Cultures marines n°310 - 15

normandie - mer du nord

Actualité

Qualité des eaux : ils manifestent leur ras-le-bol
passe-t-il dans la Manche en ce qui
concerne la pollution des eaux ? »
Un ras-le-bol général des mytiliculteurs du secteur car le site de
production d'Annoville est fermé
depuis le 25 août 2017, à cause du
taux élevé d'Escherichia coli.
Une catastrophe économique
pour beaucoup d'entreprises qui
débutent leur commercialisation
fin août, souvent au moment de la
braderie de Lille. Le 15 septembre, le
secteur n'était toujours pas rouvert à
la commercialisation.
« Les huit professionnels d'Annoville qui sont à l'arrêt, perdent
150 000 euros par semaine, c'est
une catastrophe économique,
argumentait Loïc Maine. En plus
nous prenons du retard car toutes

le trait de côte

les moules restent sur les pieux et
nous ne pouvons pas mettre en
place les juvéniles pour la saison
suivante. Sans compter l'image
qu'on donne à nos clients. On a
connu la même chose il y a cinq
ans et depuis rien n'a changé. »
Les pollutions sont connues,
identifiées. Des réunions doivent
avoir lieu en préfecture pour un
plan d'action global. « Cela fait
vingt ans que nous subissons une
lente et durable dégradation de la
qualité des eaux dans ce secteur,
renchérit Franck Lemonnier, élu au
CRC. Des réunions pourquoi pas,
mais avec des actions concrètes et
efficaces. »

I. G.

Jeudi 14 septembre, des élus, associations de pêcheurs à pied de loisir,
pêcheurs professionnels, usagers
du domaine public maritime et
commerçants ont répondu à l'appel
à manifester à Hauteville-sur-Mer
pour que la qualité des eaux s'améliore. 250 personnes ont défilé dans
les rues pour réclamer des actions.
« On en a marre ! Nous réclamons que les services de l'État
réagissent aux fermetures répétitives de baignades, de pêche à
pied et de commercialisation de
nos coquillages, s'indignait Loïc
Maine, mytiliculteur, vice-président
du comité régional de la conchyliculture et un des organisateurs de
la manifestation. Je pose la question aux services de l'État, que se

f 700 pieux protègent

L'inévitable érosion dunaire met
en péril de nombreuses zones
conchylicoles notamment à
Blainville-sur-Mer et à Agon-Coutainville. Sur ces deux communes,
la situation devenait critique à
chaque grande marée avec des
risques de submersion marine des
zones conchylicoles.
« Il était urgent de trouver
une solution, assure Christian
Dutertre, maire d'Agon-Coutainville, le préfet nous a clairement
refusé des enrochements, mais
nous avons été autorisés, à titre
expérimental, à installer des
pieux hydrauliques qui cassent
les vagues. » Une méthode douce
pour une dénomination mécanique. L'adjectif hydraulique est
lié à la manière dont l'entreprise a
enfoncé les pieux à plus de deux
mètres dans le sable. Ceux-ci,
placés en quinconce, brisent les
lames avant qu'elles n'attaquent
la dune. Ce système installé en
mai dernier livre ses premiers
résultats : « Encourageants, avec
un rechargement en sable de
la dune, raconte le maire. De
part et d'autre de ces pieux, des
ganivelles retiennent ce rechargement en sable et les fascines
permettent le repeuplement
naturel des oyats. » 700 mètres de
pieux ont été ainsi disposés, distants de 80 cm les uns des autres.

Ingrid GODARD

Ingrid Godard

Plus de
200 personnes
ont répondu
à l'appel
des conchyliculteurs.

Un nouveau syndicat conchylicole
l'écoute de tous les professionnels
au plus près de leur terroir. »
Thierry Hélie se défend de mener
une action contre Louis Teyssier, (lire
aussi pages 24-25) « Louis nous avait
annoncé qu'il ne briguerait pas de
second mandat. Nous sommes
dans une démarche de proposition et non de contradiction. »
Au cœur des défis : la qualité
sanitaire des eaux avec un meilleur
suivi grâce à « un calendrier établi,
des vérifications périodiquement
sur les grands et petits travaux, et
un contrôle de leur impact positif
sur les sources de pollution ».
Un autre chantier est la densité
où il faut « commencer par bien
appliquer les règles existantes »,
et du cas par cas « avec le secteur
concerné ».
Au niveau scientifique, ADC
estime que « trop de retards sont
constatés à cause de débats

orientés et punitifs, alors que la
profession se doit d'encadrer les
progrès réalisés pour proposer
sereinement leur utilisation ou
non dans nos entreprises ».
I. G.

f À cherbourg, 22 lycéens
en cultures marines

I. G.

Avenir et défis pour la conchyliculture (ADC) en Normandie - mer du
Nord est le tout nouveau syndicat
qui vient de se constituer. À l'origine
de cette structure professionnelle :
trois hommes, Thierry Hélie, Loïc
Maine et Julien Lafosse. « Nous
avons créé ce syndicat pour présenter une alternative aux conchyliculteurs, assure Thierry Hélie
son président, et être en ordre de
marche pour les élections dans les
CRC en début d'année prochaine.
Notre devise est le dialogue pour
laisser respirer la profession et lui
donner confiance en son avenir
et non dans sa nostalgie languissante. »
ADC se veut un syndicat ouvert
à l'intégralité des professionnels, du
producteur à l'écloseur, en passant
par l'expéditeur. « Nous voulons
aussi rétablir le dialogue avec les
bassins, le CRC se doit d'être à

Thierry Hélie préside le nouveau
syndicat ADC.

Rentrée réussie au lycée maritime
de Cherbourg avec une nouvelle
promotion de 22 lycéens en
filière cultures marines. L'établissement ouvre aussi cette
année une formation adulte de
240 heures pour l'obtention de la
capacité professionnelle.
Le lycée de Cherbourg affiche un
effectif de 132 élèves, encadrés
par 24 enseignants et quatre formateurs. Avec 100 % de réussite
au CAP, 90 % au BEP et 87 % au
bac, le lycée prévoit cette année
d'importants travaux dont la
rénovation totale de l'internat.
Cultures MARINES n°310 - octobre 2017

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