Cultures marines n°314 - 32

écloseries

Dossier

Stéphane Angeri : « Les écloseries
À la tête de France naissain,
la plus grosse écloserie française, Stéphane Angeri est
aussi président du syndicat
des écloseries et nurseries de
coquillages. Entretien.

qui leur impose une forte présence
sur les sites de vente. Ils cherchent
donc à travailler sur des cycles
courts.
CM. Et l'offre est suffisante en
demi-élevage ?

Cultures marines. La saison de captage s'annonce bonne. De votre
point de vue d'écloseur, y a-t-il
trop de naissain sur le marché ?

CM. Faudrait-il aussi réguler la
quantité de naissain d'écloserie
mise sur le marché ?
SA. Il y a 3 à 3,5 milliards de
naissains d'écloserie pour 30, 40,
50 milliards de naissains de captage. Le problème n'est pas sur les
produits d'écloserie ! Les proportions sont très différentes... En plus
le captage amène sur le marché du
naissain à des prix dérisoires.
CM. Le cours des produits
d'écloserie est toujours tendu ?

Marion Larronde-Larretche

Stéphane Angeri. On brasse
de grands volumes, on engorge
les parcs pour des croissances
médiocres et peu de sorties au final.
C'est ingérable. Après 2008, il y a eu
une utilité à mettre autant de collecteurs sur l'estran, pour refaire les
stocks. Mais aujourd'hui il faudrait
revenir à des choses raisonnables.
Oui, il faut faire quelque chose et
c'est d'abord à l'interprofession d'y
réfléchir. C'est son rôle.

On engorge les parcs avec du naissain de captage pour des
croissances médiocres et peu de sorties au ﬁnal. C'est ingérable.
SA. Le contexte est plutôt favorable. Après tous les communiqués
de presse, les reportages, les dires
des uns et des autres, cela n'a
visiblement pas eu l'effet escompté
par nos détrac teurs puisque
90 % des ostréiculteurs travaillent
aujourd'hui avec les écloseries. Certains en petites quantités, parfois
pour une étape de leur cycle de
production mais, avec la gamme
de produits proposés, les écloseries
sont devenus incontournables.

SA. On a connu une année 2017
avec des prix plutôt bas. C'est un
tout. C'est aussi lié au prix des marchandes. Nos clients ne vendaient
pas toujours leurs produits comme
ils auraient voulu. Il y a également
le fait que les parcs sont chargés
et que la croissance n'a pas été
très bonne. Tout ça amène à un
contexte de prix bas. On espère que
l'année 2018 sera meilleure avec
une petite tendance à la hausse.

CM. Les relations ont pu être
difficiles avec l'interprofession.
Se sont-elles à présent apaisées ?

CM. On a pu voir un engouement des ostréiculteurs pour
le naissain d'écloserie après les
surmortalités de 2008 et alors que
le captage était faible. Puis une
méfiance de certains ostréiculteurs vis-à-vis des triploïdes. Où
en est-on aujourd'hui ?

SA. Oui, que ce soit avec les
professionnels, l'interprofession
ou encore les institutionnels, nous
n'avons plus de problème. Les
écloseries sont bien installées dans
la filière, et cela se conforte chaque
année. Nous n'avons pas d'inquiétude à avoir pour l'avenir.

Cultures MARINES n°314 - mars 2018

La machine est lancée,
demain on livrera nos huîtres
avec nos propres tétra.

CM. U n d o c u m e n t a i re s u r
l'huître triploïde est en lecture
libre depuis quelques semaines
sur internet, avec un avis assez
orienté sur la question. Vous avez
toujours des détracteurs...
SA. Nos opposants sont tenaces
et résistants mais ils ne nous empêcheront pas de continuer.

SA. Il faut de la place pour l'élevage. Il faut faire attention au facteur limitant, l'espace. Ne rentrons
pas dans un pessimisme comme
on a pu le voir il y a quelques
années. Je trouve que le secteur ne
va pas si mal que ça. Nous avons un
produit qui est de plus en plus demandé par le consommateur. Nous
avons des supers outils, des parcs
en mer, une présence sur l'estran, il
faut faire en sorte de conserver tout
ça car on pourrait en avoir besoin
demain. Il faut conserver notre outil
de travail et même réfléchir à de
nouvelles zones ou de nouvelles
techniques pour produire un peu
plus demain. Il faut rester dans une
dynamique positive.
CM. Et faudrait-il plus d'écloseries ?
SA. Il y a régulièrement de nouvelles nurseries qui se créent mais
en ce qui concerne les écloseries,
celles qui existent aujourd'hui sont
assez puissantes pour répondre au
besoin en naissain.

CM. Quels sont les produits
d'écloserie les plus plébiscités ?

CM. Vous nous dites que la
demande en triploïdes est très
forte. Qu'en est-il de la diploïde
d'écloserie ?

SA. Il y a une très grosse
demande en triploïdes, du
fait que les huîtres se consomment maintenant toute
l'année. Les huîtres triploïdes
ont une qualité régulière, il n'y
a pas de questions à se poser
pour savoir si elles sont laiteuses, maigres, si elles ont délaité.
Elles se vendent très facilement en
dehors de la période de Noël. Et pas
seulement l'été !

SA. De plus en plus de gens se
tournent vers ce produit. C'est
sans doute lié aux problèmes de
croissance des huîtres de captage
ou aux difficultés générales de
croissance liées à l'environnement,
à la nature. On voit donc certains
professionnels chercher un produit
plus performant que l'huître de
captage, et venir vers la diploïde
d'écloserie.

CM. Y a-t-il toujours beaucoup
de demandes pour du demi-élevage ?
SA. Oui. Les ostréiculteurs travaillent de plus en plus en vente
directe, en lien avec le tourisme, ce

CM. La diploïde d'écloserie
est aussi utilisée dans le cadre
de la production biologique.
La demande est-elle plus forte
aujourd'hui sur ce produit ?
SA. Cela reste encore un mar-

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