Cultures marines n°307 - 12

environnement

Actualité

Les algues vertes prolifèrent en Bretagne
Plus de 1 600 tonnes d'algues vertes
avaient déjà été récoltées entre le
début de l'année et la fin avril dans
la baie de Saint-Michel-en-Grève.
La plage de Bréhec, située entre les
communes de Plouha et Plouézec,
a quant à elle été fermée pendant
cinq jours. Malgré une « nette »
amélioration de la qualité de l'eau
selon le préfet de Bretagne, Christophe Mirmand, et une diminution
significative des concentrations en
nitrates, les échouages d'algues
sont importants en ce début d'année. Ils sont apparus dès janvier et
les ramassages ont démarré en avril
alors qu'en 2015 et 2016, ces opérations n'avaient débuté que mi-mai.

Il faut dire que les conditions
météorologiques de cet hiver, peu
de tempêtes et une forte pluviométrie en février, sont propices au
développement de ces algues. « En
baie de Douarnenez, on observe
des algues vertes sans discontinuer depuis le mois d'août, assure
ainsi Jean Hascoët, pour Baie de
Douarnenez environnement et la
Coordination verte et bleue. Et ce
que l'on voit sur la plage ne représente qu'un dixième de ce qu'il y a
dans l'eau. » Des échouages importants ont également été observés à
Saint-Michel-en-Grève ou à Brest :
« Sur la plage du Moulin blanc,
l'association AE2D, Agir pour un
environnement et un développement durable, en ramasse tous les
jours », ajoute-t-il.

Une météo défavorable

La quantité d'algues vertes ramassées sur les plages ne représente qu'un dixième de ce qu'il y a dans l'eau.

Pour Pierre Aurousseau, président du conseil scientifique
de l'environnement de Bretagne
(CSEB), il y a deux facteurs favorisant la prolifération des algues
vertes en ce début d'année 2017.
« L'année 2016 a été peu arrosée.
Par conséquent, les nitrates se
sont stockés dans les sols et les
pluies importantes de février
ont transféré ces stocks, en
plus des nitrates présents en
surface. »
De plus, un hiver peu tempétueux a favorisé le développement

des boutures. « S'il y a beaucoup
de tempêtes, cela diminue la
prolifération des algues vertes,
explique Pierre Aurousseau. Les
tempêtes arrachent les boutures
et les envoient au large. »
Cependant, Jean Hascoët relativise : « Le Ceva, Centre d'étude
et de valorisation des algues, fait
des analyses sur 25 ans qui
tendent à montrer que ce n'est
pas pire qu'avant. On ne peut pas
analyser d'une année sur l'autre,
il faut prendre du recul. » Une
position partagée par le président

Acidification : les moules s'adaptent
Bonne nouvelle ! Nos émissions
de CO 2 acidifient l'eau de mer
ce qui n'augure a priori rien de
bon pour les organismes marins
à coquille chers aux conchyliculteurs. Des surmortalités importantes ont déjà été déplorées sur
les larves d'huîtres aux États-Unis
à cause de la baisse du pH. Mais
une équipe de scientifiques allemands vient de montrer que certaines espèces de moules pourraient parer au pire en s'adaptant
à ces nouvelles conditions.
Les chercheurs ont mis en
élevage des lar ves de Mytilus
edulis issues de la mer du Nord

Cultures MARINES n°307 - juin 2017

et d'autres récupérées dans une
région de la mer Baltique naturellement plus acide. Ils les ont placées dans des aquariums où les
conditions d'acidité simulaient
celles attendues en 2100. Résultat, les petites moules prélevées
en mer Baltique ont montré un
taux de survie supérieur à celui
des populations de mer du Nord,
signe que les bivalves se sont
naturellement adaptés.
Les scientifiques ont réalisé des
sélections génétiques sur trois
générations pour tenter d'améliorer encore le taux de survie des
moules. « Nous avons obtenu

du CSEB, qui parle de « variations
annuelles normales ».
En baie de Saint-Brieuc, les ramassages d'algues vertes sont passés de
2 400 tonnes en 2000 à 1 550 tonnes
en 2016. L'objectif est de descendre
à 850 tonnes d'ici 2027. Un nouveau
plan algues vertes a été lancé à l'automne dernier pour la période 20172021. Il a été validé par Bruxelles qui a
mis fin au contentieux qui opposait
l'État français à la Commission européenne.
Isabelle JARJAILLE

f États-Unis :
des signes d'adaptation manifestes, comme une coquille plus
épaisse - mais nous n'avons pas
réussi à améliorer le taux de
survie, a précisé le chercheur allemand Jorn Thomsen dans Science
et vie. Sans doute que trois générations ne suffisent pas à obtenir
une adaptation mesurable. »
Ces résultats sont encourageants mais ils soulignent encore
une fois que le cœur du problème
est la vitesse à laquelle les changements climatiques annoncés
vont se produire.
Marion LARRONDE-LARRETCHE

les étoiles de mer
décimées par un virus
Les étoiles de mer de la côte pacifique américaine, de la Californie
à l'Alaska, seraient décimées par
un virus. Les scientifiques de l'université américaine de Cornell estiment que dans certaines zones,
95 % de la population a disparu.
La hausse de la température de
l'eau pourrait favoriser la propagation du virus. Mais l'équipe
de chercheurs précise qu'elle
ne peut mener une étude complète - notamment pour identifier les causes de la maladie - par
manque de moyens financiers.

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