Cultures marines n°310 - 9

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Actualité

Un captage sans doute moyen cette année

Le captage d'huîtres creuses est
directement lié aux conditions
météorologiques et plus particulièrement à la température de l'eau.
Partout en France, « le mois de juin
a été très chaud, rappelle Stéphane
Pouvreau, chercheur à l'Ifremer.
Juillet et août ont été très variables
avec des pics de chaleur suivis de
périodes froides. Globalement
l'été a été plutôt mauvais, pas très
favorable ». À la mi-septembre et
alors qu'il n'avait pas encore toutes
les données en main, Stéphane
Pouvreau prédisait donc un captage « moyen, très moyen ».
La situation en rade de Brest est
« très symptomatique » : l'eau a
atteint sa température maximale
(21,3 °C) le 21 juin. Pendant le reste
de l'été, le mercure est rarement
monté au-delà des 20 °C. Conséquence directe, les huîtres ont
pondu très tôt cette année. Les
scientifiques ont ainsi observé « un
pic assez fort de jeunes larves mijuillet » en rade de Brest, ce qui ne
s'est jamais vu depuis le démarrage
de l'observatoire de la reproduction
de l'huître (Velyger) sur ce site, en
2010. Et ce constat a pu se vérifier
sur toute la façade atlantique avec
un pic à plus de 100 000 jeunes
larves à Arcachon le 4 juillet ou le
17 juillet en baie de Bourgneuf.
Mais les conditions météo en juillet
et août n'ont pas toujours favorisé
le développement de ces petites
huîtres.

« Correct » en Charente
Du côté de Marennes-Oléron,
les trois sites étudiés dans le réseau
Velyger forment trois systèmes à
part. Au nord, les équipes du Creaa
ont noté la présence de grosses
l a r ve s d a n s d e s p ro p o r t i o n s

S. Pouvreau/Ifremer

Les fortes températures du
mois de juin ont favorisé
une ponte précoce sur tout
le littoral atlantique mais les
conditions en juillet et août
n'ont pas toujours été idéales
pour le développement ou
la conservation de ces larves
dans le milieu. Au ﬁnal, le
responsable scientiﬁque du
réseau Velyger s'attend à un
captage équivalent à ceux
des années 2015 et 2016. En
deux mots : pas terrible.

Comme l'année passée (photo), le captage s'annonce bon en rade de Brest.

favorables, moins au centre et
encore moins dans le sud (Seudre).
« On s'attend comme souvent
à davantage de captage sur le
secteur Charente (NDLR : Fouras,
Les Palles, La Mouclière), je pense
qu'il y sera correct. Il devrait être
faible en Seudre et entre les deux
au centre. »
Il a fait très chaud à Arcachon,
une ponte très précoce a ainsi été
observée. « Malheureusement on
ne suit pas la cohorte aussi bien
qu'on aurait pu l'espérer, poursuit
le scientifique, le taux de survie
apparaît plutôt faible. Il y a eu par
ailleurs une ponte surnuméraire
donc le bilan final risque d'être
mitigé. On attend les valeurs
de captage mais elles devraient
être proches ou inférieures aux
années 2015 et 2016 ; il n'y aura
clairement pas de captage pléthorique. »
En rade de Brest, « la ponte de
juillet a évolué lentement, en
trois semaines à un mois, décrit
Stéphane Pouvreau. Le développement larvaire a été ralenti.
Quand on a vu le mois de juillet
se dérouler, on s'est dit que ce ne
serait vraiment pas bon. Finalement, on a quand même observé
la présence de larves grosses. Le
bilan ne devrait pas être mauvais
en rade de Brest, ça aurait pu être
pire ».
Une des explications de ce
résultat final pas si mauvais, serait
à chercher du côté des vents. L'été
a été dominé par des vents de sudouest, qui semblent maintenir les
larves dans l'écosystème, il y aurait

ainsi eu moins d'exports. C'est
presque l'inverse qui s'est passé en
baie de Bourgneuf. Là aussi, il y a
eu « une ponte très précoce mijuillet avec une forte abondance
de jeunes larves. Mais à la suite de
coups de vent, on perd la cohorte.
On constate une forte dispersion
larvaire. On observe de façon
un peu surprenante des larves
grosses fin août, la dynamique
n'est pas claire. On s'attend à un
captage faible ». C'est une nouvelle mauvaise année qui se profile pour ce site après une année
2014 pléthorique mais suivie par
des captages faibles voire nuls en
2015 puis 2016. Pas sûr que les
professionnels persévèrent dans
des conditions si variables.

Très chaud
sur l'étang de Thau
Pour finir, il a fait très chaud sur
l'étang de Thau cet été, la température de l'eau a tourné autour de 2425-26 °C tout l'été, des conditions
parfaites pour la reproduction de
Crassostrea gigas. Les huîtres ont
donc pondu, et les jeunes larves se

sont très bien développées avec de
très fort taux de survie. Mais comme
toujours dans cet écosystème, la
difficulté ne vient pas du nombre
de larves grosses dans le milieu mais
du fait de les capter dans de bonnes
conditions. « Ce n'est pas encore
calé, rapporte le chercheur. Certains professionnels commencent
à faire des choses très correctes
mais ils ne sont pas nombreux. »
Un bilan mitigé, donc, au final,
d 'après les toutes premières
observations scientifiques qui
demandent néanmoins à être
confirmées. Mi-septembre, au salon
de Vannes, Patrice Mulot témoignait pour sa part de nombreuses
demandes de détroc'coupelles,
une autre indication et qui ne va
pas tellement dans le sens des
observations des scientifiques. Mais
l'entreprise Mulot est implantée en
Charente-Maritime, le département
qui pourrait, cette année encore,
tirer son épingle du jeu. Et un captage qualifié de « modéré » par les
scientifiques peut aussi très bien
suffire pour fournir correctement la
filière en naissain naturel.
Marion LARRONDE-LARRETCHE

f Captage pléthorique pour les huîtres plates
L'huître plate est plus précoce dans sa phase de reproduction que sa cousine la creuse et les températures estivales du mois de juin ont donc été
propices à un très bon recrutement. Après plusieurs années de disette et
un bien meilleur résultat en 2015 (45 naissains par coupelle en moyenne
en baie de Quiberon contre moins de 5 depuis 2010), le captage devrait
être pléthorique cette année. « On pense récolter les fruits d'une meilleure gestion des stocks naturels, estime Stéphane Pouvreau. À moins
que ce ne soit juste un clin d'œil de la nature ! »
Cultures MARINES n°310 - octobre 2017

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