Cultures marines n°312 - 7

grand angle

Actualité

Certains chiffres de la MSA font
froid dans le dos. 30 % des agriculteurs avaient un revenu inférieur à
350 euros par mois en 2016 et 20 %
étaient en déficit. Il y a urgence. Un
des objectifs des états généraux de
l'alimentation, lancés en juillet, est
de « permettre aux agriculteurs de
vivre du juste prix payé », a déclaré
le président de la République. Si
leur situation n'est pas comparable,
les conchyliculteurs devraient
eux aussi bénéficier de ce grand
chantier.
Quatorze ateliers thématiques
ont été organisés. La conchyliculture
est directement concernée par
quatre d'entre eux : ceux sur les prix,
le sanitaire, l'environnement et la
formation (lire ci-dessous). Philippe
Le Gal, président du comité régional
conchylicole de Bretagne sud, a par-

ticipé à certains débats, notamment
ceux concernant les prix (atelier 7).
Pour cette thématique, les
conclusions ont déjà été rendues et
Emmanuel Macron a promis une loi
qui serait présentée et adoptée par
ordonnances au premier semestre
2018. « Il faudra que nous soyons
présents auprès de nos élus pour
qu'ils ne nous oublient pas lors de
l'élaboration des textes », prévient
Philippe Le Gal, qui a été particulièrement intéressé par les discussions sur les prix planchers. « Nous
modifierons la loi pour inverser
cette construction du prix qui doit
pouvoir partir des coûts de production », a indiqué le chef de l'État.
« Le but est de ne pas vendre à
perte, souligne Philippe Le Gal. C'est
ça qui pénalise la concurrence et
déstabilise le marché. Chez nous il

Atelier 7 : Améliorer les relations commerciales et contractuelles entre
les producteurs, les transformateurs et les distributeurs
Atelier 8 : Assurer la sécurité sanitaire de l'alimentation française dans
une économie agroalimentaire mondialisée et dans un contexte de
changement climatique en prévenant les contaminations chimiques
Atelier 11 : Réussir la transition écologique et solidaire de notre agriculture en promouvant une alimentation durable
Atelier 13 : Renforcer l'attractivité des métiers de l'agriculture et des
filières alimentaires et développer la formation

Cheick Saidou/Min. Agri. Fr

États généraux de l'alimentation : définir un prix juste

Le président de la République et son ministre de l'Agriculture, Stéphane Travert,
lors de la journée consacrée aux états généraux de l'alimentation à Rungis.

existe des références de prix de revient. Il y aura un travail technique à
faire pour uniformiser les données
et arriver à prendre en compte les
spécificités de chaque bassin. »
Pour que l'amont puisse peser
dans les négociations, le gouvernement demande aux agriculteurs de
se regrouper pour commercialiser
leurs produits. Selon Philippe Le
Gal, « ce n'est pas facile de mettre
en place ce genre de choses en
conchyliculture. L'idée est bonne
mais ce n'est pas dans notre
culture ».

Le ministre reçoit les professionnels

Cheick Saidou/Min. Agri. Fr

Stéphane Travert, le ministre de
l'Agriculture, a reçu comme promis
le jeudi 9 novembre les représentants conchylicoles français. « Ça
s'est bien passé, résume Philippe
Or tin, le président du Comité
national conchylicole. Nous avons
évoqué les sujets qui font polé-

La rencontre a duré une heure.

mique comme l'acquisition du
domaine public maritime ou les
problèmes avec la mise en service
des nouvelles règles pour les
réseaux de surveillance (NDLR : lire
aussi page 10). » Le ministre était
accompagné d'Olivier Cunin, son
conseiller filières animales, pêche et

Préalablement à un grand plan
d'investissement cofinancé par l'État,
les filières devront par ailleurs préparer un plan de restructuration à cinq
ans. L'Autorité de la concurrence doit
également être saisie pour donner
une interprétation précise du droit de
la concurrence et permettre aux agriculteurs « de négocier dans un cadre
clair ». « Tout ne s'adaptera pas à la
conchyliculture, reprend Philippe
Le Gal, mais il y aura certainement
des idées à prendre. »
Marion LARRONDE-LARRETCHE

f Le nouveau règlement bio

quasi validé

performance sociale et l'entrevue a
duré une heure.
Alors que depuis quelques années,
la conchyliculture était dans le giron
du ministère de l'Écologie, elle est
repassée dans le gouvernement
d'Édouard Philippe sous l'égide de
l'Agriculture. « Nous sommes satisfaits, poursuit Philippe Ortin. Notre
interlocuteur principal est la DGAL
(NDLR : direction générale de l'Alimentation) et le ministre de l'Écologie n'y
avait pas forcément ses entrées. »
Les deux représentants de l'État
connaissent par ailleurs bien la filière
des cultures marines puisqu'Olivier
Cunin a été, de 2010 à 2013 chef du
bureau de la conchyliculture et de
l'environnement littoral à la direction
des Pêches maritimes et de l'Aquaculture et que Stéphane Travert est,
rappelle Philippe Ortin, « un homme
de terrain », qui était député en
Normandie.
M. L.-L.

N'en déplaise aux ostréiculteurs
traditionnels (« Cultures marines »
n° 311), les huîtres d'écloserie
devraient bel et bien rester dans
le règlement européen de l'agriculture biologique. Les nouvelles
règles, validées par le Parlement
européen en juin, viennent
d'être approuvées par les États
membres. Si les eurodéputés
adoptent le texte en session plénière, le Conseil devrait suivre.
Cette nouvelle réglementation
entrerait ainsi en vigueur le 1er janvier 2021 et ne modifierait pas
les règles existantes concernant
les mollusques, autorisant donc
l'utilisation de naissain diploïde
d'écloserie pour faire des huîtres
labellisées bio. Ce compromis prévoit notamment des règles plus
strictes pour les importations et
différentes mesures pour éviter les
contaminations par les pesticides.

Cultures MARINES n°312 - décembre 2017 - janvier 2018

Table des matières de la publication Cultures marines n°312