Cultures marines n°315 - 13

normandie - mer du nord

Actualité

Thierry Hélie : « Le dialogue est essentiel »
CM. D'autres sujets essentiels à
vos yeux ?
TH. L'information est aussi un des
axes prioritaires. Notre CRC doit
s'ouvrir grâce la mise en place d'une
plateforme internet dédiée aux
concessionnaires avec accès aux
textes réglementaires. La communication auprès des consommateurs
est aussi déterminante, à travers les
campagnes publicitaires et nous
n'oublierons pas les moules de
bouchot.

partisane pour amener des solutions
futures à nos élevages. Nous serons
force de propositions, comme sur la
recherche des facteurs environnementaux extérieurs qui favorisent
les pathogènes, sur les problèmes
de phytoplancton et de pollution,
sur les cultures de demain. Mais, il
faut être pragmatique et viser du
concret. On s'interrogera en amont
sur l'intérêt et la pertinence pour la
conchyliculture, le coût et la nécessité de l'action.

CM. Continuerez-vous vos collaborations pour la recherche ?
TH. Nous réintégrons le Centre de
référence aquacole (ex-Centre de
référence de l'huître) de façon non-

CM. Comment se positionner
dans une filière aux orientations
parfois antagonistes ?
TH. Nous sommes à l'écoute des
interrogations et des demandes
des différents secteurs. Les problématiques de la côte ouest ne sont
pas celles du Calvados, et vice versa.
Le dialogue est essentiel. Quant
aux choix du type d'ensemencement ostréicole, il relève d'une
stratégie économique d'entreprise.
Aujourd'hui ces produits sont sur le
marché, libre à chacun de les utiliser
ou non, dans le cadre des réglementations en vigueur.

Ingrid Godard

On ne peut
pas accepter
les fermetures
répétitives.
Thierry Hélie

directeur du CRC

I. G.

Cultures marines. Vous venez
d'être élu à la tête du CRC normand. Quelles sont vos priorités ?
Thierry Hélie. La reconquête de la
qualité des eaux est le combat principal. Nous demandons le respect
de nos productions conchylicoles.
On ne peut pas accepter ces fermetures répétitives comme seule
alternative à la dégradation de l'environnement, ni éluder l'origine de ces
épisodes calamiteux. Nous sommes
déterminés à utiliser l'expertise du
CRC pour accélérer et encadrer des
solutions qui remédieront aux dysfonctionnements identifiés. Maintenant nous voulons du concret. Nous
sommes vigilants et prêts à diverses
actions, y compris en justice.

f Manuel Savary,

Manuel Savary a intégré le CRC
en 2002 comme chargé de
mission et vient d'être nommé
directeur du comité régional
conchylicole normand. « Nous
avons pris cette décision collectivement, précise le président
Thierry Hélie. Il s'agit d'officialiser l'action de Manuel Savary
qui gère déjà les dossiers. Cela
lui apporte toute la légitimité
quand il siège à la place des élus
dans les nombreuses réunions
auprès des institutions et des
pouvoirs publics. »

f Mobilisés pour nettoyer
Les conchyliculteurs du sudSienne ont été nombreux à se
mobilier les 8 et 9 mars, pour nettoyer l'estran sur cette portion de
littoral. Plusieurs remorques de
déchets ont été collectées par les
nombreux bénévoles : des filets
mytilicoles, des poches à huîtres,
des tahitiennes et beaucoup
d'objets provenant de la pêche.

Propos recueillis
par Ingrid GODARD

Annoville : une nouvelle plainte pour pollution

Depuis 2012, Annoville accuse des
fermetures sanitaires pour les élevages, et depuis 2017, pour la baignade et la pêche à pied.

mais nuit aussi à l'activité économique de nos entreprises, avec des
pertes financières importantes. »
Une réputation d'autant plus malmenée que les fermetures ne datent
pas d'hier. Déjà, en 2012, une première action en justice avait amené
le tribunal administratif de Caen à
mandater une expertise judiciaire
pour identifier les différentes origines
de la pollution. Le rapport de l'expert
dressait alors une liste à la Prévert
allant du pâturage ovin dans le marais
de la Sienne au non-entretien par
les riverains du canal du Passevin à
Annoville, en passant par les assainis-

sauvages

sements individuels non conformes
de Regnéville-sur-Mer et les dysfonctionnements répétés des stations
d'épuration dans quatre communes.
« Face à la mise en exergue de ces
tares qui conduisent à la mauvaise
qualité des eaux, nous n'avons
connu aucune amélioration, mais
une dégradation des analyses,
regrette Loïc Maine. Pourtant notre
avocat avait demandé à la souspréfecture quels étaient les moyens
que l'État entendait mettre en
œuvre pour rétablir une salubrité
des eaux littorales. »
I. G.

Comme en 2016 et 2017, quatre
gisements de moules sauvages
de l'est-Cotentin resteront fermés
cette année. Cette pénurie de
moules sauvages est catastrophique pour la soixantaine de
bateaux licenciés.
Le gisement des Essarts serait
éventuellement rouvert. C'est
la seule zone sur laquelle une
ressource a été rapportée. Les
prospections de l'Ifremer qui
devaient se dérouler fin mars
détermineront cette possibilité
sur ce secteur du Calvados.

f Affichage de substitution

I. G.

Les sept entreprises conchylicoles
du secteur d'Annoville ont de nouveau porté plainte contre l'État via le
préfet de la Manche pour pollution.
Avec l'interdiction estivale de vendre
pendant trois semaines en 2017,
et devant l'inertie des collectivités
territoriales, les concessionnaires
réactivent une action en justice en
date du 5 février.
« Nous attendons toujours des
solutions, poursuit Loïc Maine,
premier vice-président du CRC. Les
fermetures de la pêche à pied, de
la baignade et de la commercialisation ne peuvent plus durer. Nous
saisissons donc le tribunal administratif pour que des actions soient
menées afin d'en finir avec cette
épée de Damoclès. Ces fermetures
entachent de façon considérable
la réputation de nos productions,

f Pénurie de moules

Depuis le 1 er janvier 2018, les
affichages de substitution et les
avis d'enquêtes publiques sont
consultables sur le site internet
des services de l'État dans la
Manche. www.manche.gouv.
fr/Politiques-publiques/Merlittoral-et-peches/Conchyliculture
Cultures MARINES n°315 - avril 2018

http://www.manche.gouv

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