Cultures marines n°314 - 48

marché

Entreprise

Saison des huîtres : des volumes
Toujours diﬃcile de tirer un bilan général pour l'ensemble des bassins, néanmoins la ﬁn d'année semble avoir été plutôt bonne
en volume mais aussi du côté des prix, en particulier dans la vente au détail. Cela ne doit pas pour autant cacher les coups durs
encaissés en Méditerranée ou en Bretagne nord.

Les ostréiculteurs normands sont
satisfaits des ventes de fin d'année.
« La qualité a été chahutée par les
coups de vents répétitifs de décembre. Sur des mêmes lots, nous
avions de grandes différences de
taux de chair », assurent unanimement les ostréiculteurs. Pour ceux
qui ont développé des produits
qualitatifs comme Julien Lafosse
ou Mickaël Delisle de Blainville-surMer, les ventes ont été correctes, et
les prix se sont maintenus.
« J'ai mieux travaillé au jour de l'an
qu'à Noël, note Cyrille Lecrosnier,
ostréiculteur à Blainville-sur-Mer et
qui ne vend qu'au détail sur les marchés locaux. Les vacances de Noël
trop tardives ont freiné l'arrivée
des Parisiens. »

f Bretagne nord : de la casse

À Isigny, l'activité a été bonne, tout
comme à Utah Beach où, une fois
de plus, les prix se sont envolés
à 5 euros le kilo en gros. « Reste
cependant un déficit de n° 3 sur
tous les secteurs, car nous avons
manqué de marchandises, déplore André-Gilles Taillepied d'Isigny. Quand les lots étaient beaux,
nous avons eu un réel succès. »
Mais la grande crainte était une
éventuelle fermeture des zones de
production « en raison du déluge
de pluviométrie que nous avons
encaissé en décembre, conclut
Louis Teyssier. Heureusement, il
n'y a pas eu d'effet immédiat sur
la qualité sanitaire ».

Mis à par t la rade de Brest et
quelques secteurs très touchés par
les mortalités, la saison s'annonce
en demi-teinte sur la majorité des
bassins de production de Bretagne
nord. Pour l'huître creuse, les volumes
écoulés à la période des fêtes sont
relativement similaires à la saison
précédente. « Mais on voit une stabilité des prix, voire une baisse ce
qui est plutôt inquiétant », regrette
Stéphan Alleaume, co-directeur des
parcs Saint-Kerber, à Cancale. De
manière générale, l'ensemble des
professionnels estime que, hormis
sur les spéciales, la saison est difficile
au niveau des prix. « Les expéditeurs
bradent les fines », note cet ostréiculteur de la baie du mont Saint-Michel.
Du côté de Fréhel dans les Côtesd'Armor, Pascal Blanchard dresse
un bilan plus inquiétant. « Après le

Ingrid GODARD

À la veille
des fêtes, les
entreprises
avaient fait
appel à des
intérimaires
pour les ateliers
d'emballage.

Ingrid Godard

Demandée
pendant
les fêtes, la
plate n'a pas
bénéficié
d'un bon
prix pour ses
producteurs.

Bruno Saussier

f Normandie : des prix stables

naissain en 2008, et le 18 mois en
2010, là c'est la marchande qui a
été touchée à l'automne dernier. »
Avec ses voisins, il a réussi à passer les
fêtes mais c'est maintenant que les
huîtres vont commencer à manquer.
« À l'œil, nous avons perdu entre
20 et 30 % des marchandes en n° 3
et en n° 4. Quelles que soient les
provenances et les origines, tout le
monde a pris. »
Du côté des plates, le manque
actuel de zéro et de double zéro
prouve que les gros numéros sont
bien partis cet hiver. Mais l'affluence
de petits numéros a augmenté la
concurrence. Et comme les volumes
sont les mêmes qu'à l'hiver dernier,
nombreux sont les éleveurs de plates
à ne pas s'expliquer la baisse des prix.
Bruno SAUSSIER

Si les mortalités sur les huîtres marchandes ont semblé cette année
anecdotiques, les déficits pluviométriques avaient posé la question
d'un possible problème de pousse.
Il n'en a rien été.
« Les volumes étaient bien présents et tout est parti », se félicite
Philippe Le Gal, président du comité
régional conchylicole de Bretagne
sud. « Nous avions autant de n° 2
que de n° 3 », renchérit Jean Mahéo,
président du syndicat ostréicole
d'Étel. Une chose est certaine : le
reclassement sanitaire en A de
plusieurs secteurs a autorisé dès
l'automne 2017 beaucoup de professionnels à ne plus recourir à une
étape de purification obligatoire de

Cultures MARINES n°314 - mars 2018

48 heures. De quoi assouplir la gestion des stocks et satisfaire pleinement une demande qui est restée
globalement soutenue. « Les prix
se sont bien maintenus, au-dessus
de 3 euros le kg pour la n° 3 en gros
au départ du chantier. On peut
convenir que c'était une bonne
saison », assure Philippe le Gal.
Côté valorisation, la vente au
détail continue de tirer son épingle
du jeu avec des prix dépassant
allègrement les 5 euros le kg de
n° 3, parfois plus, alors que l'arrivée
des premières huîtres certifiées bio
risque de jeter un nouveau trouble
dans cet équilibre fragile.
Bertrand TARDIVEAU

Bertrand Tardiveau

f Bretagne sud : une bonne saison

Sur la vente au détail, les prix dépassent les 5 euros le kg pour les n° 3.

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