produit de la mer - n°183 - Juin 2018 - 52

Dossier ❘ SAUMON SAUVAGE

La source russe
Le saumon sauvage pêché
côté russe a des atouts
et il le fait savoir, comme
en témoignent plusieurs
compagnies du Far East
présentes à Bruxelles.

L.F.

ans la mer d'Okhotsk et du
Kamtchatka, les pêcheries de
saumon pacifique sont décalées d'environ un mois par rapport à l'Alaska. La répartition des espèces
donne la primeur au pink et au chum, le
sockeye étant moins abondant que du
côté américain. « Si les prévisions d'Alaska
se confirment, l'offre de portions de pink
MSC va s'avérer délicate. Face à la forte
demande des distributeurs, les Russes
pourront compenser mais sans l'écolabel », remarque-t-on chez Fjord Import.
Forts d'une production qui s'accroît depuis
2005, les exportateurs russes ont renforcé
leur présence sur le marché européen ainsi
que sur le marché américain, en particulier
avec du sockeye.
À la différence des Américains, les
Russes pêchent le saumon à l'embouchure
des rivières, au filet ou dans des pièges.
Les sites de transformation sont à proximité directe des pêcheries. Un même personnel assure souvent la pêche, le transport et la transformation. Selon une étude

Sockeye fumé en Russie présenté lors du salon de Bruxelles.

américaine sur le marché du sockeye (1),
« les compagnies russes sont capables de
produire du saumon très qualitatif. Tout
dépend des usines ».
Engagé depuis 1998 dans la pêche de
keta et de pink dans l'estuaire du fleuve
Amour, Dikiy Ulov possède ses propres
pêcherie et usine. « Aussitôt tiré des filets,
le poisson est glacé dans les tenders et
transformé dans les deux heures », affirme
Gusakov Yaroslav, directeur du développement de l'entreprise. Les plus belles pièces
de keta (plus de 15 kg) sont filetées, désa-

Projections de
captures russes
en 2018

492 000
dont 65 % de pink
21 % de keta
8 % de sockeye
Source : Trident Seafoods

rêtées, pelées, salées, tranchées et surgelées à - 60 °C. Sous sa marque Wild
Catch, Dikiy Ulov produit aussi du poisson
VDK. « L'acquisition récente d'un numéro
d'agrément UE nous permet de démarrer
l'export », ajoute le responsable, convaincu
par le salon de Bruxelles en avril.
Et il n'est pas le seul. Dans le district
d'Okhotsky, l'usine de Novoe Ustie de la
coopérative Inya transforme sockeye, keta,
pink et coho, pêchés en rivière ou plus au
large à la senne. L'agrément européen lui
permet d'exporter du poisson VDK et du
bloc surgelé. « L'an dernier, nous avons
expédié 300 tonnes de keta en Espagne.
Nous avons aussi une usine de salage et
de fumaison de saumon à Khabarovsk »,
signale Valentina Sveshnikova, directrice
des ventes.
Sirius est une société d'import-export qui
représente plusieurs compagnies de saumon
réparties dans le Kamtchatka. Déjà présente
en Asie et en Europe, l'entreprise a accès
en début de saison à du quota sous MSC
et ses partenaires ont des capacités importantes de transformation. « Nous sommes
très intéressés pour fournir aux fumeurs
du sockeye et du keta VDK silver-bright en
grosse taille et en medium. Globalement,
le saumon russe s'aligne en prix sur celui
d'Alaska », précise Mikhail Yaroshenko, responsable export de Sirius. ■
(1) Sockeye Market Analysis November 2017 - McDowell Group

Le saumon canadien, gagnant du Ceta
a pêcherie MSC de sockeye, keta et pink de Colombie britannique - environ 30 000 tonnes
de saumon par an - devrait profiter de l'accord de libre-échange avec l'Union européenne.
C'est ce que pense Brad McLean, président de French Creek Seafood : « Auparavant, beaucoup de saumon passait par la Chine. Grâce au Ceta, nous pouvons exporter directement en
Europe. Nous expédions surtout du keta frais par avion pour les supermarchés ainsi que du
VDK congelé pour les fumeurs. »
Chez North Delta, l'Union européenne est un débouché en croissance, « en particulier pour
du keta frais qui arrive en deux ou trois jours après la pêche en France », signale Rick Jeffery,
directeur commercial. Cette compagnie, qui dispose de ses propres bateaux, fournit également du king et du coho de ligne congelé bord.
« Le saumon canadien était traditionnellement plus cher car les pêcheries sont plus réduites
qu'en Alaska mais ici, les marées sont souvent plus courtes. C'est mieux pour la qualité »,
revendique John Nishidate, directeur général de Grand Hale Marine Products, compagnie
disposant de deux usines, une en frais, l'autre en congelé, ainsi qu'une unité de fumaison.

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PRODUITS DE LA MER N°183 JUIN 2018

Pêche au filet en Colombie britannique.

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