Cultures marines n°307 - 27

bretagne nord

Dossier

Gardiennage : trois stratégies pour trois départements

Dans le Finistère, les professionnels ont fait le choix des chaussettes
pour protéger leurs pieux de bouchots. Une grande poche de polypropylène rigide, la même matière
que les poches à huîtres, vient
recouvrir le pieu tout comme un filet
de maintien, mais en beaucoup plus
dissuasif pour les prédateurs. Si le dispositif est relativement efficace pour
les 500 tonnes de moules de bouchots annuelles de la rade de Brest,
placées hors de portée des becs des
macreuses et des goélands ou des
mâchoires des dorades, en revanche,
il est particulièrement coûteux en
matériel et en main-d'œuvre.

Des tirs d'effarouchement
Dans les Côtes-d'Armor et en
Ille-et-Vilaine, on mise plutôt sur
l'effarouchement physique. Lancée
dès les années 1980 sur les baies
de Saint-Brieuc, l'Arguenon et la
Fresnaye, la campagne d'effarouchement costarmoricaine bénéficiait
d'une autorisation préfectorale
d'abattage de 400 goélands jusqu'en
2012. L'année suivante, face à la
montée au créneau d'associations

Un épouvantail vivant
Du fait de l'immense étendue
de la baie du mont Saint-Michel,
les moules d'Ille-et-Vilaine sont
moins soumises à la prédation des
goélands. Ici ce sont les macreuses
qui occasionnent des dégâts sur
les bouchots quand ces derniers
sont immergés. Depuis une dizaine
d'années, le CRC employait un salarié
chargé d'embarquer sur la vedette
La Morette 2, une vedette amphibie payée par la profession, basée
au port du Vivier-sur-Mer. Mission :
pratiquer un effarouchement doux,
sans fusil ni haut-parleur, et faire partir les oiseaux par la seule présence
du gardien. Depuis l'année dernière,
c'est l'association cancalaise Al Lark
qui est maintenant chargée de pratiquer l'effarouchement à bord d'un
canot semi-rigide de septembre à
mai. Un contrat qui a fait l'objet d'une
convention avec le CRC et qui permet à l'association d'augmenter son
effectif en embauchant un troisième
permanent.

Bruno Saussier

Une poche protectrice

de défense de l'environnement et
de protection des oiseaux, le quota
est divisé par deux. Puis le tir direct
devient totalement interdit en 2015
au profit d'un tir d'effarouchement.
Non létal, donc. À pied ou dans leurs
embarcations suivant la marée, trois
gardiens rémunérés par le comité
régional conchylicole parcourent les
trois baies et tentent de protéger les
5 850 tonnes de moules produites
sur bouchots.

Baie du mont Saint-Michel : on mise sur la dissuasion grâce à une gardienne.

B. S.

En Bretagne nord comme partout
ailleurs, chaque bassin de production mytilicole doit faire face à ses
prédateurs. Curieusement, ici, les
moyens de protection diffèrent
suivant les lignes administratives de
chaque département.

Côtes-d'Armor : les tirs d'effarouchement restent autorisés, mais pas l'abattage.

Testé depuis 2013, le système de répulsif acoustique du projet Predador a
été mis en place dans différentes concessions pilotes de la rade de Brest et
de la baie de Quiberon. En rade de Brest, c'est sur les bouchots et filières
de moules que le système a été expérimenté alors que pour la baie de
Quiberon, il devait protéger les huîtres.
Efficace jusqu'à une portée de 200 mètres, le système acoustique
est constitué d'une enceinte sous-marine couplée à un système d'alimentation de 12 volts et un boîtier électronique générant des signaux
aléatoires en basse fréquence. Placé sous l'étrave d'un bateau, le dispositif
a longtemps fait ses preuves. Mais les scientifiques de l'Ifremer ont noté,
depuis l'année dernière, une certaine aptitude des dorades royales à
s'accoutumer au répulsif sonore. Et tout particulièrement en rade de Brest.
Interrogé récemment par le quotidien Le Télégramme, le responsable
du service acoustique sous-marine et traitement de l'information, Yves
Le Gall, tentait une explication. « Les dorades se sont-elles habituées
et ont-elles passé outre aux ondes diffusées ? Ou le dispositif, qui,
techniquement, a évolué depuis sa mise en service, a-t-il été moins
efficace ? » Les études se poursuivent.

B. S.

Rade de Brest : les dorades ne craignent plus Predador

Finistère : l'effarouchement acoustique n'est plus aussi efficace qu'à ses débuts.

Cultures MARINES n°307 - juin 2017

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