Cultures marines n°315 - 27

captage

Dossier

Arcachon : une récolte moyenne
65 huîtres. Cela représente 20 % de
la quantité récoltée en moyenne
sur les neuf années précédentes.
Sur les tuiles, le décompte du Creaa
est de 551 huîtres par collecteur
pour le captage de 2017-2018.
« J'ai peut-être eu cela sur
quelques collec teurs et par
endroits à la fin de l'été mais
aujourd'hui j'en ai plutôt 200 »,
i n d i q u e Té re n c e C a m p a g n e.
L'ostréiculteur de Gujan-Mestras,
qui a fini de gratter ses collecteurs,
évoque entre autres la crotte, un

amas de vase qui fait mourir le
naissain, comme l'une des raisons à
cette déperdition. « De 200 à 300 »,
indique Olivier Laban, l'ancien président du CRC. Dominique Bazeille,
basé à Gujan-Mestras, semble encore moins bien loti. « Sur les hauts
du bassin (NDLR : secteur est), je suis
entre 50 et 100 ; et dans les bas, j'ai
100 à 200 huîtres par tuile. Sur les
coupelles, je suis entre 1 et 30. »
Les espoirs mis dans la ponte
abondante, observée dès le début
juillet, n'ont pas été satisfaits.

Loïc Fabrègues

Il n'y a pas pléthore de naissain à
Arcachon. « L'année 2017 se caractérise par un captage moyen
et plutôt homogène entre les
secteurs », écrit le Creaa dans son
rapport d'évaluation. Le centre régional d'expérimentation et d'application aquacole, en charge de
suivre la reproduction des huîtres
creuses dans le bassin depuis
2016, en donne un aperçu dans ses
chiffres. Selon le dénombrement
effectué en octobre et novembre,
la moyenne par coupelle s'élève à

Le captage à Arcachon a parfois été très variable selon la place des tuiles à l'intérieur des ruchons.

Loïc FABRÈGUES

Le spleen des naisseurs arcachonnais

La saison 2017-2018 va-t-elle être
la goutte de trop pour les quelques
entreprises arcachonnaises dont le
naissain est l'activité principale ? Le
moral devant des cours « au ras des
pâquerettes » n'y est pas. « Cela fait
quatre ans que l'on ne gagne plus
un rond. On n'est plus que cinq
à travailler dans l'entreprise et la
situation est difficile, alors que j'ai
eu plus de dix salariés », indique
Dominique Bazeille. L'ostréiculteur
de Gujan-Mestras, parmi les plus
gros naisseurs du bassin, assure
avoir pris sa décision. « J'arrête. Le
chiffre d'affaires n'est plus là. Je
suis en train de tout vendre. »
Que le cours du naissain soit
chahuté, Térence Campagne en a
pris l'habitude. « Des mauvaises
années, cela a toujours existé. Mais
là, c'est devenu n'importe quoi.
Alors que la commercialisation débute, le prix est déjà inacceptable.
Avant, la baisse du prix du naissain
arrivait seulement en fin de sai-

son », s'agace l'ostréiculteur, basé
sur le port de Meyran. Le seul intérêt
qu'il voit à continuer son activité de
naisseur réside dans la satisfaction
de défendre un savoir-faire unique
et d'avoir un beau produit en un à
un. « On garde heureusement des
clients pour ce naissain naturel de
tuiles, résistant et qui fait une belle
huître », indique-t-il.
Pas suffisant tout de même
pour que le naissain arcachonnais
échappe à ce qui se passe ailleurs et
notamment en Charente-Maritime.
Quand le captage y est important
comme cette année, la baisse des
tarifs, corollaire d'un marché régulé
par l'offre et la demande, impacte
Arcachon. Une baisse dont le résultat est un naissain qui se négocie
au-dessous du prix de la grille, la
référence lors d'une année normale
de commercialisation. « Entre les
écloseries et les coupelles en
Charente-Maritime, cela a tué les
naisseurs à Arcachon », résume,

L. F.

D'une part, peu de larves de cette
cohorte semblent être arrivées à
l'état de fixation. D'autre part, cette
ponte a surtout concerné les secteurs est du bassin. « Le captage a
essentiellement eu lieu entre fin
août et mi-septembre », constate
le Creaa. Il correspond donc à
la seconde ponte de la mi-août
mais avec une présence de larves
beaucoup moins importante que
dans la cohorte de juillet. En lien ou
pas avec ce contexte, « seules les
tuiles situées en haut des ruchons
ont capté correctement. En bas, il
n'y a presque rien », indique Noël
Liaud, un des employés de chez
Bazeille.
Le taux de mortalité du naissain
a, lui, nettement augmenté par
rapport à la saison 2016-2017. De
10 % en moyenne, il est passé à
25 sur les coupelles et 19 sur les
tuiles. « 41 % des mortalités sont
observés sur des naissains de très
petites tailles, inférieures à 2 mm,
alors que les naissains supérieurs
à 15 mm présentent une mortalité
de 5 % », précise le Creaa. La ponte
précoce a au moins eu un avantage.
Il y a du T 12, T 15 et T 18 autour du
bassin d'Arcachon.

Le naissain de tuiles, spécialité arcachonnaise, a heureusement encore
ses clients.

un brin dépité, Dominique Bazeille.
L'achat de parcs de captage par
des entreprises normandes et bretonnes n'a rien fait pour arranger
les choses. « C'étaient nos clients
et désormais ils vendent leur
surplus à leurs collègues sur place
qui étaient eux aussi nos clients »,

relate Fred Bonnieu, dont la vente
de naissains lui sert à financer les
investissements dans son entreprise. Des achats qu'il risque bien
de reporter cette année. « Je ne
vendrai pas aux prix qui circulent.
Ce serait travailler à perte. »
L. F.
Cultures MARINES n°315 - avril 2018

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