journal Le marin - N°3161 - 8 février 2008 - (Page 9)

littoral Natura 2000 Six zones stratégiques en Nord - Pas-de-Calais - Picardie trans sableux et vaseux, avec une forte représentation d’habitats remarquables (herbiers de zostères, bancs de maërl, ridins au large de Boulogne, dunes hydrauliques, champs d’algues). Vivent et se reproduisent là bien des poissons amphihalins (aloses, lamproies, saumons…) mais aussi des mammifères (veaux marins, phoques gris ou marsouins). Côté oiseaux, les dunes des Flandres abritent des sites d’alimentation pour les sternes naines ou caugeks et les mouettes mélanocéphales, tandis que les caps Gris-Nez et Blanc-Nez constituent un exceptionnel gîte d’étape pour les migrateurs. En s’appuyant sur les directives européennes « oiseaux » et « habitats », la direction régionale de l’Environnement a donc délimité « six zones stratégiques » qui « recèlent des richesses naturelles, possèdent un écosystème intéressant et font l’objet d’usages », a expliqué Pierre Leca, directeur adjoint de l’Agence des aires marines protégées. L’État souhaite rassurer les usagers de la mer qui craignent la sanctuarisation de ces zones, comme Jean-Claude Terrier, directeur du port autonome de Dunkerque, inquiet pour l’immersion des boues de dragage et l’approfondissement des chenaux du port, ou le président du comité régional des pêches, vigilant sur l’accès des ﬂottilles à leurs lieux de pêche familiers. « Nous allons inventorier les pratiques humaines et mesurer leurs impacts, a poursuivi Pierre Leca. Mais, d’entrée de jeu, il convient de préciser que certaines activités, comme la pêche, ne sont pas considérées comme perturbantes. » Benoît LOBEZ Un nouveau parc naturel marin Manche-est Benoît Lobez Le réseau Natura 2000 en mer (« le marin » du 11 janvier) pourrait se traduire, en Nord - Pas-deCalais - Picardie, par la délimitation de six zones stratégiques, a expliqué le préfet maritime de Manche - mer du Nord, lors de la première réunion de concertation, le 1er février, à Boulogne. Cette façade recouvre une zone marine particulièrement riche, constituée de baies abritées ou de littoraux rocheux exposés, d’îles, de larges es- L’estuaire de l’Authie héberge le minuscule port de la Madelon, l’un des plus petits de l’hexagone. nal ofﬁciel. « Durant 2 ou 3 ans, précise Geneviève Rousseau, directrice adjointe de l’Agence des aires marines protégées, deux à quatre personnes travailleront à cette création. » La plaine maritime picarde et ses trois estuaires forment déjà un espace naturel aussi vaste que la Camargue, essentiel tant pour la migration des oiseaux que pour le renouvellement de la ressource halieutique. Dans la continuité de ce site Ramsar (convention mondiale sur la préservation des zones humides) bientôt inscrit par l’Unesco au patrimoine de l’humanité, le parc proposera une nouvelle gestion concertée de la mer. B. L. La direction régionale de l’Environnement a retenu deux sites au titre de la directive « oiseaux », quatre pour la directive « habitats ». La France pourrait bien compter un parc naturel marin au large des côtes du Pas-de-Calais et de la Somme. Le périmètre retenu engloberait le domaine public maritime des estuaires de trois ﬂeuves côtiers, la Canche, l’Authie et la Somme. L’idée avait été évoquée lors du premier colloque français sur les aires marines protégées (« le marin » du 30 novembre) à Boulogne. La procédure vient d’être ofﬁciellement lancée. Le ministre de l’Environnement, du Développement et de l’Aménagement durables, JeanLouis Borloo, a en effet signé, lors du conseil national du littoral du 31 janvier, l’arrêté désignant une mission d’étude, arrêté qui n’a pas encore été publié au Jour- LES PÊCHEURS NORMANDS EN REDEMANDENT a concertation en vue de la mise en place, ﬁn juin, d’un réseau Natura 2000 en mer pour la partie normande a été lancée au Havre, le 31 janvier. Face à une centaine d’usagers du littoral Manche - mer du Nord, le préfet maritime, Philippe Périssé, et les services de l’État - les deux directions régionales de l’Environnement et l’agence des aires marines protégées notamment - ont fait preuve de pédagogie et se sont montrés rassurants. « Pas de question de sanctuariser les futures zones ou de les mettre sous cloche », ont-ils martelé. Sur la foi d’études scientiﬁques menées depuis l’été, ils ont également dévoilé les projets de zonages. Les zones de protection spéciales de la directive communautaire « oiseaux » pourraient prendre place, d’ouest en est, au large de Granville et de la côte ouest Cotentin, ainsi qu’au large de Fécamp et en aval de Dieppe. Plus nombreux, les sites répondant à la directive « habitat » se situeraient au large de Granville, au nord de la côte ouest du Cotentin, au large de Barﬂeur, sur la côte est du Cotentin, au sud de l’estuaire de la Seine et au nord de Dieppe. Plusieurs dizaines d’espèces d’oiseaux seraient ainsi concernées mais aussi des poissons comme les aloses, lamproies ou D. R. L saumon atlantique ou des mammifères : le grand dauphin, le marsouin, le phoque veau marin. Coincée dans un timing très tendu, la concertation se poursuivra par diverses réunions, notamment thématiques, mais sera amputée de la période « de réserve » des fonctionnaires liée aux élections à venir. Les rencontres se feront avant pour la Basse-Normandie, après pour la Haute-Normandie. Pendant ce débat, les inquiétudes les plus marquées sont venues du monde portuaire, pour le clapage des boues de dragage en particulier, et des porteurs de projets offshore. « Il faudra une étude d’impact spéciﬁque aux zones Natura 2000 mais plus les sites seront grands, moins les incidences le seront », ont expliqué les autorités maritimes. Quant aux pêcheurs, ils en redemandent. « On réclame le classement de l’estuaire de la Seine en zone Natura 2000 depuis 10 ans. Pourquoi n’avoir retenu que la partie sud ? », s’interroge par exemple Alexis Maheut, président du comité régional des pêches de HauteNormandie. Richard GOASGUEN Natura 2000 à Lorient : le projet sablier hors périmètre. Le projet d’extraction de sables de Lafarge et d’Italcementi, au large de Lorient, se trouve hors des périmètres couverts par la directive Natura 2000. La situation est jugée paradoxale par de nombreux élus locaux, dont ceux de la toute proche île de Groix. Fin janvier, les élus de la région de Lorient et les professionnels de la pêche ont interpellé Laurent Cayrel, préfet du Morbihan, à ce propos. Il leur a répondu que les périmètres ont été proposés par le Muséum national d’histoire naturelle sur les bases de la directive : protection des habitats et de certaines espèces marines. Les espèces travaillées par les pêcheurs sur l’éventuel site sablier ne sont pas prises en compte par la directive. Nitrates : une nouvelle menace européenne. On connaissait le problème de l’excès de nitrates dans l’eau potable en Bretagne, pour lequel la France est sous la menace (suspendue en septembre 2007, avec réexamen à la ﬁn 2009) d’une amende de plus de 28 millions d’euros, assortie d’astreintes journalières de 117 882 euros. Mais, le jeudi 31 janvier, la France a été mise en demeure par la Cour de justice des communautés européennes pour les départements de Vendée, des Deux-Sèvres et de Charente-Maritime. L’arrêt de la Cour constate un manquement de la France aux obligations imposées par la législation européenne sur les eaux destinées à la consommation humaine, qui n’a pas pris « toutes les mesures nécessaires » pour mettre un terme à la pollution des eaux potables par les nitrates et, en prime, par les pesticides. Ce jugement ouvre la possibilité à une nouvelle procédure de la Commission européenne contre la France. Corse : le Conseil d’État ordonne la destruction de deux paillotes. Le Conseil d’État a condamné, le lundi 4 février, le propriétaire de deux paillotes de la plage de Verghia, sur la commu ne de CotiChiavari, au sud d’Ajaccio, à « remettre dans leur état primitif les lieux qu’il occupe sans autorisation sur le domaine public maritime ». Pascal Peretti a deux mois pour détruire son restaurant et sa discothèque, pour lesquelles il avait obtenu quatre permis de construire, entre 1973 et 1997. Le golfe du Morbihan, plus grande réserve nationale de chasse et de faune sur le domaine public maritime. Avec l’arrêté d’extension paru au Journal ofﬁciel du jeudi 31 janvier, le golfe du Morbihan est devenu la plus grande réserve nationale de chasse du domaine public maritime. Celle-ci couvre désormais 7 358 hectares, soit tout le golfe à l’exclusion des îles. ➟ ➟ ➟ ➟ Quatre sites ont été proposés au titre la directive « oiseaux » et six pour la directive « habitats ». Vendredi 8 février 2008 D. R.

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