Carrières judiciaires - Entrer à l’ENM - L’épreuve de connaissance et compréhension du monde contemporain - 3e - 260

PARTIE 4 - ÉLÉMENTS DE RÉFLEXION SUR DOUZE SUJETS POTENTIELS

Vous aurez en permanence à trouver l'équilibre, l'équilibre subtil entre l'intimité des
justiciables dont vous aurez pleine connaissance et l'impartialité qui suppose le détachement. Vous ne pourrez être froid, car la justice n'est pas glaciale. Vous ne pourrez
être empathiques, car un juge n'est pas un conseiller. L'auctoritas se gagne pas à pas,
à la différence du pouvoir qui s'investit en un instant. » (Source : ENM)

La question de l'autorité, au cœur de l'actualité à l'ENM
Quels sont les fondements de l'autorité et de la responsabilité ? Comment exercer
l'autorité et la responsabilité ? Et pourquoi ? Ces questions ont été au cœur de l'intervention de Frédéric Gros, qui est intervenu à l'ENM les 12 et 13 mars 2014 sur ce
thème devant les auditeurs de justice.
Cette conférence a clos les enseignements théoriques reçus depuis un peu plus
d'un an à l'ENM.
« Cette intervention vient éclairer et compléter les enseignements relatifs à l'office du
juge, l'acte de juger, à la déontologie et à l'éthique, en apportant un regard philosophique
fondamental sur les notions d'autorité et de responsabilité qui doivent animer tout magistrat », précise Jérôme Hars, animateur du Pôle de formation Humanités judiciaires.
En revisitant l'œuvre des grands philosophes, « Frédéric Gros conduit les auditeurs
de justice à prendre conscience de la dimension existentielle de ces deux notions,
au-delà de la responsabilité civile, pénale ou disciplinaire », ajoute Jérôme Hars.

L'autorité et la responsabilité selon Frédéric Gros
Retranscription de l'interview de Frédéric Gros (source : ENM)
En quoi le public des futurs magistrats est-il particulier ?
Que souhaitez-vous leur apporter en tant que philosophe ?
C'est un public qui a de la fraîcheur et beaucoup d'appétence. J'étudie avec eux les
concepts d'autorité et de responsabilité, qui sont souvent présentés comme des
concepts en crise. Leur examen philosophique permet de dépasser le cadre simplement judiciaire et de poser à travers eux la question du pouvoir. La justice ne reçoit de
la question de la responsabilité qu'une vision partielle. En effet, l'exercice de la justice
suppose qu'on mesure des degrés de responsabilité, comme implication subjective.
Mais l'idée de responsabilité est plus large. Concernant celle-ci, je propose de la
considérer comme une expérience totale et de montrer des points d'accrochage
concrets. Par exemple, être confronté à des personnes sans défense ou fragiles peut
amener à se sentir responsable. Mais la responsabilité, c'est aussi savoir qu'on peut
être confronté à un moment donné à sa conscience, à la loi, à la société... La justice
suppose un tribunal comme espace de travail, mais aussi comme la représentation d'une instance supérieure indéterminée. Cela fait résonner la certitude un peu
archaïque qu'un jour ou l'autre, il faudra rendre des comptes de tout ce qu'on a fait.
Comment apprendre la responsabilité ?
La philosophie kantienne s'est beaucoup interrogée sur ce qui responsabilise : l'une
des réponses est que cela passe par la sanction. Alors bien sûr, l'individu puni réagira
immédiatement par le fameux « ce n'est pas de ma faute »... Pour qu'une peine soit
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http://www.enm-justice.fr/presentation/pedagogie-transversale.php

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