Cultures marines n°314 - 17

environnement

Actualité

Pesticides : un nouveau plan en préparation

f Des eaux usées

Le g o u ve r n e m e n t a d é vo i l é,
le 19 janvier, un projet de plan
d'actions sur les produits phytopharmaceutiques. Celui-ci devrait
être finalisé avant la fin mars. Quatre
priorités ont été édictées : la réduction de l'usage des produits les
plus préoccupants pour la santé et
l'environnement, le renforcement
de la recherche sur l'impact de ces
produits sur la santé, la recherche
de solutions alternatives et, enfin, la
révision du plan Écophyto 2.
Le plan Écophyto 1, lancé en
2008, tablait sur une baisse du
recours aux pesticides de 50 % à
l'horizon 2015. La consommation
a augmenté de 5 % ! Le plan Écophyto 2 fixe, lui, comme objectif,
une réduction de 50 % d'ici 2025
avec un palier à -25 % d'ici 2020.
« La gouvernance du programme
Écophyto sera revue pour améliorer d'une part l'association
des parties prenantes et, d'autre
part, le pilotage opérationnel et
financier, au niveau national et
au niveau régional », explique le
gouvernement.

Irriguer ses champs avec des eaux
usées traitées, l'idée fait son chemin. Plusieurs expérimentations
se mettent en place en France et
ont été présentées lors du Carrefour de l'eau qui s'est déroulé à
Rennes fin janvier. Cultures marines
avait déjà évoqué un test sur
un champ de maïs (dans son
numéro d'octobre 2017), un autre
concerne un terrain de golf au
Cap d'Agde qui utilisera les eaux
de la station d'épuration de la
commune voisine. Premier arrosage prévu cet été.
L'étape suivante serait d'emmener
ces eaux jusque dans nos verres,
un cap difficile à passer en termes
d'acceptabilité pour les habitants,
selon les professionnels. Mais
cela n'empêche pas la Vendée
d'y penser très sérieusement. Ce
département pourrait devenir le
plus déficitaire de France en eau
potable, selon l'étude Explore
2017 menée par le bureau de recherches géologiques et minières.

« Un enjeu majeur
de santé publique »
Parmi les pistes de solution envisagées, le ministère de l'Agriculture
prévoit une plus grande rotation et
diversité des cultures, la création de
nouvelles variétés résistantes aux
insectes et maladies, le développement du biocontrôle, le recours
au désherbage mécanique. Par
ailleurs, les rabais et promotions
seront interdits sur la vente de

dans les champs

Le plan Écophyto 2 vise une baisse de la consommation de pesticides
de 50 % d'ici 2025, alors que depuis 2008, elle a augmenté de 5 %.

produits phytosanitaires, la redevance pour pollution diffuse sera
renforcée pour les produits les
plus à risque, et une surveillance
nationale des pesticides dans l'air
ambiant doit être mise en place.
La mission conjointe menée par
le Conseil général de l'environnement durable, l'inspection générale
des Affaires sociales et le Conseil
général de l'agriculture, de l'alimentation et des espaces ruraux
sur l'utilisation des produits phytopharmaceutiques rappelle que
celle-ci « constitue aujourd'hui un
enjeu majeur de santé publique
tant pour les applicateurs, leurs
familles que pour les riverains et

la population en général à travers
les modes de contamination par
l'air, l'eau, le sol et l'alimentation ».
« L'utilisation des produits
phytopharmaceutiques constitue
aussi un enjeu majeur pour l'environnement, complète le rapport
de mission. La quasi-généralité
des cours d'eau est contaminée. »
Et de conclure : « Le degré de certitudes d'ores et déjà acquis sur les
effets des produits phytopharmaceutiques (...) impose de prendre
des mesures fortes et rapides sauf
à engager la responsabilité des
pouvoirs publics. »
Marion LARRONDE-LARRETCHE

Plastiques : Bruxelles vise les engins de pêche
La Commission européenne a
dévoilé mi-janvier ses propositions
pour réduire les déchets plastiques
et favoriser leur recyclage. Les
engins de pêche sont notamment
dans le collimateur de Bruxelles.
De nouvelles règles en la matière
devraient ainsi être proposées en
cours d'année.
Un des objectifs serait de réduire
de 30 %, d'ici 2020, les quantités
d'engins de pêche abandonnés
retrouvés en mer. D'autres mesures
sont prévues pour limiter l'usage
des microplastiques dans les différents produits ou encore pour
que les déchets des navires soient

ramenés à terre et traités. Bruxelles
propose par exemple que les navires
soient soumis à un système de redevance obligatoire sur les ordures
qui couvrirait l'ensemble des coûts
de collecte. Cette proposition de
directive doit faire à présent l'objet
de négociations avec le Conseil et
le Parlement européen.

Réutilisation et recyclage
La Commission affiche encore
l'objectif que tous les emballages
soient réutilisables et recyclables
d'ici 2030, et espère parallèlement
réduire la consommation des

objets en plastique à usage unique.
Les Européens produisent chaque
année 25 millions de tonnes de déchets plastiques, dont moins de 30 %
sont recyclés. « Nous devons empêcher la présence de plastique dans
notre eau et notre alimentation,
et même dans nos corps, a déclaré
Frans Timmermans, le premier viceprésident de la Commission européenne chargé du développement
durable. La seule solution à long
terme est de réduire les déchets
plastiques grâce au recyclage et à
une réutilisation accrue. »
M. L.-L.

f Assouplir la loi littoral
Le Sénat a adopté une proposition de loi fin janvier relative aux
territoires littoraux. Il propose deux
changements majeurs, inspirés
d'une précédente proposition
de loi de janvier 2017, qui ne font
pas consensus. D'abord limiter
l'étalement urbain et préserver
les terres agricoles sur lesquelles
les nouvelles constructions sont
généralement réalisées en mettant
l'accent sur un axe de densification
autour des hameaux déjà existants.
Le second, toujours dans une
optique de limiter l'empiétement
sur les terres agricoles, serait de
construire dans les dents creuses :
ces espaces vides placés entre
deux constructions. Mais combler
ce gruyère serait une entorse à la
loi littoral, selon les élus écologistes.
En outre, cette proposition prévoit
également de mieux anticiper
l'évolution du trait de côte, en
particulier quant à l'indemnisation
des habitants expropriés.
Le texte doit encore passer devant
l'Assemblée nationale, mais Jean
Bizet, sénateur LR de la Manche et
auteur d'un rapport de 2014 sur le
sujet, prévient sur le site de Public
sénat : « La majorité de l'Assemblée est fermée sur toute urbanisation des zones littorales. »
Cultures MARINES n°314 - mars 2018

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