Journal Le marin N°3095 - 3 novembre 2006 - (Page 3)

événement Les grands moyens déployés pour assurer les deux chantiers Une cinquantaine de personnes travaillent actuellement sur le « Rokia Delmas ». La première phase de l’assistance a consisté à pomper les hydrocarbures à bord. Deux chantiers correspondant à l’emplacement des soutes ont été mis en place, un à l’avant et un à l’arrière. Le chantier a très vite démarré. Dès le mercredi 25 octobre, soit le lendemain du naufrage, la coque était examinée par les experts et les plongeurs-démineurs. L’équipe a repéré toutes les soutes à combustibles et élaboré les moyens pour les vider. Beaucoup de matériel a été acheminé. Dès le mercredi soir, la société néerlandaise Smit, chargée du pompage par les Abeilles International, a fait venir des équipements des PaysBas. La Marine nationale a mobilisé une barge de 600 m3, remorquée depuis Brest pour recueillir les produits pompés. Enfin, les Abeilles International ont affrété une plate-forme, mise à couple du Rokia Delmas comme support aux pompes d’assèchement. Dès le jeudi matin, le dispositif a été mis en place : un chantier à l’avant pour vider les deux citernes contenant le fuel de propulsion, un autre à l’arrière pour assécher la salle des machines et vider les soutes à carburant, contenant du fuel lourd et du gas-oil. Des barrages ont été disposés autour du navire pour bloquer d’éventuelles pollutions : l’Alcyon a amené 300 mètres de barrage hauturier, installé à bâbord du Rokia Delmas et fixé par trois corps-morts de six tonnes. Un barrage de 1 600 mètres a également été déployé pour protéger le chantier. Un engin amphibie est également sur zone, pour récupérer d’éventuelles fuites de combustible. La procédure de pompage a été mise en place et répétée. Le vendredi 27, le préfet maritime de l’Atlantique et le préfet de Charente-Maritime ont simultanément donné l’ordre de démarrage de l’opération. Les conditions météo, des nappes de brumes, n’ont permis de commencer le chantier qu’en soirée. tité dans la citerne tribord. L’Alcyon a alors appareillé pour rejoindre le port pétrolier de La Pallice et décharger ses cuves. À l’arrière les opérations sont plus compliquées. La salle des machines est envahie et les vannes, donnant accès aux soutes à combustible, sont donc plus difficiles à atteindre. L’équipe doit également travailler en fonction de la marée. Deux pompes immergées à haut débit ont été mises en place pour assécher la cale machine. Les accès aux soutes de combustible (96 tonnes de fuel de propulsion et 50 tonnes de fuel léger, destiné aux groupes électrogènes) ont pu être localisés. Le pompage ayant permis de suffisamment faire baisser le niveau de l’eau, des flexibles vont être fixés sur les vannes de manière à pomper les deux soutes. L’eau pompée dans la salle des machines par les pompes d’assèchement est claire, un élément rassurant témoignant a priori d’absence de fuites. Aucune pollution, ni aucune irisation n’ont été constatées autour du Rokia Delmas. La fenêtre météo, qui a profité jusqu’à présent aux sauveteurs, pourrait se refermer en fin de semaine. Caroline BRITZ 450 TONNES À L’AVANT, 150 À L’ARRIÈRE Le chantier avant a été le premier à démarrer : deux motopompes ont été installées à l’avant du navire, et reliées par des flexibles à l’Alcyon, amarré à une dizaine de mètres du Rokia Delmas, qui a récupéré le produit dans ses cuves. Le fuel lourd ne pouvant être réchauffé, les pompes utilisées devaient être très puissantes pour aspirer le produit très visqueux. Avec un débit moyen de 10 m3 par heure, ce qui correspond à environ 9 tonnes de fuel lourd, le pompage des citernes avant s’est terminé le lundi 30 en début d’après-midi. Quelque 450 tonnes de combustible ont été récupérées, ce qui est moins que les indications de l’équipage, qui avait apparemment surestimé la quan- source : Préfecture maritime de l’Atlantique Le dispositif mis en place par la préfecture maritime pour le pompage des cuves a permis le démarrage des opérations dès le lendemain du naufrage. L’Alcyon, navire dépollueur L’Alcyon est un élément très important du dispositif d’assistance mis en place autour du Rokia Delmas. À l’instar des remorqueurs de haute mer des Abeilles International, il appartient à un armateur privé, Bourbon Offshore, et est affrété par la Marine nationale en qualité de BSAD (bâtiment de soutien et d’assistance à la dépollution). En station dans l’arsenal de Brest, il doit appareiller à la demande du préfet maritime dans un délai contractuel. En matière de lutte contre la pollution, il a déjà effectué plusieurs opérations majeures dont celle du Prestige. Il peut être utilisé comme navire récupérateur d’hydrocarbures, comme dans le cas du Rokia Delmas. Il dispose à cet effet de cuves pouvant recevoir jusqu’à 500 m3 de pétrole. Il est également équipé d’un sweeping-arm, un bras récupérateur de nappes de pollution. Il peut également mettre en œuvre le système Transrec 250, un système de pompage utilisant une pompe hydraulique qui aspire le mélange eau-hydrocarbures. Mais il n’est pas cantonné à ces missions. Il a, par exemple, été mobilisé sur des opérations de récupération de conteneurs et a également des capacités de remorquage, avec une traction au point fixe de 64 tonnes. Avant son affrètement comme navire antipollution, l’Alcyon était un AHTS (anchor handling tug supply), un releveur d’ancre, spécialisé dans le ravitaillement et le remorquage des plates-formes offshore. Construit en 1982 aux CMN de Cherbourg, il mesure 53 mètres de long, 13 mètres de large et a un tirant d’eau de 4,50 mètres. Il est équipé de deux moteurs Bergen, développant chacun 2 640 ch. Son sister-ship, l’Ailette, est affrété par la Marine nationale à Toulon. C. B. « TRICOLOR » : AUTRE CHANTIER DE GRANDE AMPLEUR e chantier du Rokia Delmas s’annonce d’ors et déjà long et techniquement ardu. Ce n’est néanmoins pas une première pour les services de l’action de l’État en mer. En effet, le chantier du Tricolor avait nécessité un an de travaux. Le Tricolor était un roulier norvégien qui avait été abordé par le porte-conteneurs Kariba dans le détroit du Pas-deCalais le 14 décembre 2002. À la suite de la collision, il avait coulé en trente minutes. Le préfet maritime de la Manche - mer du Nord avait alors mis en demeure l’armateur de faire cesser tout danger pour la navigation et l’environnement. C’est la société néerlandaise Smit, qui intervient aujourd’hui sur le Rokia Delmas, qui a été désignée pour mener les opérations de sauvetage. Celle-ci a achevé le pompage des cuves en février 2003. La ques- L tion de l’épave s’est alors très vite posée, le Tricolor reposant sur des petits fonds dans une zone ultra-fréquentée. Un incident est d’ailleurs rapidement survenu puisque. À peine quinze jours après le naufrage, le 1er janvier 2003, le pétrolier turc Vicky était entré en collision avec l’épave. Pour remédier à cette situation, l’armateur Wilhelmsen a passé un contrat avec un consortium, dans lequel se trouvaient Smit et d’autres sociétés de sauvetage, chargé de procéder au découpage de l’épave. Le chantier, d’une rare complexité, a commencé en juillet 2003. Les 190 mètres du Tricolor ont été découpés en tranche, puis relevés au fur et à mesure pour être acheminés à Zeebrugge. L’opération, stoppée durant l’hiver, s’est terminée en juillet 2004. C. B. Avant son affrètement comme navire antipollution, l’« Alcyon » était un releveur d’ancre, spécialisé dans le ravitaillement et le remorquage des plates-formes offshore. Vendredi 3 novembre 2006 Alain Le Duff

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