Produits de la mer - n°181 - Avril 2018 - 120

Special feature ❘ WHELK

Ce que le Japon, la Corée
ou la Chine ne trouvent
plus au Canada, en Irlande
ou au Royaume-Uni,
ils le complètent
en France.
Les enchères montent.

ous la pression des acheteurs asiatiques, un vaste système communiquant s'est mis
en place pour capter du bulot
sur ses principales pêcheries. Avec
des volumes réduits au fil des ans,
le Canada est cependant beaucoup
moins présent. « Les contrôles sur la
ressource à Terre-Neuve sont draconiens et en attendant la reconstitution
des stocks, la demande est supérieure
à l'offre », constate Sandrine Étienne,
directrice des ventes d'Ocean Choice
International en France. L'armement
canadien n'expédie vers le Japon que
quelques conteneurs complets de bulot
surgelé mer et emballé sur le bateau.
« Il arrivait auparavant qu'on réponde à
la demande française pour couvrir certaines périodes », ajoute la responsable.
C'était également le cas en Irlande et au
Royaume-Uni mais ces pays ciblent désormais le marché asiatique. « En quelques
années, de gros contrats ont été passés avec la Chine, la Corée du Sud et le
Japon », confirme Yohann Pierard, directeur des ventes de Sofrimar. L'exportateur
irlandais transforme un millier de tonnes

de bulot par an et 80 % de ses ventes
vers l'Asie s'effectuent en chair crue et
cuite : petites et moyennes tailles pour la
conserve, gros calibres pour la découpe en
tranchettes (topping) consommées crues
en sushi. « Les Asiatiques mettent le prix
sur un produit à valeur ajoutée comme la
chair », se félicite Yohann Pierard.
Les transformateurs britanniques comme Macduff
ou Kingfisher Seafood
ne sont pas en reste.
« Toute notre production
part
en
Asie », atteste Omar
Namor, directeur de
Kingfisher, sans préciser les volumes
exportés. De son
côté, le néerlandais
Lenger dispose d'une usine au RoyaumeUni pour fournir le marché asiatique.
Le potentiel du Royaume-Uni étant très
sollicité, le report asiatique se fait nettement sentir en France. D'autant que le
bulot français bénéficie d'une cote de qualité soulignée par plusieurs intervenants, à
l'instar de Kermarée, Crustafrais, Nouvelle
Pêcherie de Normandie et Direct Océan.
« Un Japonais est venu plusieurs jours
évaluer la qualité du produit avec des exigences particulières, supérieures à celles
des Coréens ou des Chinois », observe
Damien Levallois, responsable de Nouvelle
Pêcherie de Normandie.
« L'Asie est un marché opportuniste
avec des commandes d'un millier de
tonnes d'un coup, poursuit-il, mais attention de ne pas pénaliser les clients habi-

L'Asie achète tous azimuts

Chair cuite de gros bulots (25 pièces par kilo) décortiqués en Irlande.

Chair de bulot
(bloc de 10 kg)
rendue en Chine :

12 16
à

€/kg

tuels. » Sentiment partagé par Pascal
Lecardonnel chez Kermarée : « Certains
opérateurs non spécialisés expédient
des conteneurs en Asie car elle est très
demandeuse. Les prix montent artificiellement mais la hausse peut cesser brutalement. » Chez GS Normandie, Yoann
Guérin note les délais importants de paiement : « Trois semaines après le départ des
conteneurs. » L'entreprise basée à Bréville
groupe ses exportations de bulot congelé
avec GBV/SMT à Boulogne. Présent en Asie
du fait de son activité sur le saumon et le
thon, Direct Océan développe un créneau
qualitatif vers le Japon. ■

The whelk: an international network

L.F.

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ommercial exchanges with Asia follow several routes. The whelk can be
exported frozen raw to Vietnam where it is defrosted and shelled by hand
then sliced. Packaged under vacuum, whelk slices are re-exported by air to Japan.
The frozen raw whelk can also be cooked and shelled in Vietnam before being
put into tins.
Europeans export frozen cooked meat from large whelks to Korea for the canning industry. This is the traditional outlet but the export of raw meat has been
developing for 4 or 5 years for Japanese consumption of sushi and sashimi.

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