Cultures marines n°316 - 34

recherche

Entreprise

Acidification : l'huître va-t-elle s'adapter ?
rendement en larves D... Ils vont
aussi examiner les larves produites,
et regarder de près leurs taux de
croissance et de survie, le comportement à la métamorphose. Enfin la
croissance, la survie et la résistance
aux pathogènes du naissain sera
étudié.

Des résultats pour l'été

Ifremer

En 2100, les océans devraient être
plus acides, avec un pH diminué de
0,3 unité par rapport à aujourd'hui,
et plus chauds, avec une température augmentée de 3 °C (1).
Comment les huîtres vont-elles
réagir à ces changements annoncés ? Peuvent-elles s'acclimater ?
Peuvent-elles s'adapter ? Ce sont
les questions auxquelles tentent de
répondre l'Ifremer et l'université de
Bretagne occidentale avec le projet
Pacio financé par la Fondation pour
la recherche sur la biodiversité.
Les huîtres vivent déjà dans des
milieux souvent acides, les estuaires,
au pH plus faible que les eaux du
large et qui varie quotidiennement.
Mais les changements climatiques
annoncés seront très rapides et des
expériences précédentes ont déjà
montré que le naissain d'huîtres
était par exemple « plus sensible
à l'herpès virus dans un milieu
acidifié », prévient Fabrice Pernet. Le
chercheur de l'Ifremer, qui a réalisé
ces premiers tests, rapporte des mortalités de 50 % pour le lot témoin et
de 62 % pour le naissain baigné dans
une eau plus acide. Avec ce nouveau
projet, mené à une échelle plus large,
Fabrice Pernet s'attend donc « à voir
des effets » sur l'affaiblissement de la
réponse immunitaire par exemple et
donc sur la survie.

Les huîtres ont été plongées dans les conditions d'acidité et de température attendues pour 2100.

Le s e x p é r i m e n t a t i o n s o n t
démarré en janvier avec le conditionnement des géniteurs. Quelque
400 animaux ont été baignés dans
une eau soit plus acide (pH diminué de 0,3 unité), soit plus chaude
(température augmentée de 3 °C),

soit plus acide et plus chaude, soit
enfin dans une eau au pH et à la
température normaux pour notre
époque, c'est le lot témoin. Sur les
populations adultes, les chercheurs
mesurent la fécondité, la qualité des
gamètes émis, le taux de fertilité, le

Puisque les scientifiques s'intéressent à deux générations d'animaux, celle exposée et sa descendance, ils vont pouvoir savoir si les
huîtres adultes s'acclimatent à des
eaux plus acides et/ou plus chaudes
et si l'on observe des mécanismes
d'adaptation en une génération.
« Les larves sont actuellement en
élevage », commente Fabrice Pernet
qui espère donc des résultats « au
début de l'été ».
La partie huîtres creuses du projet
est traitée à Argenton (Finistère nord)
mais le programme comporte aussi
un volet huîtres perlières avec des
expériences similaires réalisées en
Polynésie, et des tests sur les poissons, menés eux aussi en Bretagne.
Marion LARRONDE-LARRETCHE
(1) Selon les prévisions du groupe
d'experts intergouvernemental sur
l'évolution du climat.

Quatre nouvelles espèces de microalgues
fiques de l'Ifremer pour les analyser.
Le bilan de cette alliance peu
commune est la découverte d'au
moins quatre nouvelles espèces de
phytoplancton.

Association Le Grand voyage

Il aura fallu quatre mois aux élèves
du lycée maritime et aquacole
de La Rochelle pour récolter des
échantillons dans l'Atlantique nord
puis près de trois ans aux scienti-

Plus de trente élèves du lycée maritime et aquacole
de La Rochelle ont participé à cette mission scientifique.

Cultures MARINES n°316 - mai 2018

Quatre équipages de huit à neuf
élèves, âgés de 15 à 17 ans, se sont
ainsi relayés à bord de K.VIII, un voilier de 23 mètres ancien vainqueur
de la Route du rhum, alors que
douze autres élèves se succédaient
à bord de l'Hermione. L'objectif
premier de ce voyage était de
gagner l'Amérique sur les traces de
La Fayette. L'épopée a donc démarré
à La Rochelle en avril 2015 pour se
poursuivre aux Canaries, à New York,
à Saint-Pierre-et-Miquelon avant un
retour à Brest en août 2015. Au-delà
de l'aspect historique de cette expédition, les lycéens avaient aussi une
mission scientifique à tenir : ils ont
rapporté une quarantaine d'échantillons prélevés en une vingtaine de
points de l'Atlantique nord.
Fixées dans une solution iodée,
les micro-algues récoltées ont par
la suite été confiées aux chercheurs

de l'Ifremer qui ont pu observer les
échantillons au microscope puis
analyser leur ADN. Quatre nouvelles
espèces de phytoplancton ont donc
été décrites. Parmi elles, une espèce
d'Alexandrium, de la même famille
que celles produisant des toxines
aux effets paralysants.
Les scientifiques de l'Ifremer ont
aussi pu comparer les échantillons
ramenés par les élèves avec ceux
récoltés lors d'une efflorescence exceptionnelle observée dans la baie
de Concarneau en 2014 et 2015.
Cela leur a permis de confirmer
le lien entre les phénomènes de
hausse de température observés
depuis les années 2000 sur le littoral
breton et la présence de microalgues exotiques, habituellement
trouvées dans les eaux chaudes
subtropicales.
M. L.-L.

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