Cultures marines n° 308 - 9

grand angle

Actualité

Multi-trophique : le projet de Molène se précise
Début juin, un bateau du parc
naturel marin d'Iroise a sillonné les
eaux de Molène afin de déterminer
le site idéal pour l'implantation
d'une expérimentation d'aquaculture intégrée multi-trophique
(AIMT). Outre l'équipage du parc,
se trouvaient à bord la délégation
du comité régional conchylicole
de Bretagne nord et trois professionnels. Les porteurs du projet
ont pu parcourir les cinq sites
sur lesquels l'expérimentation de
six filières de six espèces (huîtres
creuses, huîtres plates, moules,
pétoncles, ormeaux et algues)
pourrait être envisagée.

« Le cycle complet de l'aquaculture intégrée multi-trophique
comprend les algues, les coquillages et les poissons », détaille
Benoit Salaun, conseiller technique
du CRC de Bretagne nord, un
ensemble d'espèces qui n'a pas
été réuni pour ce test, « mais nous
estimons qu'avec les espèces sélectionnées, c'est jouable quand
même ». C'est précisément ce que
l'expérimentation devra démontrer. Le chercheur canadien Thierry
Chopin, sommité internationale en
matière d'AIMT, s'est montré intéressé et est associé à la démarche.
Portée par le CRC et le parc naturel marin d'Iroise, l'objectif est d'implanter durablement une ferme

CRC de Bretagne nord

Pas de poisson

L'un des cinq sites potentiels sur l'archipel de Molène pour le projet d'aquaculture intégrée multi-trophique.

aquacole sur Molène. Pour le parc
marin, elle répondrait à deux orientations définies dans son cahier
des charges lors de sa création :
favoriser l'exploitation durable
des ressources halieutiques et le
soutien aux activités maritimes
sur les îles afin d'y maintenir une
population d'habitants permanents. Mais l'AIMT devra avant tout
prouver sa viabilité économique
et développer son implantation

terrestre dans un strict respect de
l'environnement. Et sans interférer
sur les activités économiques
actuelles de l'archipel.
Pour le moment, une seule
demande de concessions sur le
parc marin a été déposée auprès
des Affaires maritimes, mais le coût
d'un balisage adapté est prohibitif :
« 100 000 euros, ce qui n'est pas
compatible avec un test de trois
ans », note Benoit Salaun. Quatre

autres sites sont envisagés, mais
le même type de balisage pourrait
être exigé. En attendant, le parc
doit fournir, dans les semaines à
venir, les éléments de courantologie, sédimentologie, houle, nature
des fonds et les enjeux environnementaux de chaque site potentiel.
La présence de maërl ou de zostère
pourrait réduire encore le choix.
Bruno SAUSSIER

La température monte, le naissain d'huître crève
« Constat des premières mortalités en cours sur du naissain sur
tubes dans le secteur de Carnac
(Morbihan), écrit un ostréiculteur
sur le forum dédié sur Otrea.org.
Des coques fraîches, de la chair
dans certaines et d'autres qui ont
du mal à se refermer. À suivre. »
«Trè s fo r t e m o r t a l i t é s u r l e
naissain de Charente posé le
15 mars, ajoute un collègue. 80 %
de mortalité en cours. » « Mortalités importantes dans le golfe
sur la naturelle et même sur les
vendables dès qu'on les bouge,
renchérit un troisième. Ça va faire
mal cette année. »
Sans surprise, avec la for te
hausse des températures, les
premières mortalités de naissain

d'huître sont apparues. Elles ont
démarré de manière assez fulgurante à partir de la fin avril sur
l'étang de Thau, « on est passé de
0 à 60 % de mortalités d'un coup »,
rapporte Élodie Fleury, responsable
du laboratoire physiologie des
invertébrés à l'Ifremer. Puis elles
se sont propagées classiquement
selon un gradient sud-nord.

Un mois de juin
particulièrement chaud
« On a des remontées de pics
de mortalités importants dans
certains coins, mais pas dans
d'autres, résume Gérald Viaud,
président du CNC. Ça va de 10 à

100 % sur le naissain si j'écoute
mes collègues et dans les autres
bassins cela semble du même
acabit. Personnellement j'ai eu de
la casse, jusqu'à 60-70 % mais pas
sur tous les lots et pas sur le demiélevage pour le moment. »
Les mortalités seront-elles plus
fortes cette année ? Le phénomène
semble pour le moment « assez
similaire » à celui de l'année 2016,
poursuit la chercheuse. Avec une
moyenne nationale de 22 % à la fin
mai 2016 et de 27 % cette année, les
données du réseau Resco « n'ont
pas mis en évidence de différence
significative », ajoute Élodie Fleury,
en précisant qu'il est « encore
un peu tôt pour se prononcer ».
D'autant que le mois de juin a été

particulièrement chaud et qu'il faut
sans doute s'attendre à des mortalités rebond.
Le 19 juin, tous les sites du
réseau Resco situés au sud de la
pointe bretonne étaient touchés,
ceux plus au nord étaient encore
indemnes. « Les résultats de notre
réseau n'ont pour l'instant pas
mis en lumière de mortalités sur
le demi-élevage ni sur les huîtres
marchandes », complète encore la
scientifique.
Des mortalités, pour sûr. Plus
fortes que les années passées, pas
sûr. À la mi-juin, les prix, eux, avaient
tendance à remonter légèrement.

Marion LARRONDE-LARRETCHE

Cultures MARINES n°308 - juillet-août 2017

http://www.Otrea.org

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