Cultures marines n°307 - 28

bretagne nord

Dossier

Creuses et plates dans le même panier australien
En 2016, les Parcs Saint-Kerber ont
lancé un test de trois ans sur les paniers australiens pour leurs huîtres
creuses. Avec succès puisque leur
dernière médaille d'or au concours
agricole vient de là. Depuis le mois
de mai, ils appliquent la même
méthode aux huîtres plates.
Il y a une douzaine d'années,
les Parcs Saint-Kerber ont essayé
d'élever leurs huîtres en paniers

australiens sur Cancale. « Les
attaches n'étaient pas adaptées
à la houle et aux courants d'ici et
les poches ne tenaient pas », se
souvient François-Joseph Pichot,
c o - d i re c te u r d e l 'e n t re p r i s e.
Dans leurs bureaux de la Ferme
marine, les ostréiculteurs cancalais
n'avaient pourtant pas dit leur
dernier mot. L'année dernière, ils
relancent un programme-test de

en 2014 pour cultiver les algues.
« On a décuplé les formats et
les haussières sont six fois plus
grosses. »
Instruite aux Affaires maritimes
de Saint-Malo, la demande de
concession devait être accordée
pour le mois de mai pour une mise
à l'eau dans les délais. Au total,
3 060 poches seront immergées
au large de Cancale. « On saura au
printemps 2018 comment ça a
fonctionné. Et dès octobre 2017
si la pousse se fait bien. » Dans
le cas où tout se déroule comme
prévu, François-Joseph Pichot
n'exclut pas de passer la totalité des 200 hectares de plates en
filières de paniers australiens. « On
risque d'avoir quelques déconvenues mais on est confiants. »
Avec un taux de recapture qu'il
prévoit proche de 95 %, l'ostréiculteur mise sur une mise à l'eau
d'un nombre de bêtes divisé par
dix pour des résultats identiques
en tonnages. Au final, il espère
« une huître beaucoup plus dure,
sans doute encore plus plate, et
non chambrée. On va optimiser
la qualité du produit ».

trois ans sur la creuse dans leurs
rangs du large, face au Vivier-surMer. Les premiers retours sont
bons, et leur donnent envie de
poursuivre avec l'huître plate.
Le raisonnement de FrançoisJoseph Pichot est d'une logique
imparable. « Sur les plates, à Cancale, il y a trois problèmes : les
bigorneaux perceurs, la vase et
les huîtres qui se sauvent avec les
mouvements de fonds des tempêtes. » Avec un taux de recapture
de 8 % seulement sur l'huître plate,
cumulé au faible volume de naissain cette année, il devenait urgent
de trouver une parade. « Le panier
australien répond à tous les
problèmes. On sait que la plate
pousse en poches australiennes.
Ce qu'on veut savoir c'est si elle
pousse à Cancale. Et si le matériel
résiste aux tempêtes. »

François-Joseph Pichot n'exclut pas de faire passer ses 200 hectares
de plates en poches australiennes.

Les creuses se balancent aussi

Parcs Saint-Kerber

C'est pour pouvoir exploiter leur
10e rang à chaque marée que les
Parcs Saint-Kerber ont lancé, en
2016, un test de poches australiennes fixées sur des pieux de
bouchots à 4 mètres de hauteur.
Exondés à chaque marée, ces paniers ont demandé un gros travail
d'adaptation par les concepteurs
australiens. « Les câbles envoyés
par les Australiens ont cassé en
deux mois à cause des vagues
et des courants », explique François-Joseph Pichot. Désormais

fixés à des câbles cinq fois plus
gros que le modèle d'origine, les
paniers de creuses se balancent
au large du Vivier-sur-Mer. Reste
qu'ils sont pour le moment parallèle au sens des vagues. Les dirigeants des Parc Saint-Kerber ont
donc demandé aux concepteurs
australiens de Seapa de modifier
leurs attaches pour faire face aux
vagues, comme sur une table. Si
le test donne satisfaction, c'est
toute la surface des rangs 8, 9 et
10 qui pourrait être équipée.

À terme, ce sont les rangs 8, 9 et 10 des concessions de creuses
qui pourraient être exploités en paniers australiens.

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Cultures MARINES n°307 - juin 2017

L'essai se fera sur les huit filières
que l'entreprise Cancale huîtres
(rachetée par les Parcs Saint-Kerber) avait placées au-dessus de
leur concession en eau profonde

Un dispositif expérimental sur la concession de plates
L'essai cancalais concernera le
naissain et la plate de 18 mois.
Répar ties sur 6 hectares, les
quatre filières de 150 m totalisent 3 060 paniers australiens
suspendus par grappes de cinq
poches superposées. 680 poches
du captage 2016 sont placées
sur la première filière en maille
6 ; et 680 autres du captage
2017 en maille 12. Toutes deux
sont orientées nord/sud. Les
deux filières restantes comptent
850 poches du captage 2017 en
maille 12 pour la troisième ; et
470 poches de maille 12 pour le
même naissain, complétées par
320 poches de captage 2016 en
maille 6 et 60 poches d'un autre
modèle pour la quatrième.
À raison de 600 bêtes par
panier australien en maille de 6,
le nombre de bêtes à l'hectare
serait de 620 000 huîtres ; à comparer avec les 4 millions de bêtes

à l'hectare des huîtres creuses
en T8 élevées dur l'estran. Pour
les mailles de 12, le calcul est de
103 333 bêtes à l'hectare. Sept fois
moins que les creuses sur l'estran.

B. S.

Bruno Saussier

3 060 paniers pour les creuses

Christophe Lebris, responsable
de Cancale huîtres, est chargé
de monter ces filières
expérimentales.

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