Produits de la mer - n°178 - décembre 2017-janvier 2018 - 33

pour honorer leurs promos. Même si certains gros opérateurs comme Whitelink ou
Seafood Écosse bataillent fort sur la lotte,
Macduff sur la saint-jacques, Nolan sur le
poisson blanc, certaines enseignes françaises achètent directement en Écosse à
des agents mandatés par des armements.
Ce contexte très concurrentiel explique
le report de Caley Fisheries sur le marché
allemand avec un client historique important. « Il y a trois ans, la France représentait
l'essentiel de nos exportations, elle ne pèse
plus que 10 %. Les Français mettent tellement
les mareyeurs d'ici en compétition que les
marges sont trop basses », regrette Ian Lake,
responsable de production du groupe.
Armateur et agent d'une trentaine de
bateaux écossais et irlandais, Caley dispose
aussi d'une unité de filetage, de fumaison
de poisson blanc et de surgélation.
Sujet phare des discussions sur les
quais, dans les usines et les ateliers de
marée, le Brexit suscite des avis très divers
au Royaume-Uni. En France, les pêcheurs
ont beaucoup à perdre : 27 % des captures
de la pêche française s'effectuent dans les
eaux britanniques. Dans l'immédiat, le
manque de visibilité prévaut. Seule certitude, l'Écosse restera un gros « réservoir »
de produits de la mer que bon nombre
d'entreprises de marée, souvent familiales,
valorisent à leur échelle. Les groupes
leaders peuvent fournir des volumes quo-

tidiens importants aux grands comptes en
France. Les plus petites, mais aussi les plus
nombreuses, à l'instar de Nordic Shellfish
ou Seafood Sourcing, ont investi pour
répondre au mieux à une clientèle prête à
payer, les yeux fermés. ■

Les ports d'Écosse

Shetland
71,557

Débarquements 2016 en tonnes

Poissons de fond
Pélagiques

Kinlochbervie
8,245

Crustacés

Scrabster
19,713

Orkney
4,936

Fraserburgh
22,968

Stornoway
4,136

Peterhead
161,235

Portree
2,335

Aberdeen
1,101

Anstruther
1,487
Eyemouth
2,249
Campbeltown
5,265

(source Marine Scotland)

ou des chalutiers qui font des marées plus
courtes qu'auparavant. À défaut de tri, de
normalisation des tailles ou d'agréage sous
criée, seul compte l'œil de l'acheteur.
Même si la présence espagnole est
réelle au travers de la société Iceberg installée à Fraserburgh, les opérateurs locaux
tiennent à garder la main sur la première
vente. Pas question d'interconnexion, ni
de vente à distance : « Les enchères électroniques seraient trop lentes pour traiter les
gros apports », argumente David Leiper,
directeur des achats et des ventes de
Seafood Écosse. Également président de la
Scottish Seafood Association qui compte
70 mareyeurs, il défend surtout la valorisation locale des captures alors que beaucoup de poisson brut part sur le continent.
Plus technique est la réticence de George
Nolan, président de la société éponyme,
qui estime que « la vente électronique ne
convient pas au poisson plein ou non vidés,
il y aurait trop de risque qualité. Par ailleurs,
il y a trop de tailles différentes ».
Sous l'égide de son directeur des opérations, Ali Brown, le groupe Nolan dépêche
quatre acheteurs sous la criée. Fonction clé
pour les transformateurs qui transmettent
rapidement leurs tarifs aux mareyeurs et
grossistes en France. Plus dures seront les
négociations avec les distributeurs français, qui n'hésitent pas à solliciter simultanément plusieurs fournisseurs écossais

B.V.

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