produit de la mer - n°182 - Mai 2018 - 43

L.F.

Lionel Flageul

Dossier ❘ CABILLAUD

La Norvège et l'Islande sont les deux principaux fournisseurs de cabillaud frais en France : à gauche un côtier norvégien, à droite du dos islandais MSC en filière qualité Carrefour.

d'Islande, autour de 4,27 €/kg selon l'Eumofa,
et du cabillaud entier congelé de Russie à
3,76 €/kg, en moyenne.
« L'Islande reste le principal producteur de
cabillaud frais, remarque Karl Jóhannesson
de Viking Fresh. La biomasse est stable et
nous augmentons régulièrement les quotas pour les chalutiers ou ligneurs, dont
beaucoup font de petites marées. En aval,
nous avons des lignes aériennes mais aussi
de cargo, via l'Angleterre ou les Pays-Bas.
Nous sommes sur le stock le plus sain et l'intégralité est certifiée MSC. Les Norvégiens
font de plus en plus de découpes de dos
ou de filets en passant par le Danemark.
Mais ils proposent surtout une matière
première surgelée mer sur des usines flottantes, retravaillée en Pologne ou en Chine
en double congélation. »
Avec la croissance de la demande, les
approvisionnements de Norvège, mais
aussi de Russie, des États-Unis ou du
Groenland et la retransformation en Chine
ont augmenté. En Europe, plus de 40 %
des besoins sont en surgelé. Selon l'Eumofa, en 2016, la moitié du volume de
cabillaud échangé au sein de l'Union a été
vendue en congelé, à 3,28 €/kg, un quart
en frais à 4,90 €/kg, et 22 % en séché-salé
à 6,37 €/kg. Le solde, 10 572 tonnes, a été
commercialisé sous forme de préparations
et conserves au prix moyen de 4,77 €/kg.

Les quatre premières espèces consommées dans l'Union - cabillaud, thon, saumon et lieu d'Alaska - pèsent 35 % du
marché. Ils viennent majoritairement des
pays tiers. Trois des quatre grands marchés européens assurent presque la moitié de leurs besoins en cabillaud en frais
avec leur propre production : l'Espagne,
le Danemark et le Royaume-Uni. Le plus
gros pays consommateur qu'est la France
se repose presque exclusivement sur les
importations (lire encadré p. 42).
En 2016, le total des achats de cabillaud par les ménages européens a atteint
une valeur d'1,4 milliard d'euros. Cette
même année, le prix du cabillaud était
resté ferme malgré la hausse des débarquements, en partie parce que les prix
élevés du saumon de Norvège, et le ralen-

La Norvège, l'Islande
et la Chine pèsent

% des
importations de l'UE
en provenance
des pays tiers.

Source : AIPCEE 2017

tissement de sa disponibilité en Europe,
avaient conduit certains consommateurs
à se tourner vers des produits plus accessibles, comme ce poisson blanc. Les trois
principaux acteurs européens de cette
pêche avaient alors contribué à cette
croissance en valeur, en congelé pour
l'Espagne et en frais pour le Danemark et
le Royaume-Uni.
Le prix du saumon norvégien est redescendu en 2017, après les sommets de
2016, car la production est repartie à la
hausse, notamment avec une reprise au
Chili. Quid aujourd'hui de la mutation
des marchés et de la demande de l'Asie ?
Seule certitude : les marchés traditionnels
de l'Europe et des États-Unis resteront très
demandeurs de la chair blanche et moelleuse du roi des poissons blancs. ■

En passant par la Chine

es usines chinoises alimentées en cabillaud vidé décapité russe, scandinave et américain
fournissent les plus gros volumes de filet congelé dans l'Europe à 28. En hausse de 11 % en
2016, ces produits double congélation représentent 43 % des importations de filet de cabillaud
en provenance des pays tiers. Du fait de sa demande intérieure croissante en poisson blanc,
la Chine transformera moins dans les années à venir. Tendance renforcée par le coût croissant
du travail et une disponibilité moindre en personnel qui affaiblissent la compétitivité chinoise.
À terme, la Chine devrait même importer de plus en plus de poisson blanc retransformé dans
d'autres pays asiatiques, en particulier au Vietnam.

PRODUITS DE LA MER N°182 MAI 2018

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