Produits de la mer - n°173 - juin 2017 - 43

Actu ❘ TENDANCES des MARCHÉS

USA ❘ La filière américaine craint l'impact du Ceta

5 000 t de crevettes
2 000 t de homard cuit ou congelé
et 240 t de homard vendu transformé
3 000 t de saumon
200 t de sardines
44 t de crabes
50 t de harengs
10 t de flétan

Pour ne pas être soumis à des droits de douane,
les produits de la mer transformés canadiens
doivent avoir été pêchés dans les eaux
canadiennes ou ZEE par des bateaux canadiens
sauf pour les quotas ci-dessus. Pour les produits
pêchés et transformés au Canada mais expédiés
via les USA, les contrôles seront renforcés.

« Nous savons que le Ceta, le traité de libreéchange entre l'Union européenne et le
Canada, va faire mal à l'industrie américaine », lance Stéphane Vrignaud, représentant pêche de la Noaa auprès de
l'Union européenne, à un public restreint d'acteurs américains à l'occasion du
Seafood Expo Global. Difficile d'en chiffrer
l'impact, les scenarii sont trop nombreux,
mais « déjà, le dollar américain est plus fort
que le dollar canadien, alors sans droits de
douane, leurs homards notamment seront
plus compétitifs que les nôtres, explique le
responsable. Après, tout dépend de l'arbitrage que feront les Canadiens entre augmenter leurs marges ou réduire les prix pour
conquérir les marchés ».
Les Américains se préparent donc au pire
pour le 1er juillet, date à laquelle l'accord
pourrait devenir opérationnel. « Toutes les
pistes sont explorées, à commencer par la
promotion des espèces américaines sur le
territoire américain. L'export dans d'autres
régions du monde est bien sûr envisagé.
Mais comment se couper du marché euro-

péen, dont le pouvoir d'achat à l'ouest est
important et la dynamique de consommation progresse à l'est. »
Négocier des droits de douanes nuls
avec l'UE sur le seul secteur des produits
de la mer est impossible. Seules possibilités : tenter de profiter au mieux des quotas de l'Union sans droits de douane offert à
tous les pays tiers pour les espèces destinées
à la transformation
n et réussir à les négocier
à la hausse en 2018.
8. Enfin, dans le cadre du
Ceta, les Canadiens disposent, pour certaines
espèces, d'une dérogation
ogation à la règle
d'origine pour une partie de leur
matière première. S'ils sont utilisés, ces quotas progresseront
ogresseront
de 10 % l'an. Une opporpportunité pour les USA.
A.
C. A.
. A.

STÉPHANE VRIGNAUD
D
REPRÉSENTANT
DE LA NOAA

S.V.

Les dérogations à la règle d'origine
côté canadien

EUROPE ❘ La douce progression des produits de la mer bio
La production aquacole bio
de l'UE en 2015

52 000 t

de produits aquatiques bio ont été
produites dans l'Union européenne
en 2015,

soit
de la production
aquacole européenne

Les cinq premiers producteurs
Irlande
Italie

22 000 t
8 500 t

France

4 200 t

Hongrie

3 498 t

Royaume-Uni

3 382 t

Alors que le bio conquiert les filières agricoles à grands pas, la percée de la certification balbutie encore dans les filières des
produits de la mer. La production bio ne
représente pas plus de 4 % de la production aquacole européenne. Les disparités
par pays sont importantes. En Irlande, la
part de la production bio dépasse les 55 %,
contre 5,7 % en Italie ou 2 % en France,
pourtant deuxième et troisième producteurs de produits aquatiques bio d'Europe... En Lituanie, Hongrie et Roumanie,
la part de l'aquaculture certifiée atteint
respectivement 25,1 %, 20,2 % et 18 %
de la petite production aquacole. Chez
les géants de l'aquaculture que sont l'Espagne et la Grèce, la part du bio n'est que
de 0,4 %.
Néanmoins, entre 2010 et 2015, le bio
dans l'aquaculture européenne a progressé : +24 % sur le saumon,
+100 % pour la truite arc-enciel et +200 % pour les bars et
daurades. Pour la truite, l'enL.F.
quête de l'Eumofa l'explique

assez facilement : le différentiel de prix
obtenu par les producteurs de bio par rapport à un élevage standard permet non
seulement d'absorber les surcoûts de
production, mais en sus de dégager des
marges supplémentaires tant la demande
des fumeurs est importante. Idem pour les
moules. Pour le saumon, si le différentiel de
prix permet d'absorber les surcoûts liés à
la production bio, il ne permet pas forcément de dégager des marges supplémentaires, sauf au Royaume-Uni.
Pour le bar et la daurade, comme pour
la carpe, il en va autrement. Le positionnement premium des produits ne suffit
pas à couvrir les surcoûts d'une production bio. Sans subventions, les producteurs de carpes auraient même fait faillite
indique l'Eumofa. Un frein au développement. Or, tant que la production restera
limitée, les coûts logistiques associés freineront le développement du marché en
GMS, qui préfèrent miser sur les labels
MSC ou ASC.
C. A.

PRODUITS DE LA MER N°173 JUIN 2017

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