Produits de la mer - n°173 - juin 2017 - 52

Dossier ❘ CRUSTACÉS

Langouste : vers un retour ?

Armel Bonneron / Agence des Aires marines protégées

Autre crustacé de luxe,
la langouste a une aura
certaine auprès
des consommateurs.
Mais derrière ce nom
se cache de multiples
espèces. De nos côtes,
la langouste se fait rare.

ur les étals, les consommateurs ont
souvent affaire à des langoustes
exotiques. Les importations en
2016 ont dépassé les 2 800 tonnes
et les 77 millions d'euros. Bien loin des
chiffres révélés par France Filière Pêche
pour les langoustes rouges (Palinurus
elephas) pêchées en France, dont les
20 tonnes de captures génèrent quand
même 1 million d'euros. Rien à voir avec
les 850 tonnes de langoustes pêchées
dans des années cinquante.
Toutefois, depuis 2007, les producteurs bretons réagissent. Sur la chaussée de Sein, un cantonnement a été mis
en place pour y restreindre toutes les
actions de pêche. En 2009, alors que le
Parc naturel marin d'Iroise et l'Ifremer
assurent le suivi scientifique de cette
opération sur les stocks, les pêcheurs

Campagne de marquage de langoustes dans le cantonnement de l'île de Sein.

choisissent d'augmenter la taille minimale de capture à 110 mm, quand celle
adoptée par l'Union européenne est de
95 mm. En 2011, ils acceptent de fermer la pêche du 1er janvier au 31 mars
sur l'ensemble du territoire national,
puis jusqu'au 31 mai pour les femelles
grainées. « Cela permettait d'assurer
au moins une reproduction avant cap-

Contre le vol ? Heol !
u la valeur des langoustes ou des homards, laisser traîner ses casiers peut
attiser les convoitises de certains. « Nous ne disposons pas de chiffres précis
sur les pertes générées par les vols de ou dans les casiers, au contraire de ce que
nous avions pour les huîtres. Mais je vis près de la mer et je sais l'importance que
cela a pour les pêcheurs. » Olivier Descoubès, responsable de la société bretonne
Heol Design, a donc décidé de faire évoluer son offre de systèmes de synchronisation à base de GPS, utilisés aussi dans l'industrie offshore du pétrole, vers
des marchés de niche. Ainsi, la balise Sea Tracker permet
de protéger, outre les parcs à huîtres et les moteurs horsbord, les casiers à crustacés.
Le principe ? Un boîtier équipé d'une puce GPS et d'une
autre GSM est moulé dans la résine et émergé sur le casier. Activé via
un aimant, il se met en veille sur le fond, mais sa balise se rallume
s'il est sorti de l'eau et envoi une alerte par SMS. « L'offre commerciale est aujourd'hui autour de 160 à 170 euros par boîtier,
mais le coût baissera avec les volumes. En attendant, nous proposons aussi des abonnements mensuels autour de 10 euros. »

D.G
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PRODUITS DE LA MER N°173 JUIN 2017

En 2014,
les importations
de langoustes
n'étaient que de

2 625

t
contre 2 812 t
aujourd'hui. Signe
que la demande est là.

ture, détaille Erwan Quemeneur, chargé
de mission au Comité des pêches du
Finistère. Désormais, c'est même à l'année
que ces femelles ne sont plus pêchées. »
Parallèlement, le travail de marquage
entrepris dans le cantonnement de Sein
s'est élargi à toute la façade MancheAtlantique. « Nous avions repéré une abondance de langoustes de petites tailles et souhaitions notamment disposer de courbes
de croissance. France Filière Pêche a investi
dans notre projet. »
Claire Laspougeas, chargée de mission pêche professionnelle du Parc
d'Iroise, se satisfait des résultats obtenus,
« intéressants tant sur le plan de la ressource
que sur celui de la connaissance scientifique
de l'espèce. Les mesures de gestion semblent
efficaces. L'abondance augmente sur la zone
et le recrutement de jeunes langoustes est
généralement bon depuis deux ou trois ans.
Nous sommes un laboratoire depuis lequel
quelque chose rayonne ».
La Palinurus elephas, principalement
pêchée dans la zone Iroise, est aujourd'hui
achetée aux pêcheurs au prix moyen de
45-50 €/kg. Elle est capturée par quelques
centaines de petits bateaux, principalement des fileyeurs, même si le retour au
casier bois à l'ancienne est expérimenté en
mer d'Iroise. ■

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