Cultures marines n°309 - 26

qualité des eaux

Dossier

Le Ceser, instance regroupant
des membres de la société civile,
a rendu en octobre dernier un
rapport dressant l'état des lieux de
la qualité de l'eau en Bretagne et
des pressions exercées sur elle. Un
document qui a servi de base de
travail pour l'élaboration de scénarios plausibles pour l'avenir de
la région. Catherine Yerlès, cheffe
du service de l'eau à la ville et
métropole de Rennes, explique ces
trois hypothèses : « Une priorité
donnée à l'accès à l'eau potable
due à un fort afflux de population
dans la région ; une priorité donnée à l'agriculture et l'industrie
agro-alimentaire comme moteur
économique de la Bretagne, ou
encore une priorité donnée au
littoral due à une urbanisation
permanente et touristique massive de la côte. »
Dans tous les cas de figure,
l'assainissement s'avère un enjeu
crucial comme le confirme Chantal
Bevillon, rapporteure de l'étude
réalisée par le Ceser : « Peu importe
par quel secteur on commence,
l'assainissement est systématiquement un point critique, que
l'on parle de hausse de la population, de l'agro-alimentaire ou
encore de pluviométrie. »

Marion Larronde-Larretche

La Bretagne voit l'avenir en bleu

Eau potable, assainissement et littoral sont au cœur des politiques
à mener pour la Bretagne d'ici 2050.

Ce rapport prend en compte
le changement climatique et les
conséquences qu'il pourrait avoir
sur la région. « L'inconnue est la
pluviométrie, explique Chantal
Bevillon. Pour le moment, c'est
une Bretagne coupée en deux
qui se dessine. » Le Finistère et
les Côtes-d'Armor avec des pluies
plus faibles ; mais plus fortes dans
le Morbihan et l'Ille-et-Vilaine.
Cela se traduirait par une pression
accrue sur les stations d'épuration
qui devront faire face aux afflux
d'eau lors des fortes pluies, mais
aussi à des débits des cours d'eau
plus faibles. Dans cette perspec-

tive, le rôle des zones humides
devient essentiel, « elles ont un
rôle de zone tampon et pourront
atténuer ces forts changements
pluviométriques », confirme
Chantal Bevillon.
« Ce qui est difficile à percevoir
ce sont les liens de cause à effets
entre les différents secteurs
d'activité, explique la rapporteure, agricultrice dans les Côtesd 'A r m o r d a n s s a v i e q u o t i dienne. Je pense qu'il faudrait
prendre l'eau comme point de
départ de la réflexion et pas
comme un élément de bout de
chaîne. »

S'il y a un secteur économique
pour lequel l'eau est un élément
crucial, c'est bien la conchyliculture,
« mais elle est prise en compte
dans son rôle de vigie sur la
qualité de l'eau et pas comme
un secteur de production à part
entière, alors qu'elle fait partie
intégrante de la région ». Le CRC
de Bretagne sud et l'association
Cap 2000 ont été auditionnés par
le Ceser : « Il est important qu'à
terme ces représentants de la
profession soient inclus dans les
échanges et l'élaboration des
politiques publiques », explique la
rapporteure.
Cette étude du Ceser sert de
point d'appui pour l'élaboration du
plan breton de l'eau qui réunit l'ensemble des acteurs liés aux enjeux
de l'eau. Mi-octobre les trois scénarios retenus seront détaillés, puis à
la fin de l'année 2017, ce plan régional devrait proposer les premières
pistes d'actions envisageables. Au
cœur de cette démarche, une gouvernance chapeautée par la région
mais aussi une approche transversale avec l'ensemble des acteurs
réunis. À voir, si les conchyliculteurs
seront autour de la table.
Julie LALLOUËT-GEFFROY

Les algues vertes, une opportunité inattendue

réunissant conchyliculteurs, habitants et associations ont accentué
la pression, comme lors de la manifestation de 2001 à Lamballe qui a
réuni 4 000 personnes pour réclamer une nouvelle politique de l'eau.
« Parce que nous étions impliqués dans les conseils municipaux, les associations, le comité
de bassin versant, nous sommes
devenus légitimes, raconte l'ostréiculteur. Et aujourd'hui, lorsqu'il y a
un souci à la station d'épuration,
je passe simplement un coup de
fil à la mairie pour savoir les quantités d'eaux relâchées. »
Ces actions entamées en amont
ont porté leurs fruits, « être dans
un bassin conchylicole a été une

Cultures MARINES n°309 - septembre 2017

La prolifération des algues vertes a
permis d'inclure la qualité
de l'eau dans les politiques
publiques menées.

plus-value pour porter les enjeux
bactériologiques, ce qui a profité
ensuite aux profils de baignade ».
Un renversement à souligner dans
la mesure où le plus souvent,

les instances publiques pensent
d'abord aux profils de baignade,
seulement après aux eaux conchylicoles.
J. L.-G.

Dans la baie de Fresnaye dans
les Côtes-d'Armor, la prolifération
des algues vertes est un enjeu
majeur des politiques publiques.
Les ostréiculteurs, dont fait partie
Pascal Blanchard, ont utilisé cette
fenêtre de tir pour se faire entendre
sur la question bactériologique. Au
bout d'une vingtaine d'années de
réunions et de mobilisations, les
résultats sont là. La zone est désormais classée en B, alors qu'elle a
longtemps été en C. « Le problème
des algues vertes était tellement
important que les élus et services
de l'État n'avaient pas d'autre
choix que de trouver une solution,
se souvient Pascal Blanchard. Nous
en avons profité pour élargir le
débat à la qualité des eaux et aux
stations d'épuration. »
Des études ont été réalisées,
pointant la non-conformité de la
station d'épuration de Matignon,
rénovée depuis. Des mobilisations

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