Produits de la mer - n°181 - Avril 2018 - 96

Special feature ❘ BASS AND BREAM

La Grèce se restructure
Après plus de trois décennies de croissance
jalonnées de plusieurs crises, la restructuration
de la pisciculture marine grecque se poursuit,
avec l'arrivée récente d'investisseurs étrangers.

producteurs
grecs concentrent

%
de la production :
Nireus, Selonda
et Andromeda.

L.F.

Bruno Vaudour

a pisciculture de bar et de daurade n'aurait sans doute pas
connu une telle expansion en
Grèce sans l'important soutien
financier de l'Union européenne. Il doit
aussi beaucoup au transfert de technologie de la salmoniculture, en particulier écossaise, et, pour l'élevage de bar
et daurade en lui-même, au savoir-faire
français et espagnol. Avec pour résultat une croissance exponentielle marquée par plusieurs crises liées à de fortes
baisses de prix dans un contexte de production incontrôlée.
Au début de la crise financière grecque,
en 2008, les volumes atteignaient
140 000 tonnes. En 2016, si les données
divergent en fonction des sources, ils totalisaient moins de 50 000 tonnes pour le bar
et quelque 43 000 tonnes pour la daurade,
selon les statistiques officielles du pays.
Le secteur compte aujourd'hui 63 entreprises, qui exploitent 366 sites. Il s'agit
pour la plupart de PME familiales, même
s'il existe quelques groupes intégrés. Mais
le cadre juridique établi en 2011 afin d'assurer la protection de l'environnement et
la compétitivité du secteur a sévèrement
durci les conditions de développement. Il
faut désormais plus de deux ans pour obtenir une licence, moyennant 25 000 euros,
et seuls 25 % des dossiers sont acceptés.
« Malgré la loi pour le développement

de l'aquaculture adoptée en
2014 afin de simplifier les procédures, peu de progrès ont été accomplis », note la Fédération de l'aquaculture
marine grecque. Parallèlement, le secteur a
été confronté à la baisse des prix de vente
en 2016, notamment pour la daurade, et
à une concurrence accrue de la Turquie. Un
phénomène lié à l'instabilité politique qui a

North Africa ramps up

n 2016, the combined production from Morocco, Tunisia, Egypt, Israel and Lebanon was estimated at nearly 33,000 tons for sea bream and 19,000 tons for farmed bass. For sea bream alone,
it amounts to 17,000 tons in Egypt and 10,500 tons in Tunisia. But trade flows to European markets
remain limited. In the face of strong local demand, Egypt has many assets for marine fish farming:
the available space, the diversity of species, the presence of natural juveniles and the know-how.
But the lack of a reliable marine hatchery puts pressure on natural fry. Tunisia has many years of
experience, including successes, and a government commitment to R&D. According to the FAO,
there are three hatcheries in Tunisia and 25 companies are involved in fish fattening in offshore
cages, but also, for some, in onshore tanks, on an intensive or semi-intensive basis.
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PRODUITS DE LA MER N°181 AVRIL 2018

conduit à une forte baisse de l'activité touristique et de la consommation intérieure
du pays. D'où une hausse des volumes
exportés vers d'autres marchés, d'autant
que, selon les médias grecs, le gouvernement turc aurait subventionné le transport
aérien de daurade. Dans le même temps,
certains pays d'Europe, en particulier l'Espagne et la Croatie, augmentent progressivement leur production.
Face à la pression exercée sur les prix, les
conséquences ne se sont pas fait attendre.
En 2016, le groupe Andromeda, qui dispose d'élevages en Grèce et en Espagne,
était racheté par le fonds américain Amerra
Capital Management. Et la vente de Nireus
et Selonda, leaders du secteur avec respectivement 185 et 130 millions d'euros de
chiffre d'affaires, était encore, en janvier,
en cours de finalisation. ■

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