Cultures marines n°312 - 37

marché

Entreprise

mais une qualité décevante
de la Loire : petit taux de chair et faibles quantités

Sandrine Pelletier

Des températures élevées et très peu
d'eau douce, il n'en fallait pas plus
pour perturber la saison mytilicole.
Le début du printemps s'annonçait
bien avec des mortalités très faibles,
mais le coup de froid de mai a arrêté
la production de plancton. « Le gros
coup de chaleur de juin a affaibli les
moules, beaucoup se sont décrochées avec les coups de vent de
juillet », résume Yannick Marionneau
de la baie de l'Aiguillon qui estime

Le début de saison s'est montré
plutôt lent, exception faite de la
Plaine-sur-Mer qui rencontre un
gros taux de chair.

f Poitou-Charentes : une
Soulagement après les fortes mortalités enregistrées en 2016 : les
mytiliculteurs picto-charentais ont
été épargnés cette année. Reste
que la qualité n'a pas été au rendez-vous, puisque les coquillages
ont tout juste répondu au cahier
des charges Moules de bouchot.
Si la qualité s'est améliorée en
septembre, c'est à ce moment-là
que les prix se sont effondrés. « Il y
a eu un effet de panique dans certains secteurs qui ont eu besoin de
vendre rapidement en automne »,
analyse Benoît Durivaud, vice-président en charge des moules au CRC
de Poitou-Charentes.

Hélène Scheffer

Saison mitigée pour les moules
méditerranéennes. « Tout a été en
retard, témoigne Emmanuel Fournier, producteur de moules sur filières
au large de Sète. Même en mer, les

blanche subit, comme les années
précédentes, des taux de mortalité
importants et une perte de rendement de 60 % », s'inquiète Nicolas
Pineau. Une inquiétude renforcée par
l'invasion de bigorneaux perceurs qui
continuent à sévir sur le secteur.
A contrario, la Plaine-sur-Mer a vécu
une très bonne saison avec peu de
mortalités, « ce qui est très positif
après les dernières années difficiles
que nous avons passées, se réjouit
Antonio Charpentier de Mytilijade. Le
produit, bien que précoce avec un
remplissage dès juin, a donné un
très gros taux de chair ».
Sandrine PELLETIER

qualité peu satisfaisante

En début de saison, les moules
de filières étaient de qualité
correcte, mais pas suffisamment
pour prétendre au Label rouge.
Les stocks commercialisés sous ce
label s'annoncent bien inférieurs
à ce qui était espéré. Au final, une
année « mi-figue mi-raisin » selon
le vice-président du CRC, d'autant
plus que les rendements ont également été décevants. « Mais nous
avons réussi à tirer notre épingle
du jeu parce que c'était la même
chose partout ailleurs, ou quasiment, nous sommes dans la
moyenne nationale », reprend-il.
Quant au captage, les for ts

f Méditerranée : une

une production 30 % inférieure
à ce qui avait été pronostiqué. Le
remplissage a également souffert
de ces conditions météorologiques
en atteignant tout juste 30 % contre
un taux de chair normal de 35 %. À
cela il faut ajouter une fin de saison
précoce : « On a subi une chute de
consommation du coquillage dès
septembre - octobre, certainement
à cause d'une qualité trop juste »,
précise Emmanuel Bertaud.
La production sur l'île de Noirmoutier, côté baie de Bourgneuf, ressemble à celle de la baie de l'Aiguillon
avec un début de saison lent et un
taux de remplissage juste correct.
En revanche, « le site de Maison

vents enregistrés au printemps
ont fait perdre une partie de la
production, et tous les bouchots
ne seront pas réensemencés.
« Nous craignions le pire, mais
nous avons finalement limité la
casse. Les animaux qui restent
seront peut-être plus gros et plus
forts l'année prochaine », ajoute
Benoît Durivaud.
David LABARDIN

DR/S. Laval

f Pays

Une année mi-figue mi-raisin
selon le vice-président du CRC,
Benoît Durivaud.

concurrence virulente

moules sont en retard de près de
trois mois. » Même diagnostic pour
Michel Betti, installé à Marseillan, sur
la lagune de Thau. « C'est sûr, la chair
a mis du temps à se faire. Il n'y a pas

Dans un contexte
morose - pousse
tardive, peu de
chair - la concurrence
étrangère a fini de
plomber le moral des
professionnels locaux.

eu de plancton, et ça a manqué
d'eau. » Pour autant, les poissons n'ont
pas relâché les prédations, malgré les
chaussettes espagnoles à la double
épaisseur. Ce qui demande plus de
manutention. « Il faut les lever régulièrement, sinon ça colmate, ajoute
Michel Betti. Malgré cela, on se fait
manger ! »
À Port-Saint-Louis-du-Rhône, de
l'autre côté de la Camargue, la situation est même « catastrophique,
selon Denis Manias, le président
de la coopérative Coopaport. La
commercialisation n'a pas suivi.
On se retrouve avec des volumes
encore sur les bras, qu'il faut

dédoubler pour attendre la saison
prochaine. »
Les moules d'Italie, de Grèce, puis
d'Espagne se sont taillé de belles
parts commerciales, avec des prix
défiant toute concurrence. Les Espagnols auraient même cassé les prix,
avec des promos très basses (autour
de 1,50 euro/kg en magasin), proposant un kilo vendu, un kilo offert. Ce
qui a démoralisé de nombreux producteurs. « Cet été, c'était désolant,
reprend Denis Manias. On avait du
produit mais on entendait vraiment
peu de machines à débyssusser qui
tournaient. »
Hélène SCHEFFER

Cultures MARINES n°312 - décembre 2017 - janvier 2018

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