Mémentos LMD - Les institutions de la Ve République 2017-2018 - 10e - 95

CHAPITRE 4 - Les rapports entre les deux têtes de l'exécutif

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1) La relation de confiance entre le chef d'État et le chef de gouvernement
Cette relation se manifeste au moment de la nomination du Premier ministre et pendant
l'exercice de ses fonctions. Sous la Ve République, en application de l'article 19 de la
Constitution, le chef de l'État nomme, sans contreseing, le Premier ministre. Il a pour
seule contrainte, conformément à la logique du régime parlementaire, de choisir une
personnalité soutenue par la majorité parlementaire (même si « l'investiture » n'existe
plus, la vérification du soutien des députés, préalablement à l'entrée en fonction du
gouvernement, n'étant plus que facultative, v. Chapitre 7).
En situation de concordance des majorités, il choisit donc librement la personnalité qui le
secondera. Dans la perspective d'un partenariat politique, il peut décider de faire appel à
l'un de ses proches, dont il est assuré de la loyauté.
Exemple

Pour pouvoir mettre en œuvre efficacement leur programme dès le début de leur mandat,
les Présidents De Gaulle, Mitterrand, Chirac, Sarkozy et Hollande choisirent un partenaire
de confiance en la personne, respectivement, de Michel Debré (1959), Pierre Mauroy
(1981), Alain Juppé (1995), François Fillon (2007) et Jean-Marc Ayrault (2012).
Mais il peut aussi préférer s'adjoindre le leader d'un autre courant de la majorité, afin
d'élargir son assise, si le contexte politique le justifie.
Ainsi, après son élection en mai 1974, Valéry Giscard d'Estaing décida de nommer au
poste de Premier ministre le leader gaulliste Jacques Chirac, qui l'avait soutenu dans sa
conquête de l'Élysée. De même, en 2017, dans un contexte inédit, Emmanuel Macron,
proche des socialistes, choisit Édouard Philippe, issu du camp « Les Républicains, afin
d'élargir sa base et de construire une majorité centriste d'idées.

Il peut aussi faire appel à un spécialiste, dont les compétences techniques ou la
connaissance des rouages de l'administration prévalent sur l'expérience politique ou
sur la légitimité électorale.
Exemple

En août 1976, Valéry Giscard d'Estaing décide ainsi de nommer Raymond Barre qu'il
qualifie de « meilleur économiste de France ». Comme lui, d'autres Premiers ministres,
tels Georges Pompidou (1962) ou Dominique de Villepin (2005) n'étaient pas titulaires
d'un mandat parlementaire.

À ce jour, Laurent Fabius fut le plus jeune Premier ministre français (âgé de 37 ans lors de
sa nomination en juillet 1984). Par ailleurs, on remarquera que les qualités requises d'un
Premier ministre seraient, semble-t-il, essentiellement l'apanage des hommes : une seule
femme, Édith Cresson, a été nommée à ce poste (entre mai 1991 et avril 1992)... !
Remarque : en période de cohabitation, la marge de manœuvre du président est
réduite, puisque la situation politique lui impose de nommer au poste de Premier
ministre le leader désigné par la majorité parlementaire.
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