produit de la mer - n°180 - Mars 2018 - 38

Dossier ❘ ALGUES ET COPRODUITS MARINS

Algues et chimie verte chez Olmix

Lionel Flageul

Les algues intéressent
scientifiques et industriels
pour leurs applications
en agriculture, en élevage
et en bien-être humain.
Entretien avec Olivier Biannic,
responsable du programme
Saga chez Olmix, spécialiste
en chimie verte.
PdM : Quels sont l'historique et les
objectifs de Saga, du « sans antibiotiques grâce aux algues » ?
Olivier Biannic : L'entreprise Olmix a été
créée en 1995 par Hervé Balusson, sur
l'idée de travailler avec moins d'antibiotiques et plus de produits naturels dans la
chaîne alimentaire. Le premier produit de
la société, Mistral, à base d'argile, a rapidement connu un développement international, notamment aux États-Unis. Nous
avons ensuite continué à travailler sur les
mycotoxines, molécules qui entraînent une
baisse d'immunité chez les animaux d'élevage et impliquent un recours aux antibiotiques. L'utilisation de polysaccharides, et
particulièrement des sucres d'algues vertes
récoltées propres en amont du littoral, a
abouti à la création d'une solution : l'Amadéite. Ce second brevet international permet de limiter les antibiotiques.

S'ouvre aussi une nouvelle porte vers
le bien-être des animaux ?
O. B. : Nous avons observé que, même
quand il n'y avait pas beaucoup de mycotoxines, les performances sur les animaux
utilisateurs étaient plus élevées. La station biologique de Roscoff, les universités, le programme Idealg, nous ont
aidés à détailler les propriétés des algues
matières premières : anti-inflammatoires,
anticancéreuses, immunomodulation...
Ce qui nous a poussés à investir massivement en recherche avec le projet Ulvans.
Aujourd'hui, nous disposons d'une batterie de produits. Leurs principales fonctionnalités - hygiène de l'environnement,
risque de mycotoxine, bien-être, immunité et efficacité digestives - accompagnent les éleveurs avicoles et porcins à

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PRODUITS DE LA MER N°180 MARS 2018

Prototype de récolte d'algues vertes en baie de Douarnenez, matière première transformée par Olmix.

travers des programmes précis, sans antibiotiques, grâce aux algues.

C'est une gamme de compléments
mais vous n'êtes pas des producteurs
d'aliments ?
O. B. : Ce sont des compléments, à ajouter.
Même si les gens ne viennent pas chercher
des applications « algues » spontanément,
tous les éléments bénéfiques validés scientifiquement et empiriquement les séduisent,
y compris à l'étranger. Nous venons d'ouvrir une usine au Vietnam capable de produire 15 000 tonnes de produits nutraceutiques destinés à des fabricants d'aliments.
Le gouvernement vise l'interdiction de
l'utilisation des antibiotiques. À côté des
levures, acides organiques ou produits de
phytothérapie, l'algothérapie, sur laquelle
nous sommes leaders, offre des solutions
innovantes. Nous avons de forts développements depuis trois ans en aquaculture, un monde un peu à part, mais qui a
aussi besoin de produits naturels. On utilise de moins en moins les protéines classiques d'origine marine dans l'alimentation. Or, il reste assez naturel de trouver des
réponses dans la mer, en valorisant mieux,
par exemple, des rations végétales grâce
aux algues. Nous sommes présents sur la
crevette, le tilapia, le pangasius ou encore
sur le saumon, avec une approche sur les
juvéniles en Écosse.

Olmix

800
155

salariés

millions
d'euros de chiffre
d'affaires

Olmix se positionne sur l'ensemble de
la chaîne alimentaire, y compris au plus
près de produits finis pour l'humain.
Qu'en est-il exactement ?
O. B. : Nous avons démarré avec l'animal
mais travaillons à une filière complète en
nous intéressant aussi aux végétaux, avec
l'idée de limiter les pesticides. Nous pensons aussi au produit final, alors que monte
l'intérêt des consommateurs pour du clean
label. La division Human Care, emmenée
par Tony Da Cruz, a ainsi développé les
ingrédients Fibersea et Emulsea, des alternatives à certains additifs ou ingrédients
d'origine animale, et autres allergènes. Ils
améliorent le profil nutritionnel des produits en réduisant la matière grasse et le
sel. Le laboratoire d'application food a par
exemple développé une mayonnaise vegan,
des biscuits ou du pain sans gluten...
Dans la panure, nous recourons à des
algues qui seront moins rétentrices d'huile
et plus digestives. Nous avons aussi la maîtrise complète de la chaîne « dinde » avec
un transformateur intégré au groupe.
En amont, nous assurons la production
de dinde sans antibiotiques, et en aval, cette
société élabore des produits de couverture
(coating) grâce à cette panure. Nous fabriquons aussi des saucisses, pâtés et rillettes
à partir de porcs élevés sans antibiotiques.
Des produits dans lesquels nous ajoutons
des algues, pour limiter l'ajout de sel. ■

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