Dublaix cite l'Inde, le Qatar, Bahreïn
ou le Koweït, même si les faibles
volumes l'empêchent d'être très
compétitif. La faute aux consolidateurs qui regroupent différentes
marchandises (vins, fromages, etc.)
pour rentabiliser les livraisons. Les
négociations y sont souvent très
dures, tout comme en Chine, là où
le marché est « très versatile, sans
beaucoup de fidélité dans les relations commerciales », estime l'ostréiculteur oléronais, à la différence des
clients européens, qui « veulent une
relation de confiance avant tout ».
Au-delà de l'aspect économique,
cette spécialisation engendre une
qualité de vie différente. « Le stress
des fêtes de fin d'année, je ne le
connais pas. L'année dernière, ma
femme et moi étions partis au
ski le 27 décembre. » Un homme
résolument tourné vers l'étranger,
jusqu'au sein de son foyer, lui qui
partage sa vie avec Britta, rencontrée lors d'un voyage d'affaires. « Et
à la maison, il n'y a qu'une langue
parlée, c'est l'allemand », sourit-il.
David LABARDIN

L'entreprise F. Hélie et fils de SaintVaast-la-Hougue, en Normandie,
exporte depuis plusieurs décennies ses huîtres à l'international.
« Bien avant l'ouverture du marché européen, nos expéditions
étaient plus compliquées avec
les normes douanières, assure
Thierry Hélie, directeur de cette
entreprise historique de la côte
est de la Manche. L'ouverture des
frontières a été bénéfique pour
l'ostréiculture. »
Depuis six ans, leurs huîtres
spéciales Ostre'or ont conquis le
marché chinois qui « demande
une huître très charnue, sucrée et
douce, assez normalisée en goût,
en adéquation avec leur premier
goût connu des huîtres françaises. Mais nous essayons de
leur faire découvrir des produits
plus typiques, voire plus salés ».
En effet, à chacun de ses
voyages en Asie, il emmène aussi
des échantillons d'huîtres fines et
des huîtres issues d'autres bas-

Cultures MARINES n°306 - mai 2017

sins normands. « J'explique que
comme dans le vin, les huîtres
affichent différents crus avec
différentes saveurs selon leur
terroir. Les consommateurs français aiment associer selon leurs
envies certaines huîtres, comme
ils le font avec le vin. L'important
est que chaque consommateur
trouve son huître. »
Thierry Hélie est optimiste : « Le
message passe et nous avons
des commandes pour des huîtres
fines de nos côtes. La curiosité
fonctionne et les mentalités évoluent car les consommateurs
chinois s'ouvrent aux autres
cultures et éduquent leur palais
à de nouvelles saveurs. »
Po u r l e s p a y s d e l ' E s t , l e s
consommateurs sont à la
recherche d'un produit très qualitatif, toujours en huître spéciale.
« Manger des huîtres françaises
incarne le luxe à la française,
là aussi les consommateurs
d'huîtres sont prêts à tester de

Ingrid Godard

Les Hélie, ambassadeurs de l'huître normande en Chine

nouvelles saveurs de l'Hexagone. » Pour les autres pays européens desservis par l'entreprise
Hélie, il y a une demande en gros
numéros pour les pays du sud
comme l'Italie et en huîtres spéciales pour les pays de l'Europe
du Nord.
Ingrid GODARD

Comme dans le vin,
les huîtres affichent
différents crus ; les
consommateurs
chinois
sont ouverts aux
nouvelles saveurs.
Thierry Hélie

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