Produits de la mer - n°181 - Avril 2018 - 74

Special feature ❘ EMPLOYMENT

Attirer c'est bien,
fidéliser c'est mieux
Toute une génération d'employés
de marée va partir à la retraite, aussi,
les acteurs s'organisent pour former
la relève et surtout fidéliser les nouveaux.
À savoir
Huit centres
de formation ont été
agréés pour
le CQP employé
polyvalent des
produits de la mer :
◗ le Centre
de formation des
produits de la mer
et de la terre de
Boulogne-sur-Mer ;
◗ le lycée maritime
de Cherbourg ;
◗ le lycée maritime
de La Rochelle ;
◗ le Centre européen
de formation
continue maritime
de Concarneau ;
◗ le CFA de Lorient ;
◗ l'Ifria
Hauts-de-France ;
◗ l'Ifria
Nouvelle-Aquitaine ;
◗ l'Ifria
Méditerranée.

L.F.

ombre d'employés de marée sont
dans le même atelier depuis plus
de 35 ans. Toute cette génération
va devoir être renouvelée dans
les prochaines années », explique Jennifer
Leroux, responsable filière à l'Association bretonne des acheteurs des produits
de la pêche (Abapp). « Il y a des besoins
de recrutement sur des postes d'employés
de marée, mais aussi d'ouvriers qualifiés
comme les fileteurs, ainsi que de commerciaux et de dirigeants », complète Peter
Samson, secrétaire général de l'Union du
mareyage français.
Trouver des saisonniers dans l'ostréiculture ou la conchyliculture, pour des
périodes très courtes, n'est pas chose facile
non plus. Les professionnels organisent
avec Pôle emploi et les missions locales des
forums pour recruter. Malheureusement,
bien souvent, la pêche est maigre : « Il y
avait 700 postes à pourvoir pour les fêtes de
fin d'année à Marennes-Oléron mais moins
de 500 personnes sont venues au forum »,
regrette Sylvie Lechevallier, directrice du
comité de bassin d'emploi de MarennesOléron. Sur le bassin d'Arcachon, des pro-

Il faut deux ans pour devenir un bon fileteur.

fessionnels, s'inspirant de deux autres
expériences à Oléron et en Normandie
(cf. encadré), viennent de créer un groupement d'employeurs. « Leur volonté est
d'avoir des salariés qualifiés et de les stabiliser sur le territoire. C'est d'autant plus
délicat que la région est très touristique et
que s'y loger n'est pas aisé », explique Aline
Delamare, animatrice au Pays Bassin d'Arcachon-Val de l'Eyre.
Mais une fois le recrutement réalisé, la
filière ne doit pas se démobiliser. Il faut
fidéliser. Les employeurs doivent conser-

Cornouaille's fish auctions address
the issue of work arduousness

e are trying to improve the work conditions and limit the laborious nature of the work by means of
the automation of some tasks such as putting ice into the batches, which has been automated at the
Guilvinec for three or four years," explains Christophe Hamel, manager of the fish auctions of CCI QuimperCornouaille. Before, the batches were iced with a spade and put manually on a weighing machine at
ground level. Today, a conveyor helps the forklift driver to place the batches on the system which weigh
them and automatically puts the ice on them. The worker validates the weight on its operations panel and
just needs to put the ticket on the batch. "Equipment is rapidly paid off, all the more so because maintenance costs are low. But it must be simple and robust in order to stand the damp and salt content conditions of the shopfloor," Christophe Hamel adds. The staff of these fish auctions go through a training for
gestures and postures. It remains to be seen if these good practices are effectively implemented.

ver leurs nouvelles recrues. Un pari pas toujours facile à relever. « Certaines personnes
se lancent dans le métier pour voir. Mais
ils repartent parfois très vite. À certaines
périodes, le rythme peut être soutenu et
certains jeunes lâchent rapidement prise. Ils
craignent de ne pas tenir plusieurs années
à ce rythme, notamment physiquement.
C'est une autre génération, une autre
mentalité... », note Jean Besnard, gérant
de l'atelier Moulin Marée de Lorient. Or, lui
a besoin que ses salariés restent car il les
forme, et deux ans sont nécessaires pour
devenir un bon fileteur...
Pour que les salariés conservent la fibre
qui les a amenés au métier, travailler sur la
pénibilité semble indispensable. « Il existe
des solutions comme le glaçage automatique qui commencent à se déployer. La
hauteur des nouvelles chaînes est réglable,
il y a des tapis antifatigue qui isolent du
froid, des outils pour basculer les bacs...
Des solutions sont là. Mais, si elles apparaissent trop compliquées ou semblent
demander des manipulations plus longues,
les employés ne les utiliseront pas », prévient Jennifer Leroux, qui regrette aussi que
les financements du Feamp pour réduire la
pénibilité soient extrêmement compliqués à
obtenir pour les employeurs.
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PRODUITS DE LA MER N°181 AVRIL 2018

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