Produits de la mer - n°165 - septembre 2016 - 47

époque, ne relevait aucune mortalité particulière dans son secteur. « Mais la menace demeure ». Les mytiliculteurs de Pénestin, qui ont produit 3 000 tonnes de moules en 2015, luttent contre un autre fléau : la prolifération des étoiles de mer, sans doute liée aux fluctuations des apports d'eau douce. Un prédateur à l'origine de pertes atteignant jusqu'à 60 % selon les secteurs, avec pour résultat une légère baisse des volumes produits l'an dernier, de juillet à novembre. « Ils pourraient encore diminuer un peu cette saison »,, notait alors Axel Brière. saison » « En baie du mont Saint-Michel, nous avons la chance d'être épargnés par les mortalités, commentait Stéphane Hesry, dirigeant de Cap à l'Ouest. l'Ouest. Nous avons deux atouts : un très fort marnage dans la baie, mais aussi sa gestion par les mytiliculteurs, qui ont limité les quantités produites pour obtenir une moule plus qualitative. » Hypothèse : une moindre concentration peut contribuer à une meilleure résistance. En tout cas, « le secteur n'a connu aucun phénomène de mortalité depuis les années quatre-vingt ». quatre-vingt ». Quant à la saison, qui devait démarrer mi-juillet pour s'achever fin janvier mi-février, elle s'annonçait plutôt bonne en juin, en quantité comme en qualité. Arnaud Delangle, directeur de Cultimer, citait aussi, parmi les secteurs épargnés, la baie de Saint-Brieuc. Il se disait en revanche plus prudent quant au bassin normand, en raison de quelques alertes inquiétantes les jours précédents. Mais pour l'essentiel, les jeux étaient déjà faits. « Il va manquer environ 15 000 tonnes de moules »»,, rappelait-il. Aux pertes en Charente, il faut ajouter celles de La Plaine-sur-Mer et la fermeture du gisement de Barfleur dont la production habituelle est d'environ 5 000 tonnes. « La Barfleur est fortement consommée localement. Son absence va entraîner un report sur la bouchot cet été », jugeait le dirigeant. « En 2014, la production de Normandie et de Bretagne nord avait en partie compensé le déficit de 7 000 à 8 000 tonnes de la Charente, seule touchée. Cette année, l'effet cumulatif devrait générer une plus forte perturbation du marché. » Toutefois, « il n'y aura pas forcément d'augmentation des prix, car celui-ci est aussi lié à la qualité du produit », estimait Guillaume Tanguy, acheteur chez Demarne, convenant que les mortalités mettent une forte pression sur le marché, « mais les producteurs touchés ont aussi une demande sur leurs marchés en région ». D'où la nécessité de se tourner vers d'autres bassins pour la bouchot. Pas évident car la pousse n'était pas en avance en baie de Saint-Brieuc mi-juin. La saison de la baie du mont Saint-Michel n'était pas encore ouverte, et celle de Pénestin encore lointaine. Solution pour les acheteurs : se reporter sur la moule de Hollande dont la 7 000 t par an de moules de pêche françaises, tous gisements confondus Source : Irish Food Board d'après FAO L.F. DR Dossier ❘ MOULES saison ne tarderait pas à ouvrir, bien que ce ne soit pas le même produit. « En France, la bouchot se vendra jusqu'à ce qu'il n'y en ait plus, jusqu'en janvier-février. Mais les stocks pourraient s'écouler plus vite cette année »»,, estimait Demarne. C'est ensuite la moule de corde d'Irlande, de janvier à mars, qui prendra le relais. Encore différente, la moule de corde du Danemark, disponible de mars à avril, est peu vendue en France. Il est vrai que si la moule de corde d'Espagne est présente toute l'année, le mois de mars signe l'arrivée de la Mytilus galloprovincialis d'Italie, suivie en mai par celle de France. Et si l'alternative se trouvait être, finalement, la moule de corde de Méditerranée ? ■ Répartition de la production européenne Danemark de Mytilus edulis 18 % Pays-bas 17 % France 35 % Allemagne 11 % Autres 2% Irlande 8% Royaume-Uni 9% Source : FAO L'Union européenne produit chaque année 190 000 tonnes de Mytilus edulis. PRODUITS DE LA MER N°165 SEPTEMBRE 2016 ❘ 47 ❘

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