produits de la mer - n°184 - Juillet-Août 2018 - 46

Dossier ❘ LANGOUSTINE

La langoustine du golfe de Gasgogne
veut frétiller loin des côtes

L.F.

ans le golfe de Gascogne, la langoustine est une affaire française. Sur un Tac 2018 fixé à
3 600 tonnes, 90 % vont aux
pêcheurs de l'Hexagone. Et 3 000 tonnes
aux seuls adhérents de l'OP Pêcheurs de
Bretagne. En tout, 170 langoustiniers sont
licenciés (135 auprès de l'OP) : des chalutiers de fond de 10 à 20 mètres, qui
traquent le crustacé durant de courtes
marées pour le débarquer vivant, principalement dans les ports du pays bigouden
(Le Guilvinec, Saint-Guénolé, Loctudy) et
de Lorient.
Après des années 2016 et 2017 jugées
exceptionnelles, l'année 2018 a plutôt
débuté au ralenti. En cause, la mauvaise
météo, avec pour conséquence moins
de jours de mer. Dans son bilan 2017,
FranceAgriMer notait déjà en fin d'année
une tendance à la baisse des débarquements de la demoiselle : « Les volumes de
langoustines passés sous criée ont fondu
de près de 17 % sur l'année, à cause
d'une baisse des débarques de 60 % en
décembre. Les criées de la façade atlantique et de Bretagne sud, principaux producteurs, sont tout particulièrement
impactées. »

Débarquées à Lorient, les langoustines sont stockées
dans une salle de brumisation avant la vente.

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PRODUITS DE LA MER N°184 JUILLET-AOÛT 2018

Les résultats de la campagne d'évaluation du stock, réalisée par l'Ifremer en
avril, avec un comptage direct des terriers
par vidéo sous marine, ne sont pas encore
connus. Mais l'inquiétude n'est pas de mise
sur le sujet. Le stock profite des efforts de
gestion (quotas, licences, sélectivité...) et
on parle juste, pour 2018, de rendements
de pêche redevenus plus classiques. « La
saisonnalité est à nouveau plus marquée,
avec des captures importantes à partir de
la dernière quinzaine d'avril qui devraient
s'étaler jusqu'à fin août », note Thomas
Rimaud de l'OP Pêcheurs de Bretagne.
Chez les mareyeurs, le retour à la normalité dans les apports, après deux années
exceptionnelles, se ressent sur les cours.
« Entre le premier trimestre 2017 et celui
de 2018, les volumes mis sous criées ont
diminué de 54,8 % en moyenne et de
46 % sur les grosses tailles. Les prix, eux,
ont progressé respectivement de 28 et
18 % », rapporte Ivy Guillou, directeur de
Top Atlantique. De quoi refroidir le marché.
« Top Atlantique livre de la vivante du
golfe partout en Bretagne et un peu en
Loire-Atlantique. Le premier trimestre a
été difficile. Avec des volumes très bas,
la dynamique commerciale ne s'est pas
enclenchée. Il a fallu attendre fin mai pour
que les clients soient contents de retrouver des prix attractifs pour le marché et la
remettre en avant. »
En 2016 et 2017, l'abondance de l'offre
avait profité aussi bien aux pêcheurs qu'aux
mareyeurs : la demande était au rendezvous. Écoulée à prix coûtant, la langoustine
constitue un produit d'appel fantastique
pour les hypers et supers. Les enseignes de
l'ouest tiraient donc les cours dans les criées.
Notamment dans celles du Guilvinec et de
Lorient, où se déroulent les premières ventes
les plus fameuses pour les acheteurs. En fin
d'après-midi au Guilvinec et au petit matin à
Lorient. Les criées ont investi dans des équi-

Lionel Flageul

Le long du golfe de Gascogne, c'est clair, la langoustine
est une demoiselle attendue et appréciée. Après deux
années exceptionnelles, la saison a démarré au ralenti.

Top Atlantique fait partie des mareyeurs qui participent
au projet pour valoriser la langoustine vivante plus loin
dans les terres. La logistique sera clé.

Principaux
ports de
débarquement
en 2017
Le Guilvinec : 901 t
Lorient : 880 t
Concarneau : 711 t
Le Croizic : 339 t
Loctudy : 295 t

pements adaptés pour préserver la vivacité de la demoiselle et des autres crustacés
vivants. Premier port de pêche de langoustine, avec environ 900 tonnes en 2017, la
halle de Lorient accueille le crustacé entre
minuit et 3 heures du matin. Elle est stockée dans une salle, à une température de
6 à 7 °C, où de l'eau de mer est brumisée
en permanence. En défilant devant les acheteurs, la demoiselle ne cesse de frétiller.
Au Guilvinec, la vente du soir stimule
les grandes surfaces, capables d'acheter à
17 heures pour mettre le produit en rayon
avant la fermeture de l'hyper. À ce jeu, certains rayons se sont forgé de belles réputations. Du moins dans l'ouest.
Désormais, des criées, comme celle du
Croisic, se sont engagées aux côtés de l'OP
Pêcheurs de Bretagne et de l'Association
bretonne des acheteurs de produits de la
pêche (Abapp) dans une démarche visant

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