Cultures marines n° 308 - 37

marché

Entreprise

M. L.-L.

Marion Larronde-Larretche

Vendre 7 jours sur 7, 24 heures sur 24

Le distributeur automatique d'ABCDrive est modulable en deux à quatre
colonnes.

Les portes des casiers sont en polycarbonate incassable de 20 mm
d'épaisseur.

Hier on y achetait des barres
chocolatées ; aujourd'hui on
en trouve de plus en plus qui
proposent du pain, des fruits,
des légumes ou du poulet ;
demain on s'approvisionnera
en huîtres et moules dans les
distributeurs automatiques.
Le libre-service se développe, chez les conchyliculteurs aussi.

pour ceux qui reviennent d'une
séance de ciné nocturne ou d'un
spectacle, ceux qui travaillent tard
le soir « comme les restaurateurs
ou les artisans. Ça répond à une
vraie demande », insiste Tony Berthelot. Lui s'est équipé chez Filbling
distribution. Sa machine compte
plus de vingt casiers, de différentes
tailles, trois plus grands pour mettre
de grosses commandes et des plus
petits pour les ventes accessoires
type couteaux à huîtres ou citrons.
ABCDrive propose des distributeurs de 4 à 32 portes, « on s'adapte
aux besoins du client et à leur
packaging ». Les colonnes sont
plus ou moins larges, les portes
plus ou moins hautes. Le meuble
réfrigéré mesure 2,05 m de haut
pour 1,50 m de large de 60 cm
de profondeur. Des mensurations
auxquelles il faut rajouter les 60 cm
de la colonne de commande
monétique.

« Des clients se sont équipés pour
avoir leur dimanche de libre. »
Natacha Despres est directrice
générale d'ABCDrive, qui fabrique
et vend des distributeurs automatiques. Maraîchers, fleuristes, arboriculteurs, bouchers, nombreux
sont les corps de métier intéressés
par ce nouveau mode de commercialisation que propose cette
jeune entreprise et qui permet aux
consommateurs de s'approvisionner 7 jours sur 7, 24 heures sur 24.
Depuis peu, les conchyliculteurs s'y
mettent aussi.
C'est l'entreprise Gillardeau qui
a été précurseur en la matière en
installant une machine de ce type
dès 2010 au pied du pont pour
rejoindre l'île d'Oléron. Ghislaine
Lefeuvre, installée à Pirou, dans la
Manche, leur a emboîté le pas en
août dernier (« Cultures marines »
n° 300). Et en mars, Brigitte et Tony
Berthelot ont fait de même sur leur
exploitation située sur l'île de Ré
(« Cultures marines » n° 306).
ABCDrive, qui avait pris un stand
sur le salon de La Tremblade fin mai
pour démarcher les ostréiculteurs,
y a enregistré deux commandes
fermes (une pour le Finistère,

l'autre pour la Charente-Maritime),
et au moins cinq autres devraient
se concrétiser dans les semaines à
venir. Le concept séduit.
« Les producteurs veulent
vendre en direct, les consommateurs veulent des produits frais et
locaux, l'idée est de rapprocher les
producteurs des consommateurs
sans avoir besoin d'acheter un
pas-de-porte ni d'embaucher du
personnel pour la vente », reprend
Natacha Despres. La Normande
Ghislaine Lefeuvre vendait surtout
sa production en gros, très peu au
détail. Ce point de vente automatique lui a permis de se mettre en
contact direct avec les consommateurs à moindres frais.

« Ça répond
à une vraie demande »
B r i gi t te e t To ny B e r t h e l o t ,
eux, avaient déjà un magasin de
détail sur leur exploitation. Mais ils
constataient que « de plus en plus
de clients arrivaient en dehors des
horaires d'ouverture ». Après le
week-end prolongé de l'Ascension
pendant lequel la fréquentation de
l'île de Ré a été très forte, ils relèvent
que « l'appareil a fonctionné tout
le dimanche jusque dans la soirée.
On l'a rempli le matin puis quand
on a débauché à 14 h et enfin à
18 h. Les touristes sont repartis
avec une bourriche d'huîtres
fraîches dans leur valise en profitant de la plage jusqu'au dernier
moment ».
La clientèle est aussi locale,

Température dirigée
Ces distributeurs automatiques
possèdent des ouvertures simple
porte, « c'est plus facile d'utilisation pour le consommateur
et l'exploitant », assure Natacha
Despres. Les produits peuvent être
stockés à une température dirigée
de 0 à 20 °C. Il est même possible
de bloquer la machine quand le
thermomètre monte au-dessus
d'un certain seuil prédéfini. Le
système a été fabriqué par un frigoriste industriel et des essais ont été
réalisés en chambre climatique « où

on pouvait monter la température
extérieure jusqu'à 35 °C pour
mieux visualiser les pertes de froid
au niveau des portes ».
Un guide vocal or iente les
acheteurs sur l'écran tactile. Les
messages sont personnalisables,
comme les visuels de la machine.
Le distributeur peut aussi être
paramétré pour envoyer un
message au producteur quand
le contenu d 'un casier a été
vendu, pour avoir un récapitulatif des ventes toutes les deux
heures, toutes les quatre heures,
et achalander ainsi au mieux la
bécane. Le prix d'appel de ces
distributeurs automatiques est de
14 000 euros chez ABCDrive.
Le distributeur libre-service de
Ghislaine Lefeuvre a été fabriqué
en Italie, par Providis. Elle y vend
des huîtres, des moules, des bulots
de sa production et des crevettes
bio de Madagascar qu'elle achète
par ailleurs. Après quelques mois
de mise en service, « ça commence à bien fonctionner », se
réjouit-elle. À tel point que la
conchylicultrice compte acheter
une deuxième machine pour l'installer sur le parking d'une boulangerie, à Saint-Lô, qui accueille déjà
un distributeur de pains. Une sur
son exploitation, une deuxième
en ville, Ghislaine Lefeuvre teste
deux concepts. À suivre. Bien
choisir l'implantation de son point
de vente automatique fera bien
sûr partie des points clefs pour la
réussite de ce nouveau mode de
commercialisation.
Marion LARRONDE-LARRETCHE

Cultures MARINES n°308 - juillet-août 2017

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