produits de la mer - n°184 - Juillet-Août 2018 - 8

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Réunis à Sète, les professionnels ou
leurs représentants sont d'accord :
l'attractivité de la filière, nécessaire pour y attirer des hommes et
des consommateurs, passe aussi
par sa capacité à travailler son
image et à anticiper les attaques.
« Lorsqu'il faut répondre à une critique, c'est déjà trop tard, indique
Marion Fischer, directrice générale
de France Filière Pêche (FFP). Dans
ce cas, la seule chose que l'on
peut faire en tant que FFP, c'est de
lancer des études scientifiques
afin d'objectiver le débat public.
Cela pourrait être le cas par
exemple sur le parasitisme. » Mais
comme les crises heurtent moins
ceux qui ont une belle image, FFP,
avec la marque Pavillon France,
tente de valoriser l'image de la
pêche française.
Pour Sarah Lelong, de
Consult'Ocean, « il importe aussi
que la mer soit un sujet dont tous
puissent s'emparer et pas seulement les lanceurs d'alerte. Il faut
responsabiliser tout le monde ».
Notamment pour lutter contre
la pollution par les plastiques,
que dénonce comme un vrai
danger pour la filière Thomas
Canetti, dg de Sovintex. L'enjeu
est particulièrement important en
Méditerranée. Les pêcheurs du cru
en ont conscience : ils ramènent
les kilos de plastiques qu'ils
collectent afin que ces derniers
soient recyclés dans une usine
du Grau-du-Roi.

Jouer la carte
de la modernité
Pénurie de marins, mareyeurs, poissonniers et autres en
vue ! Pour attirer et retenir les candidats, le salaire est
une chose, mais il faut faire plus et se montrer moderne.
« Un bateau neuf, avec le dernier système de propulsion, des conditions de travail sécurisées offertes par
un Moonpool, des cabines plus larges, etc. sont facteurs d'attractivité », illustre Antoine Le Garrec, directeur général du groupe éponyme. Chez Mericq, e-learning, e-commerce et bientôt intelligence artificielle mis
en pratique attirent la génération Z. Mais Charlotte
Abadie, sa jeune dirigeante, souligne « l'importance de
permettre aux salariés de concilier vie professionnelle et
vie personnelle » et envisage « la création d'une structure
Les conditions de travail à bord, un outil de séduction.
d'accueil pour les enfants des salariés ». De quoi, peutêtre, attirer aussi plus de femmes dans la filière. Aujourd'hui, elles ne représentent que 10 % des effectifs des élèves
du lycée maritime de Sète, dont le directeur Michel Tudesq précise « que dans le BTS pêche et environnement,
la parité, avec cinq filles et cinq garçons, est là ». Et Antoine Le Garrec d'ajouter : « À bord, nous accueillons
des observateurs pour des marées de 60 à 80 jours. Souvent, ce sont des femmes et cela n'a jamais créé de problème. »
Bilan, donner l'image d'une filière ayant un avenir est essentiel pour tous.
DR

Marion Fischer, directrice générale
de France Filière Pêche (FFP) et Thomas
Canetti, directeur général de Sovintex.

Attractivité

Plan de filières

Aquaculture

Montrer un front uni

Innovation rime avec durabilité

« Il faut s'orienter vers une interprofession des produits de la mer. Nous avons besoin que notre filière
soit reconnue auprès des pouvoirs publics. Sur des
sujets comme le Brexit, l'environnement, la politique
des pêches, etc., nous devons montrer un front uni »,
rappelle Jacques Woci, président de France Filière
Pêche. Pour l'heure, « le dialogue interprofessionnel
est encore trop faible. Beaucoup ne se connaissent
pas », indique Jérôme Lafon, délégué pêche et aquaculture chez FranceAgriMer. Or, comme le souligne
Éric Mezrich, président de la commission marchés et
communication au sein du Cipa, interprofession pour
les produits de l'aquaculture, « travailler la gouvernance, c'est jouer collectif. Ce n'est qu'ensemble que
l'on peut anticiper les stratégies à mettre en place
pour répondre aux attentes des consommateurs ».

Considérée comme une « priorité stratégique » par
le ministre Stéphane Travert, l'aquaculture française
peut s'appuyer pour son développement sur une
filière d'excellence en sélection génétique. « Un
tiers des 54 programmes de recherche en Europe
est mené par la France. Et 40 % des poissons
en prégrossissement en Europe sont « nés » en
France », souligne François Allal, spécialiste de la
génomique en aquaculture au sein de l'Ifremer.
Parmi les priorités : sélectionner les poissons les
plus résistants aux pathogènes, afin de supprimer
l'usage des antibiotiques ; sélectionner les individus qui profitent le mieux de leur nourriture, afin
de réduire les quantités d'aliments à donner s'ils
contiennent des huiles et des farines de poissons ;
sélectionner les animaux qui s'adaptent le mieux à
des régimes à base d'insectes, de microalgues, etc.
Il suffit parfois de quatre générations pour obtenir
de très bons résultats. En parallèle, toujours dans
une logique de limiter l'impact environnemental,
au regard de la consommation d'eau et du bilan
carbone, l'Inra explore, expérimente et valide les
systèmes d'élevage en eaux recirculées ou les
systèmes aquaponiques. C'est dans l'aquaponie
que Pascal Goumain, président d'AMP, investit en
France comme en Afrique, en insistant aussi sur
l'importance de la qualité organoleptique des poissons comme des fraises ou autres fruits et légumes.

J.S Évrard

Face aux attentes
de la société
Rassurer, prévenir,
anticiper

Jacques Woci, président de France Filière Pêche.

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PRODUITS DE LA MER N°184 JUILLET-AOÛT 2018

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