Cultures marines n°309 - 47

reportage

Entreprise

a choisi le Label rouge pour ses moules
récupéré 2,4 km supplémentaires
en 2014. « Une occasion qui se
présentait. C'était un nouveau
tournant, un défi supplémentaire.
Et je ne suis pas mécontent. Cela
m'a permis d'augmenter un peu
la capacité de travail et la production. »

« Ça restera un marché
de niche »
Avec ses deux salariés à l'année
et cinq ou six saisonniers pendant
l'été, il produit ainsi aujourd'hui
250 à 300 tonnes de moules de
bouchot selon les années qui
sont vendues principalement à
des GMS, via Cultimer. Il espère, à
terme, pouvoir estampiller 10 % de
cette production en Label rouge.
Voire plus si possible « mais ça
dépendra vraiment des années.
L'objectif ce n'est pas de faire un
tonnage monstrueux, ce n'est pas
souhaitable, ça restera un marché
de niche. »
Avec le groupement de producteurs, « les prix sont relativement stables, on est obligé de
s'adapter en fonction des ventes
mais c'est tout à fait correct ».
2,20 euros le kilo départ Cultimer
pour ces moules traditionnelles.
Guillaume Hurtaud espère toutefois une meilleure valorisation des
bivalves labellisés. « Nous aurons
des charges supplémentaires car
nous allons trier davantage, c'est
normal qu'on en attende une
plus-value supérieure. C'est une
reconnaissance du travail fourni
mais sûrement pas un moyen
de s'enrichir. Les critères sont
exigeants. Passé un mois et demi
après le début de la saison, ce sera
compliqué pour nous au niveau
de la taille. »
Outre la croissance et le remplissage, aléatoires en fonction
des années, les mytiliculteurs
de la baie d'Hillion sont relativement épargnés par les maux qui
touchent durement certains de
leurs collègues. Les mortalités qui
ont sévi en Charente, en Vendée
mais aussi dans la baie de Lannion
ou dans la rade de Brest, n'ont pas
causé de dégâts majeurs ici. « On

Quatorze mannes remplies en moins
d'une heure. Le rendement est bon
sur ces bouchots de la baie d'Hillion.

M. L.-L.

4 cm et un taux de chair supérieur à
27 %. « La STG est davantage une
protection pour les professionnels mais ce n'est pas reconnu
par les consommateurs, estime
Guillaume Hur taud. Le Label
rouge, lui, c'est un argument
commercial légitime. Ce sera la
reconnaissance du travail fourni.
Cela permettra de favoriser ceux
qui ont de bonnes pratiques. C'est
vraiment une très bonne chose. »
Guillaume Hurtaud fait attention
à l'origine des cordes, à garnir ses
pieux dans une certaine logique,
les dédouble régulièrement pour
que les moules poussent mieux.
Aujourd'hui il possède 7,4 km de
concessions. Il a hérité de son père
Jean-Marie de 5 km en 1992 et a

Guillaume Hurtaud a repris l'entreprise de son père en 1992. 5 km de
bouchots à l'époque, il en exploite aujourd'hui 7,4.

ne sait pas pourquoi. C'est passé
juste à côté. »
Guillaume Hurtaud n'est pourtant pas du genre à se réjouir du
malheur des autres. « On a quand
même une épée de Damoclès
au-dessus de nos têtes et puis
ce n'est pas bon pour nous car il
faut qu'on produise un minimum
de moules de bouchot, sinon on
pourrait se passer de nous. »
Côté prédateurs aussi, la baie
d'Hillion est relativement privilégiée. « On trouve des dorades
mais on ne peut pas dire qu'elles
fassent trop de dégâts », rapporte encore Guillaume Hurtaud.
Les professionnels de la zone
mytilicole de Bon abri se plaignent
davantage des bigorneaux perceurs. « On est envahi. En plus ils
sont sournois car ils se mettent à
l'intérieur des pieux et mangent
la base donc on ne les voit pas
forcément et quand il y a un coup
de mauvais temps, on perd tout.
On n'a pas d'autre solution que de
les ramasser. C'est fastidieux, plus
ou moins efficace, mais on ne sait
pas comment faire autrement. »

Qualité des eaux :
« Ça va dans le bon sens »
Les mytiliculteurs costarmoricains doivent aussi faire face aux
bernard-l'hermite et aux goélands.
« Un dossier très compliqué à
cause de la pression de la Ligue
pour la protection des oiseaux. On

ne fait pas ça de gaieté de cœur de
tuer des goélands mais ils se sont
très bien habitués à l'effarouchement et s'ils ne voient pas un de
leurs congénères tomber, ce n'est
pas pareil. »
Côté qualité des eaux, la baie
d'Hillion a failli être déclassée en C
il y a quelques années, Guillaume
Hurtaud souligne les efforts réalisés
par les agriculteurs et, même s'il note
qu'il y a « encore des améliorations
à faire au niveau des stations
d'épuration », il estime que « ça va
dans le bon sens ».
Malgré un métier « assez difficile », ce fils et petit-fils de mytiliculteur a toujours apprécié recevoir
des groupes, et « partager ». Il aime
transmettre et a dû hériter ça aussi
de son père. Arrivé en 1964 dans la
région, celui-ci a cédé son entreprise
en 1992 mais garde un pied dans
le coin. Un conseil au cariste, un
nettoyage rapide de la Mytilobs,
Jean-Marie Hurtaud accueille aussi
depuis l'année dernière des touristes pour leur faire visiter l'entreprise. En s'appuyant sur de grandes
planches photos, il explique ce
« métier passion » et, cette année,
leur proposera une dégustation de
moules frites en point d'orgue. « On
a aménagé un petit coin, acheté le
matériel et on verra si ça plaît mais
il n'y a pas de raison. » Dans ce petit
coin de Bretagne nord, les voyants
des mytiliculteurs sont au vert.
Marion LARRONDE-LARRETCHE

Cultures MARINES n°309 - septembre 2017

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