Cultures Marines n°317 - 18

bretagne nord

Actualité

à Plouézec
L'association Récif goëlo envisage
l'implantation de récifs artificiels
en béton coquilliers au large
de Plouézec, entre la pointe de
Bilfot et celle du Minard. Le but,
une première en Bretagne, serait
d'en faire un laboratoire scientifique pour l'étude des espèces,
en croisant les doigts pour que
certaines d'entre elles, disparues
ou raréfiées, refassent leur apparition. Le projet complet, évalué à
150 000 euros, pourrait accueillir
en surface un champ d'algues
expérimental en lien avec le Ceva
et des professionnels.

Pour Stéphane Hesry, l'armateur
du Papy, seul navire de pêche crépidulier de France, c'est un demisoulagement. Après 18 mois de
sommeil forcé, il a pu reprendre sa
pêche en baie du mont Saint-Michel, avec trois sorties par semaine.
« À raison de 60 tonnes par
semaine, c'est plutôt intéressant,
souligne le mytiliculteur, par ailleurs dirigeant de la société Cap
à l'ouest. Grâce à son réseau de
grossistes et à ses capacités à
l'export, le groupe Lequertier
(NDLR, repreneur de l'usine de
décorticage et de congélation de
crépidules d'Atlantic Limpet Development, à l'origine du projet) y est
allé prudemment. Aujourd'hui
l'usine est repartie et la pêche se
passe très bien. »
Tout serait parfait si le Papy se
voyait renouveler son autorisation
expérimentale de collecte des crépidules avant le 30 juin, date à laquelle ladite autorisation prendra
fin. « L'État considère que nous
sommes sur de la pêche traditionnelle, donc qu'il nous faut un
permis de mise en exploitation,
alors que nous estimons qu'il
s'agit de récolte. » L'armateur a
fait ses comptes : il lui en coûterait
20 000 à 25 000 euros d'investis-

B. S.

f Deuxième salve
anti-algues vertes

Après le premier plan de lutte
contre les algues vertes qui concernait la période 2011-2016, Lannion
Trégor communauté a signé, fin
avril, son deuxième plan en la
matière courant jusqu'en 2021.
Trois bassins versants sont concernés : la lieue de Grève, la baie de
Lannion, le Léguer. C'est celui de
la lieue de Grève qui concentre
le plus d'efforts. Chaque année,
entre 19 000 et 24 000 m3 d'algues
vertes y sont ramassés, pour un
coût d'environ 700 000 euros.
Bonne nouvelle, le taux de nitrate
est passé de 30 à 23 mg/l dans
cinq cours d'eau. L'objectif est de
passer sous les 20 mg/l d'ici 2021.

À l'autre bout de la Bretagne, la
rade de Brest fait aussi ses comptes
en matière de crépidules. Fin avril,
l'Institut français de recherche pour
l'exploitation de la mer a lancé une
étude scientifique pour déterminer
l'évolution de la population du coquillage dans différents secteurs de
la rade. Pour lui prêter main-forte,
l'Ifremer dispose d'un tout nouvel

Cultures MARINES n°317 - juin 2018

sement supplémentaire s'il devait
obtenir ce permis. Impensable.
Car même si le groupe Lequertier paie 50 euros la tonne, l'exploitation du Papy est toujours déficitaire. « On perd de l'argent quand
on sort faire dix heures de pêche
avec trois gars sur le bateau. »
Stéphane Hesry, lui qui s'est toujours vu comme un protecteur de
la baie, ne comprend pas pourquoi
il ne reçoit aucune aide de l'État ni
du collectif de conchyliculteurs de
la baie pour poursuivre sa croisade
contre le coquillage envahisseur.
Mais il reste déterminé et a deux
solutions en tête : que l'État consi-

atout : le Pagure, une sorte de luge
équipée d'appareils photo et vidéo.
« En quelques heures, il nous
permet d'explorer des surfaces
importantes », explique Antoine
Carlier, chercheur au laboratoire
d'écologie benthique côtière de
l'Ifremer.
Avec cette étude, l'Ifremer souhaite comprendre les variations de

Ocean3

pour les palourdes

Depuis la reprise de la pêche, en avril, les stocks diminuent de 60 tonnes
par semaine dans la baie du mont Saint-Michel.

dère le prélèvement de crépidules
comme une concession ; et qu'on
l'autorise à amarrer son Papy au
port du Vivier-sur-Mer, ce qui lui
ferait gagner deux heures de route
par jour de pêche. Et autant de
masse salariale.
« Je n'ai pas besoin qu'on
me donne une enveloppe, j'ai
besoin qu'on me donne un coup
de main. » Si rien ne bouge d'ici
le 30 juin, il se verra contraint de
jeter l'éponge. Or, Stéphane Hesry
ne constate « pas du tout de raréfaction des stocks ».
Bruno SAUSSIER

f Vers une baisse naturelle des stocks ?

f Bonne saison
Depuis trois ans, l'association des
pêcheurs plaisanciers de MartinPlage (Côtes-d'Armor) répond à
l'appel de la fédération nationale
de la pêche et des plaisanciers
pour amender son étude sur
la palourde. Le but ? Effectuer
18 prélèvements, trois fois par
an, sur le même périmètre pour
identifier, mesurer, trier et noter
le nombre de palourdes trouvées. Premières impressions : « La
ressource est abondante, même
dans les endroits régulièrement
grattés par les pêcheurs à pied »,
se félicite Paul Ropert, le président
de l'association.

Bruno Saussier

Crépidules : urgence à l'est, comptage à l'ouest

f Des récifs artificiels

Le Pagure, outil d'imagerie sous-marine, a sillonné les bancs de crépidules
de la rade de Brest.

populations de crépidules observées dans la rade. De 20 000 tonnes
en 1995, le stock serait monté
jusqu'à 120 000 tonnes en 2000
avant de revenir à son premier
niveau. Trois secteurs seront passés
au crible : une zone de forte densité (jusqu'à 2 000 individus au m2)
dans le chenal de l'Élorn ; un fonds
historiquement colonisé au sud-est
mais présentant actuellement une
faible densité d'individus vivants
et d'importantes accumulations
de coquilles vides ; et enfin un
fond entièrement recouvert de
crépidules mortes dans la partie
sud-ouest de la rade.
S'il s'avérait que l'espèce s'autorégule de manière à ne pas saturer
les fonds ni appauvrir la biodiversité, voilà qui pourrait être une bonne
nouvelle pour les 125 entreprises
conchylicoles de la baie du mont
Saint-Michel.
B. S.

Table des matières de la publication Cultures Marines n°317