Cultures marines n°309 - 31

qualité des eaux

Dossier

Méditerranée : une situation stable, voire en progrès

Activité côtière :
plus de 10 milliards d'euros
La qualité de l'eau génère en
effet des bénéfices économiques
importants. Sans même parler
du tourisme (8,7 milliards de
chiffre d'affaires estimés pour

la Méditerranée française), une
première évaluation de la valeur
économique des activités côtières
à l'échelle des baies et des rades
arrive au chiffre de 1,7 milliard
d 'e u ro s ( a q u a c u l t u re, p ê c h e
côtière, plaisance, loisirs). Le littoral
est conforme aux normes européennes, « signe de progrès en
matière de dépollution ou d'organisation des usages en mer »,
même si les grandes agglomérations urbaines doivent encore faire
des progrès, ainsi que les grandes
plaines agricoles (pesticides).
Signe encourageant, « l'herbier
de posidonie et le coralligène
sont en bon état général » et

regagnent un peu de terrain dans
des zones historiquement peu
propices. Côté production, le bilan
aussi est correct.
Selon les rapports de surveillance 2016 que l'Ifremer vient de
publier (suivis Remi et Rocch),
malgré quelques dysfonctionnements de réseaux de pollution
ou de fortes pluies, le classement
des zones, majoritairement en B,
est cohérent. L'Ifremer confirme
ce classement pour la majorité
des zones de production ( Thau
et Leucate) et note même « une
amélioration significative de
la qualité microbiologique » à
Vendres (moules de mer) et pour

les « coquillages de groupe 3
pour deux points situés dans
la zone n° 34.39 de l'étang de
Thau ». Seules trois petites zones,
peu exploitées au large de Thau,
affichent des résultats moins bons.
Hélène SCHEFFER

(1) En 2016, l'agence de l'eau a
octroyé 94,95 M€ d'aides pour plus
de 900 opérations en Méditerranée
dont 55 M€ ont contribué à la lutte
contre les pollutions domestique et
industrielle et 29 M€ à l'étude, à la surveillance ou la restauration de la biodiversité littorale terrestre et marine.

Il y a trop de monde à Thau, les infrastructures ne suivent pas

H. S.

La population augmente sur ses rives de l'étang de Thau,
ce qui inquiète de nombreux professionnels.

Hélène Scheffer

Début 2017, l'ONG WWF pointait
le risque de « burn out » de la
mer Méditerranée, mais surtout
sur les rives sud. Côté nord, l'assainissement s'est nettement amélioré dans les pays européens ces
quinze dernières années, selon un
récent rapport de l'ancien député
(EELV) Jean-Louis Roumégas. Sur
les côtes françaises, « plus de la
moitié des petits fonds côtiers ne
subissent pas de pressions majeures » a aussi précisé l'agence de
l'eau Rhône Méditerranée Corse, le
6 juillet à Marseille (1).
Pour autant, « plusieurs sites
restent à protéger des pollutions
chimiques venant de la terre et
de certaines dégradations liées
aux activités maritimes et littorales », tempère-t-elle, ajoutant
que « la mobilisation pour une
Méditerranée plus saine se poursuit car les actions de protection
sont bonnes pour la mer mais
également pour l'économie du
littoral ».

Nous sommes bons pour accueillir les gens,
mais pas pour protéger l'étang.

Si la situation globale est restée
stable en 2016, les fermetures pour
dysfonctionnements des réseaux
ont marqué les esprits autour de
Thau. Comme en témoigne Vincent
Garcia, professionnel installé depuis
onze ans à Bouzigues. Pour ce jeune
homme de 28 ans, « C'est l'avenir
paraît très compliqué. Pas pour
la vente, ni même pour les mortalités dues à l'herpès virus, que
l'on connaît mieux. Mais à cause
des pollutions. On a été fermés
trois fois en six mois ! Ça fait mal
aux trésoreries, on ne pourra pas
suivre tout le temps. Les touristes
font partie de nos clients. Heureusement qu'ils sont là », pointe-t-il
alors qu'il participe à un stand associatif pendant la foire de Bouzigues.
« Mais les maires des communes
limitrophes font n'importe quoi.

Nous sommes bons pour accueillir
les gens, mais pas pour protéger
l'étang. Il y a les pesticides agricoles, les pollutions... Il y a trop
de monde qui habite autour de
Thau et sur les communes du
bassin versant, par rapport aux
investissements qui sont faits. Les
infrastructures ne suivent pas. Les
rendez-vous avec les politiques
ne donnent pas de résultats assez
rapidement. Cela ne bouge pas
assez du côté de l'agglo de Thau. »
À la suite des demandes de la profession, Agglo de Thau et le syndicat
mixte du bassin de Thau vont tester
un nouveau protocole de gestion
de crise. Gestion des flux, communication, contrôles, gestion des
impacts sur la profession, « tout sera
optimisé » promet le SMBT.
H. S.

Cultures MARINES n°309 - septembre 2017

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