Cultures marines n°316 - 13

environnement

Actualité

Indispensables zones humides

Marion Larronde-Larretche

Bonne nouvelle, la pollution aux
matières organiques et phosphorées a été divisée par deux entre
1998 et 2013 dans les cours d'eau
et les masses d'eau. Mais parallèlement, la pollution aux nitrates, elle,
est restée stable. Et la présence de
pesticides est avérée dans 92 % des
points de surveillance de la qualité
des cours d'eau français. Ces résultats sont issus d'un ensemble de
travaux, initiés par le ministère de
l'Écologie en 2012, pour évaluer
les écosystèmes et les services écosystémiques. Le dernier rapport en
date, publié en mars dernier, portait donc sur les milieux humides
et aquatiques continentaux.

Régulation de la qualité de l'eau
Après un état des lieux des
milieux humides et aquatiques,
le document s'intéresse donc aux
services rendus par ces écosystèmes. Il rappelle ainsi l'importance des zones humides, qui ont
diminué de moitié entre 1960
et 1990 à cause de l'urbanisation
et du drainage de terres pour
l'agriculture. « La reconnaissance
internationale et nationale des
différents intérêts que peuvent
revêtir les zones humides a permis un ralentissement de cette
régression sur la période 1990
à 2010, ajoutent les auteurs. Les
superficies des milieux humides
sont ainsi restées stables dans
70 % des cas. »

Parmi les conséquences les plus visibles de l'interaction entre les milieux humides et marins : les marées vertes
liées aux excès de nitrates.

Reprenant une étude datant de
2011 et portant sur le parc naturel
régional des marais du Cotentin
et du Bessin, le rapport rappelle
que le service de régulation de
la qualité de l'eau produit par les
zones humides est profitable à
quatre usages : la conchyliculture,
la pêche à pied professionnelle, la
pêche à pied amateur et l'alimentation en eau potable. Sans zone
humide, les auteurs estiment que
les zones de production de coquil-

lages actuellement classées en A
seraient déclassées en B et celles
aujourd'hui en B passeraient en C.
48 entreprises étaient classées
A à l'époque de l'étude, 75 en B. Le
déclassement de A en B obligerait
les concessionnaires à investir
dans des bassins et systèmes de
purification de l'eau pour un coût
total estimé entre 4 et 5,7 millions d'euros. Le déclassement de
75 entreprises de B en C pourrait,
lui, se traduire par un arrêt de la

production et donc un manque
à gagner de 32,9 millions d'euros.
Cette analyse a été conduite
pour fournir « des références
nécessaires permettant d'éclairer les décisions concernant ces
milieux », indiquent les auteurs.
Aujourd'hui les milieux potentiellement humides couvrent
13 millions d'hectares, soit 23 % du
territoire métropolitain.
Marion LARRONDE-LARRETCHE

Moins de plastique dans la Manche
et la mer du Nord

Agriculture bio :
un plan d'un milliard d'euros

Depuis la mise en place de taxes
sur les sacs plastique dans plusieurs
pays européens, on en trouverait
30 % de moins dans les fonds
marins de la Manche, de la mer du
Nord et de la mer d'Irlande, selon
une étude publiée dans le journal
Science of the Total Environment.
« Nous avons observé de fortes
b a i s s e s d u p o u rc e n t a g e d e
sacs en plastique capturés par
les filets de pêche au chalut au
Royaume-Uni par rapport à 2010,
a déclaré Thomas Maes, du Centre
pour l'environnement, la pêche et
l'aquaculture, auteur principal de

D 'ici 2022, Stéphane Traver t,
ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation, souhaite que 15 % de la
surface agricole utile française soit
estampillée agriculture biologique
ou en cours de conversion pour « répondre à la très forte demande des
consommateurs et aux attentes
sociétales en matière d'environnement et de bien-être animal ».
Pour y parvenir, le gouvernement
débloquera 1,1 milliard d'euros de
crédits. Le second objectif de ce
programme Ambition bio 2022 est
d'atteindre le seuil de vingt produits
bio en restauration collective.

l'article. Il est encourageant de voir
que les efforts de toute la société,
que ce soit le public, l'industrie,
les ONG ou le gouvernement pour
réduire les sacs en plastique ont
un effet. »
L'Irlande et le Danemark ont
été les deux premiers pays à faire
payer les sacs plastique, en 2003.
En France, ces sacs à usage unique
sont interdits depuis le 1er juillet
2016. Et en 2020, ce sera au tour de
la vaisselle jetable et des cotonstiges d'être prohibés.
Kévin STORME

Les axes de travail identifiés sont
le développement de la production,
la structuration des filières, le développement de la consommation, le
renforcement de la recherche et la
diffusion des résultats. Mais aussi la
formation des acteurs agricoles et
agroalimentaires et enfin l'adaptation de la réglementation. Stéphane
Travert a annoncé le lancement de
ce plan début avril. La présentation
du programme finalisé se fera à
l'occasion du printemps de la bio,
durant la première quinzaine de juin.
M. L.-L.
Cultures MARINES n°316 - mai 2018

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