Produits de la mer - n°178 - décembre 2017-janvier 2018 - 34

Dossier ❘ ÉCOSSE

Brexit : tout le monde
dans le même bateau
Malgré l'incertitude liée au Brexit, les Écossais
investissent dans de nouveaux bateaux
et dans des outils de transformation. Mais l'accès
au marché européen et l'emploi de travailleurs
étrangers seront déterminants.

De son côté, George Nolan, président de
Nolan Seafoods, voit les effets positifs de la
politique européenne sur la reconstitution
des stocks : « Le poisson est là et les débarquements vont augmenter. » Même si la
perspective du Brexit l'incite à développer
l'export au Canada, en Australie et en Asie, il
poursuit sa politique d'investissement.
Ian Lake, chez Caley Fisheries, ne croit
pas à un Brexit dur : « Vu les relations étroites
qui existent depuis des années, nous sommes
condamnés à nous entendre avec
l'Union européenne. Ne croyez pas
que l'Écosse va capter davantage de
poisson. Londres va utiliser la pêche
comme monnaie d'échange pour
préserver son agriculture. »

500 000

débarquées
au Royaume-Uni
en 2016 dont 70 %
en provenance d'Écosse.

La France
est le 1er client
du Royaume-Uni.

Consignes en plusieurs langues s'imposent dans les ateliers.

À Grimsby, l'inquiétude domine

ontrairement aux Écossais qui exportent en euros vers l'Europe, le premier pôle britannique
de transformation de produits de la mer qu'est Grimsby est plus sensible à la descente de
la livre, du fait de sa dépendance à l'import. Les conteneurs de poissons blancs islandais, des
Féroé ou de Norvège se destinent à une seconde ou troisième transformation par des industriels qui ciblent le marché domestique, axé sur le produit prêt à consommer. Les transformateurs de Grimsby, qui soulignent la fin des aides européennes à l'investissement, redoutent les
difficultés d'accès à la matière première et les barrières douanières au Royaume-Uni.

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PRODUITS DE LA MER N°178 DÉCEMBRE-JANVIER 2018

B.V.

Armateurs et transformateurs britanniques
ne peuvent pas se passer de main-d'œuvre étrangère.

B.V.

résident de l'association des
mareyeurs écossais, David Leiper
annonce clairement la couleur
sur le Brexit : « Nous allons récupérer du quota. De nouveaux bateaux sont
en construction et la production va pouvoir augmenter. Les transformateurs doivent
saisir l'opportunité sinon le poisson partira
ailleurs » L'entreprise qu'il dirige, Seafood
Écosse, est propriétaire de trois coquillards
et son usine est en phase d'agrandissement. L'investissement de 2,2 millions d'euros sera opérationnel en mars 2018. Il vise
en particulier à optimiser le décorticage des
noix. La saint-jacques, la lotte, la langoustine
et le poisson blanc pèsent 90 % des ventes
de Seafood Écosse, dont 60 % en France.
Présente à l'achat sur les principaux ports
écossais, Seafood Sourcing réaménage
l'ancienne usine Young's, à Fraserburgh,
pour transformer du poisson blanc.
Quatre associés, dont l'entreprise Poppe à
Boulogne-sur-Mer, ont investi dans le projet. « Nous réfléchissons au meilleur moyen
de valoriser l'outil avec une offre élaborée
comme des longes ou des dos, avec ou sans
peau. L'activité démarrera en 2018 », précise
son directeur Michael Leiper, fervent partisan du Brexit : « Fini les bateaux français qui
débarquent directement leurs captures dans
des camions, direction le continent... »

Étant donné l'importance de la pêche
écossaise au sein de la production halieutique britannique et des flux de produits
de la mer vers le continent, les enjeux sont
importants : 70 % des débarquements
du Royaume-Uni proviennent des ports
écossais, soit environ 350 000 tonnes.
Peterhead, Fraserburgh et Lerwick aux
Shetland concentrent, à eux trois, 70 % des
apports. Un tiers des transformateurs de
produits de la mer britanniques opèrent
en Écosse. Peu concentrée, avec un grand
nombre d'entreprises de moins de
20 salariés, la centaine de mareyeurs
écossais exerce surtout une première
transformation avec le filetage et l'expédition d'espèces fines : langoustine,
noix de Saint-Jacques, lotte, homard...
Pro-Brexit ou non, les mareyeurs
écossais sont très dépendants du marché européen. L'Union est le premier client
du Royaume-Uni avec 70 % des exportations. La France est la principale destination devant les Pays-Bas et l'Espagne.
L'an dernier, l'Hexagone a importé près de
93 000 tonnes de produits de la mer britanniques pour un montant de 578 millions d'euros. Si le saumon reste le premier
poste en volumes et en valeur, l'essentiel de
la facture couvre une large gamme de produits de la mer indispensables à la marée.
« Imaginez les blocages dans le tunnel sous
la Manche avec des formalités douanières et
des contrôles suite à un Brexit dur : nos activités seraient directement menacées », conclut
Anne Moseley de FAO 27. ■

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