Journal Le marin N°3095 - 3 novembre 2006 - (Page 22)

mémoire de l’histoire Veille permanente sur l’« Oyonnax » Le cargo « Oyonnax », fin août 1952, est en train de sauver un paquebot en perdition dans le sud de la mer Rouge. Ce navire, le « Karam Al Arab », transporte plusieurs centaines de pèlerins musulmans affamés (lire les semaines précédentes)… Le médecin demandait des médicaments : notre coffre y est passé en quasi-totalité, raconte toujours l’ex-second capitaine Jean-Louis Cottet. Le second capitaine, chargé aussi du commissariat, demandait des vivres. Le maître d’équipage inventa un système de va-et-vient particulièrement astucieux permettant d’assurer un modeste ravitaillement. Notre boulanger, interdit de boulangerie à cause de la remorque, s’est efforcé de fabriquer du pain avec les moyens du bord. S’il y avait sur le Karam quelques gourmets avides de goûter au pain français d’illustre réputation, ils ont été pour le moins déçus. C’est ce que l’on appelle la fortune de mer. J’ajoute cependant que nul à bord n’a mérité la moindre critique. Nous nous sommes tous totalement investis dans cette pittoresque aventure. Grâce au dévouement et à la compétence de tous, il ne nous restait plus, en route pour Djibouti, qu’à prier Dieu d’avoir pour nous une bienveillante pensée. Les officiers et le maître d’équipage, assistés d’un matelot, ont assuré une permanence sur l’arrière, pour veiller à la bonne tenue de la remorque. Il a toujours été réconfortant, dans ce métier, de constater qu’aux heures difficiles, tous faisaient corps derrière le commandant et c’est pourquoi il était indispensable que ce dernier mérite la pleine confiance de son équipage. Ce fut le cas cette fois, comme d’ailleurs dans la plupart des cas. Et tout alla bien. Lentement, très lentement, nous avons franchi le détroit de Bab El Mandeb qui ferme la mer Rouge, et gagné la rade de Djibouti où nous avons largué notre « proie » laissée à la charge des autorités portuaires qui s’en trouvèrent fort encombrées. ce sauvetage. Quant au Karam Al Arab, lorsque nous sommes passés au retour, il était toujours au fond du port, son propriétaire ne s’étant jamais manifesté. Ainsi se termina notre aventure. Le voyage reprit ses droits. Il a fallu remplacer les médicaments et les vivres cédés sans que la compagnie ait pu, sur le plan financier, espérer récupérer quoi que ce soit. De notre côté, nous n’avons jamais pensé à la prime que le sauvetage aurait pu nous valoir conformément aux lois internationales. II y eut trois médailles de sauvetage, l’une en or pour le commandant, une en argent pour moi et une en bronze pour le bosco. J’en ai toujours été très fier mais j’ai surtout tiré mon chapeau au commandant qui venait de nous donner une superbe leçon de solidarité humaine et de maîtrise en l’art de naviguer. Après cette importante parenthèse, nous avons repris la route. À la sortie du golfe d’Aden, nous sommes « tombés » sur une mousson modérée qui nous a accompagnés jusqu’au golfe du Bengale. Le temps perdu n’avait pas une très grande importance, et nous n’avions que deux ou trois jours de retard lorsque nous nous sommes amarrés au quai du commerce à Saigon, après une brève escale au Nha-Bé pour décharger nos munitions. FIN TROIS MÉDAILLES Amarrés à quai, nous nous sommes rendus compte que nous étions fatigués, même éprouvés, mais nous étions fiers ou simplement heureux d’avoir participé à Coll. Maurice Guillemot Au cours de la toilette, on nettoie aussi le safran. Un safran caractéristique des Liberty ships, avec cette cassure dans le plan vertical (la partie inférieure du safran est décalée de plusieurs degrés par rapport à la partie supérieure, pour permettre un meilleur passage des filets d’eau propulsés par l’hélice ; sur d’autres Liberty, le safran a, avec un décalage identique, une forme générale dite « en aile de mouette »). Après un long voyage de plusieurs mois comme ceux que réalisaient les cargos des Messageries maritimes fréquentant la ligne de l’Extrême-Orient, l’« Oyonnax » passe en cale sèche (ici à Dunkerque), pour une toilette générale On a entièrement sorti les chaînes d’ancres de leurs puits car ils se sont bien encrassés. Les pionniers du Trait, en souscription. Un de nos fidèles lecteurs, à plusieurs reprises invité de la présente rubrique en tant qu’ancien navigant sur les bananiers de la Transat et de la CGM, va publier, à la mi-novembre, son sixième ouvrage, cette fois à compte d’auteur. Paul Bonmartel parle des « pionniers traitons », ces nouveaux arrivants qui, à partir de 1916, vont bouleverser la vie du paisible village du Trait (Seine-Maritime) en y construisant un chantier naval devenu célèbre et une cité-jardin, la première de France. Dans cet ouvrage s’intéressant à l’aspect humain, richement illustré (150 documents dont de nombreuses belles photos), tout tourne en effet autour des chantiers navals du Trait dont les ouvriers spécialisés vinrent des chantiers de Saint-Nazaire et de Dunkerque. « Les pionniers traitons », La cité-jardin 1916-1936. Format 21 x 29,7 cm, 100 pages, prix 12 euros (+2 euros pour frais de port). À commander en souscription chez Paul Bonmartel, 3, rue Dupuy de Lôme, 76580 Le Trait. Tél. 02 35 37 92 89. ➟ Coll. Pierre Griffe Vendredi 3 novembre 2006

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