Cultures marines n°313 - 39

analyse

Entreprise

Le secteur des cultures
marines n'est pas le moins
mal loti en matière d'égalité
femmes-hommes. Il reste
toutefois une bonne marge
de progression en termes
de représentativité et un
travail à faire sur le statut de
conjoint collaborateur.

et la terre, a favorisé la mixité
dans la filière, peut-on ainsi lire
dans ce rapport. La vente à terre
représente une part importante
du travail des entreprises conchylicoles, en particulier avec le développement de la vente directe, et
ce sont surtout les femmes qui
gèrent la mise en marché. »

Tout est relatif mais comparé à la
pêche, la conchyliculture est un
secteur où la mixité est à peu près
respectée. Quand la pêche compte
seulement 2 % de femmes dans
ses effectifs, la conchyliculture est à
35 %. Dans le domaine des produits
de la mer, les secteurs de l'aval sont
ceux qui enregistrent le plus de salariées : 35 % dans les poissonneries,
44 % dans le mareyage et les grossistes, 55 % dans la transformation.
Ces données sont tirées d'un
rapport réalisé par le groupement
Monfort - Baelde - Vouhe à la demande de FranceAgriMer. L'objectif
était de faire un diagnostic sur la
place et l'activité des femmes dans
les filières pêche et aquaculture,
d'identifier les freins à la mixité et
à l'égalité femmes-hommes et de
faire des recommandations pour
pallier les injustices.
« La nature même de l'activité
conchylicole, partagée de façon
plus ou moins égale entre la mer

Salaires inégaux
Plusieurs séries de données ont
été compilées pour cette analyse.
D'après celles de la MSA, où sont
affiliés environ 80 % des conchyliculteurs, les femmes représentaient en 2015 près des 40 %
des effectifs, un chiffre qui est en
légère diminution par rapport à
2008 (42 %). L'Énim a par ailleurs
enregistré 610 conchylicultrices
en 2015 (ou petite pêche) correspondant à 13 % de l'ensemble des
4 860 employés, la proportion était
de 10 % en 2002. Enfin selon le
dernier recensement conchylicole,
les femmes sont majoritairement
regroupées dans la catégorie des
salariés (77 % d'entre elles), à 10 %
dans celle des chefs d'entreprise/
associés et à 13 % dans celle des
non-salariés.
L'étude montre par ailleurs que
la proportion des femmes dans la
conchyliculture a baissé ces der-

Marion Larronde-Larretche

La conchyliculture se conjugue au féminin

Après avoir augmenté entre 2005 et 2008, le nombre de femmes en
conchyliculture a baissé entre 2009 et 2014. Une des conséquences corollaires des mortalités ostréicoles.

nières années. Elle avait augmenté
entre 2005 et 2008, passant d'environ 40 à 60 %, puis elle a diminué
ensuite : 57 % en 2009, 33 % en
2014. « Les femmes étant surtout
chargées des tâches de mise en
caisse et d'expédition à terre, elles
sont le plus rapidement touchées
en cas de baisse de production,
alors que le travail dans les
parcs et la collecte de naissains
continuent pour les hommes »,
explique le rapport.
Celui-ci indique par ailleurs que
le salaire horaire des femmes
(d'après les données de la MSA) est
plus faible de 6,8 % que celui des
hommes, un écart qui tend à légèrement diminuer avec le temps
puisqu'il était de 8 % en 2008.

M. L.-L.

Le conjoint collaborateur,
un frein à l'égalité

Près de 80 %
des conchylicultrices sont
salariées,
10 % sont
cheffes d'entreprise ou
associées.

Du côté des comités conchylicoles, on peut noter : « Alors qu'il
y a parité, voire un nombre de
femmes supérieur au nombre
d'hommes au niveau des salariés
des comités régionaux de la
conchyliculture, il n'y a pratiquement pas de femmes professionnelles élues dans les secteurs qui
composent le Comité national
de la conchyliculture. » En effet,
sur les 112 représentants de producteurs/grossistes/détaillants du
CNC (élus et suppléants), seulement 8 sont des femmes, soit 7 %
du total. Pire, au niveau des producteurs, il n'y a qu'une représentante élue pour 35 hommes, soit
un bien faible 2,8 %. Les chiffres

sont meilleurs quand il s'agit
des salariés de ces comités : sur
51 employés, 31 appartiennent à la
gente féminine (61 %). Il y a deux
femmes aux postes de direction
sur un total de huit (25 %), elles
représentent 67 % du personnel
administratif et 30 % des chargés
de mission.
Enfin, le groupement Monfort Baelde - Vouhe s'est intéressé au
statut de conjoint collaborateur,
pour en tirer la conclusion que
celui-ci ne donne « pas entière
satisfaction ». Et de rajouter que :
« Les participants ont fait part de
certains freins à une égalité réelle
entre les hommes et les femmes
liés au statut de conjoint collaborateur. »
L'impact financier sur la trésorerie
de l'entreprise avec le coût des cotisations sociales et l'impossibilité de
travailler en dehors de l'entreprise
à plus d'un mi-temps ; le maintien
d'une dépendance économique
liée à l'absence de pouvoir décisionnel au sein de l'entreprise et de
rémunération ; la faible protection
sociale ; le manque de légitimité
auprès des organisations professionnelles sont autant de critiques
qui ont été formulées. « En 2016,
la MSA recensait 134 conjoints
collaborateurs en conchyliculture.
Les avantages offerts par le statut
ne sont pas perçus comme suffisamment importants par rapport
au coût financier et personnel
(relations dans le couple) qu'il représente et le nombre de femmes
sans statut est encore important. »
Marion LARRONDE-LARRETCHE
Cultures MARINES n°313 - février 2018

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