produit de la mer - n°177 - Novembre 2017 - 46

Dossier ❘ PECTINIDÉS

France : belle saison en vue
La campagne en cours
s'annonce sous les meilleurs
auspices en Normandie.
Quant à la Bretagne nord,
elle espère recouvrer
ses volumes, après
une baisse des captures
la saison dernière.

Lionel Flageul

omme chaque année, l'Ifremer
a évalué le stock de coquilles
Saint-Jacques du gisement
classé de la baie de Seine et
de la zone nord directement limitrophe,
appelée « proche extérieur », lors de la
campagne scientifique estivale Coquilles
Manche Orientale (COMOR).
Les résultats sont très encourageants :
la biomasse potentiellement exploitable
atteint un niveau record, largement supérieure à la moyenne des 10 dernières
années. Cela tient principalement à un
recrutement exceptionnel de coquilles
de deux ans. « Les professionnels ont toutefois décidé de maintenir en baie de Seine
le même nombre de licences que l'an dernier avec le même niveau de quota », précise
Manuel Évrard, directeur de l'Organisation
des pêcheurs normands (OPN).
La saison dernière, les apports en
Normandie et dans les Hauts-de-France
avaient déjà atteint 15 000 tonnes au total.
Le prix moyen s'était maintenu à un niveau
élevé sur les criées de Manche est : 3,49 €/
kg, permettant une progression de 17 %
du chiffre d'affaires à la première vente. « Un
excellent bilan », commente Manuel Évrard.

En collaboration avec le From Nord, l'OPN a
lancé une pré-évaluation MSC de la pêcherie.
En Bretagne nord, mi-septembre, les préconisations de quotas de l'Ifremer n'étaient
pas encore connues. « Une étude menée à
l'initiative du CDPMEM (1) des Côtes d'Armor a
conduit à une décision volontaire des producteurs par rapport aux engins de pêche », rappelle toutefois Damien Venzat, secrétaire
général de l'OP Cobrenord. Le maillage des
dragues en baie de Saint-Brieuc passe cette
année de 92 cm à 97 cm, afin de trier sur
le fond et non sur le pont. Cette sélectivité
limitera la mortalité des petites coquilles.
La dernière campagne a donné globalement satisfaction. Même si les volumes
ont baissé d'environ 550 tonnes, n'atteignant au total que 6 292 tonnes, dont
5 050 tonnes pour le gisement principal
de la baie de Saint-Brieuc. Plutôt bon, le
prix moyen de 2,42 €/kg, contre 2,20 €/kg

6 450

de saint-jacques
fraîches consommées
par les ménages
français en 2016,
dont 1 600 tonnes
décortiquées
Source : FranceAgriMer

lors de la précédente campagne a permis
le maintien du chiffre d'affaires. « Certaines
années, les prix ont pu être sensiblement
comparables en Manche est et en Manche
ouest. Mais la coquille bretonne est pêchée à
10,2 cm en moyenne, contre 11 cm pour la
normande, et son rendement en noix est de
10-11 %, contre 15-16 % pour celle de la baie
de Seine », explique Damien Venzat.
Bien que moins présente localement
sur les étals, la noix britannique stimule
la concurrence. « Vendue 20-25 €/kg au
consommateur, elle est au minimum 10 €/kg
moins chère que la nôtre, dont les prix s'envolent à 40-50 €/kg en fin d'année. » Un écart
de prix qui, de l'avis de tous, n'est pas lié au
Brexit. Même si la livre a enregistré un recul
par rapport à l'euro. ■
(1) Comité départemental des pêches maritimes
et des élevages marins

Demandez la noix fraîche

Lionel Flageul

❘ 46 ❘

PRODUITS DE LA MER N°177 NOVEMBRE 2017

'an dernier, seuls 38 % des volumes de coquilles débarqués en Bretagne nord sont allés à
la transformation assurée par Celtarmor (Groupe Fipêche), qui achète aussi sur d'autres
criées. « C'est relativement peu. Cette part peut atteindre 50 % lorsque le marché est saturé
par des débarquements plus importants », commente Damien Venzat, secrétaire général
de l'OP Cobrenord. Si Celtarmor produit principalement de la noix surgelée, il s'attache
aussi à développer le frais. « La demande de noix fraîche se développe, en GMS comme en
RHD », confirme Olivier Bigot, directeur commercial d'Ame Hasle. « Certains rayons marée
ont décidé de ne plus assurer eux-mêmes le décorticage. » Alors, aux côtés d'opérateurs bretons ou normands assez importants, des ateliers de décorticage ont récemment ouvert,
comme sur la Côte d'Opale. Mais les GMS importent aussi des noix du Royaume-Uni, pour
répondre à la demande.

Table des matières de la publication produit de la mer - n°177 - Novembre 2017