Cultures marines n°312 - 13

international

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l'ostréiculture à la française
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Par ailleurs le coût de la maind'œuvre est moins cher qu'en
France mais « on n'a pas tout à portée de main comme ici ». Philippe
Danigo parle du matériel, bien sûr.
Et des marchés. « Les coûts de
transport sont phénoménaux et
la logistique est compliquée avec
20 heures de voyage. »
La ville d 'Ensenada, où les
ostréiculteurs de la côte ouest
regroupent leur production, est
située à quelque 2 900 km de
Mexico. Mais seulement 5 % de
ces huîtres restent au Mexique.
95 % de cette production part en
effet aux États-Unis, un marché
plus proche - Los Angeles n'est
qu'à 330 km - et plus rémunérateur. « Les oyster bars sont très
tendance aux États-Unis. Les
Américains sont de gros consommateurs d'huîtres et aiment les
comparer les unes aux autres. On
devient une option là-bas, et une
option de qualité. »

Trente mois de suivi
L'accès au marché américain n'a
pas été facile. « Les huîtres mexicaines étaient discréditées, on a
mis sept ans à ouvrir la porte. » Le
précieux sésame est acquis en 2003,
avec des conditions « complètement exagérées de mon point de
vue. Il faut 30 mois de suivi pour
obtenir l'agrément sanitaire d'une

...

L'administration américaine impose le port de charlottes, de gants et de masques pour travailler les produits
destinés à l'exportation.

zone. On a des contrôles tous les
mois. Il faut vérifier les biotoxines,
les bactéries, les pesticides, les
métaux lourds alors qu'on est dans
une zone vierge ! Rien n'est fait
pour nous faciliter l'export ».
Mais Philippe Danigo et ses collègues se plient aux exigences américaines. Sol Azul commercialise du
n° 4 jusqu'au 00. En moyenne, le prix
est aujourd'hui de 5 - 5,50 dollars la
douzaine, soit entre 4,50 et 5 euros.
« Plus on vend vite, plus la rotation

est rapide et la différence de prix
est meilleure. Tout nous pousse à
développer le marché des petites
tailles. »
Le marché américain ne connaît
pas de saisonnalité comme en
France mais « les huîtres de viennent très sensibles quand il
fait chaud. À partir d'une certaine
date, on arrête de les vendre car
le produit ne tient pas, il est trop
fragile ». Dans cette région du
Mexique, la température de l'eau
monte à 27-28 °C au cœur de l'été.
Philippe Danigo exploite des
diploïdes et des triploïdes selon un
ratio classique en France de 80/20.
Toutes ses huîtres naissent en écloserie. « Les huîtres maturent, pondent,
mais il n'y a pas de captage chez
nous. Je pense que les hautes
températures et les fortes salinités
ne conviennent pas aux larves. » Il

a travaillé pendant dix ans avec une
écloserie chilienne mais a connu, il y
a deux ans, de très fortes mortalités
sur ce naissain. « L'herpès virus n'a
jamais été détecté au Chili, note-t-il.
J'ai l'impression qu'il est présent
chez nous depuis très longtemps
car on a eu de grosses mortalités
dès 1998. Ça casse encore un peu
de temps en temps mais je pense
qu'on a une souche moins virulente
qu'en France. Avec nos propres
familles, on est à 85 % de survie. »
Il faut dire qu'en Basse-Californie,
« il y a très peu de transferts entre
bassins, les fermes sont très isolées
les unes des autres » et que les
densités à l'hectare sont très faibles :
environ 180 pièces par poche, mais
les rangées de tables sont espacées
de 8 mètres.
Marion LARRONDE-LARRETCHE

f Virginica, gigas, sikamea

En Basse-Californie les fermes sont très isolées les unes des autres
et les densités à l'hectare sont faibles.

Le gros de la production ostréicole mexicaine concerne l'espèce
Crassostrea virginica, pêchée sur la côte est. Les producteurs de BasseCalifornie exploitent Crassostrea gigas, Philippe Danigo produit également
une autre espèce, elle aussi originaire du sud du Japon : Crassostrea sikamea.
« Amplement distribuée sur la côte ouest du continent nord-américain
depuis l'Alaska jusqu'à la Basse-Californie, nous la reproduisons dans
notre écloserie. Cette huître est très appréciée sur le marché des oyster
bars. » Mesurant 7 à 8 cm de long elle est très creuse, très charnue et plus
goûtée que la gigas. Elle se vend en gros environ 2 dollars plus cher que
cette dernière et représente « 5 à 20 % de nos ventes selon les années ».
Cultures MARINES n°312 - décembre 2017 - janvier 2018

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