Carrières judiciaires - Entrer à l’ENM - L’épreuve de connaissance et compréhension du monde contemporain - 3e - 261

PARTIE 4 - ÉLÉMENTS DE RÉFLEXION SUR DOUZE SUJETS POTENTIELS

pédagogique, il faudrait faire valoir l'idée suivante : punir, c'est toujours reconnaître en
même temps la dignité de celui qu'on punit. Au fond, à toujours trouver des excuses
à tout le monde, à considérer que les délinquants ou criminels sont avant tout des
victimes de leur sort, on tombe dans une forme de mépris selon Kant. Pour lui, punir,
sanctionner, c'est élever quelqu'un à la dignité d'être responsable. Ce qui se joue dans
la punition, c'est un rapport à l'individu libre. La responsabilité est également à relier
à la prise d'initiative. Hannah Arendt dit que c'est une seconde naissance : la vraie,
après l'apparition purement physique d'un être. Cette seconde naissance correspond
au moment où il faut faire son apparition dans le monde des Hommes. Pour cela,
il faut oser prendre des initiatives, ce qui demande du courage. Cela implique une
exposition publique. On pourrait résumer les choses ainsi : « j'agis publiquement, donc
je suis ». S'exposer relève d'une certaine responsabilité. Sinon, on subit.
Les futurs juges connaîtront justement cette exposition...
Oui bien sûr, d'autant plus qu'ils sont les représentants d'un ordre qui les dépasse.
Ils sont dépositaires d'une autorité. À travers le juge, on respecte une certaine organisation sociale.
Apprend-on également l'autorité ?
L'autorité est une forme de pouvoir, qui passe par la reconnaissance de celui qui
obéit. Ce n'est pas du rapport de force ou de la violence. Un pistolet braqué sur la
tempe, ce n'est pas un rapport d'autorité mais de contrainte. Vous obéissez, mais
sans reconnaître la légitimité du donneur d'ordre.
L'autorité au contraire suppose cette reconnaissance, ce qui suppose son exemplarité
pour qu'on puisse lui accorder crédit.

Adopter une position d'autorité, une qualité attendue d'un magistrat
de l'ordre judiciaire ?
Oui ! Il s'agit même de l'une des 13 capacités fondamentales attendues d'un magistrat,
énoncées par l'École nationale de la magistrature : « Capacité du magistrat à adopter
une position d'autorité ou d'humilité suivant les circonstances » (voir, par exemple,
Philippe Astruc, Devenir magistrat aujourd'hui, La Gazette du Palais, 2010, p. 42).
 Le rappeler en introduction devrait vous permettre de gagner quelques points...
et la bienveillance de vos deux lecteurs préférés le jour J !
Qui s'en plaindrait ?

Connaissez-vous vos classiques, pour « éblouir » vos correcteurs ?
« Que veux-tu que je fasse contre l'autorité d'un père ? », Molière, L'Amour médecin, I, 4.
« De là nous pouvons juger que la première idée de commandement et d'autorité
humaine, est venue aux hommes de l'autorité paternelle. », Bossuet, Politique tirée
des propres paroles de l'Écriture sainte, t. XXIII.

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